Dynamique Unitaire dézingue le despotisme du projet de constitution et appelle à voter « non »
Pourtant soutien du CTRI, la confédération syndicale Dynamique Unitaire (DU), par la voix de son président par intérim, Roger Ondo Abessolo, a exprimé, lors d’une conférence de presse tenue le 3 novembre à Libreville, son rejet catégorique du projet de constitution proposé au référendum le 16 novembre. Selon ce puissant regroupement de la société civile gabonaise, ce projet renforce des tendances despotiques et consolide les pouvoirs du président de la République au détriment des équilibres institutionnels nécessaires.
Pour Roger Ondo Abessolo, « ce projet de constitution consacre un super-président, sans réel contre-pouvoir, avec le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale sans réciproque ». Il souligne que ce déséquilibre entre les pouvoirs risque de perpétuer les abus observés sous les régimes précédents, rappelant les atteintes aux droits humains subies par les syndicalistes de DU et l’ingérence persistante du pouvoir exécutif sur le judiciaire.
Récapitulatif des critiques formulées :
Points de critique | Description de la critique | Citation de DU |
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Concentration des pouvoirs | Le projet de constitution confère un pouvoir excessif au président de la République, sans réelles contreparties institutionnelles, notamment vis-à-vis du Parlement. | « Ce projet consacre un super-président… sans réel contre-pouvoir » |
Absence de séparation des pouvoirs | DU déplore un déséquilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, compromettant l’indépendance de la justice et favorisant les abus de pouvoir. | « Ce projet trahit les aspirations démocratiques et sociales du peuple gabonais » |
Irresponsabilité présidentielle | Le président n’est pas tenu responsable devant le Parlement, et seul le vice-président peut être interpellé, empêchant toute cohabitation en cas de majorité d’opposition | « Le président de la République est érigé en despote… » |
Contrôle limité du Parlement | Les missions du Parlement sont réduites au vote des lois, limitant son rôle de contrôle, notamment face aux pouvoirs exécutifs et judiciaires. | « Les missions de contrôle du Parlement disparaissent » |
Dépendance du pouvoir judiciaire | Le président dirige le Conseil supérieur de la magistrature, ce qui maintient le judiciaire sous influence directe de l’exécutif. | « La séparation des pouvoirs est oblitérée » |
Ressources naturelles | Absence de garanties pour les droits des communautés locales sur leurs terres et ressources, ouvrant la porte au pillage économique. | « Il aurait été judicieux de consacrer l’exclusivité de ces ressources aux communautés locales » |
Implication de l’amnistie | DU s’inquiète de l’amnistie pour les acteurs des événements récents, craignant une impunité pour d’éventuels crimes financiers et humains. | « Il y a risque de confection d’une liste interminable d’amnistiés » |
Réduction du rôle de la société civile | Bien que reconnue, la société civile est insuffisamment intégrée pour influencer réellement les processus de décision nationaux. | « Quelques avancées, mais… insuffisantes face à une gouvernance fragilisée » |
Mobilisation pour le rejet | DU appelle au rejet de ce projet de constitution pour préserver l’intégrité démocratique et l’équilibre institutionnel du pays. | « Rejeter ce projet, c’est refuser de revivre les abus du passé » |
Le leader syndical a insisté sur l’importance d’une séparation effective des pouvoirs pour garantir l’État de droit : « La constitution, c’est l’épine dorsale d’une gouvernance démocratique, et ce projet l’ébranle en établissant un président de la République au-dessus des lois ». Ondo Abessolo déplore en particulier l’absence de responsabilité du président devant le Parlement, rendant impossible une cohabitation politique même en cas de victoire législative de l’opposition.
Par ailleurs, la question des ressources naturelles constitue un autre point de discorde. DU regrette l’absence de dispositions garantissant aux communautés locales les droits exclusifs sur leurs terres et ressources, qui, selon le syndicat, devraient être consacrés dans le texte. « Le retrait de l’article qui conférait l’exclusivité de ces ressources à l’État est une avancée, mais il manque une reconnaissance claire des droits des communautés, ce qui expose nos ressources à un pillage économique à peine masqué », a souligné le président de DU.
Le texte constitutionnel comprend quelques progrès, tels que la limitation des mandats présidentiels et la reconnaissance de la société civile, mais pour DU, ces avancées sont insuffisantes face à une « colonne vertébrale institutionnelle » fragilisée. « Il n’y a pas de place pour des demi-mesures lorsque l’intégrité de notre gouvernance est en jeu », a déclaré Ondo Abessolo, affirmant que la forme actuelle du projet « trahit les aspirations démocratiques et sociales du peuple gabonais ».
Ainsi, DU appelle les citoyens inscrits à se mobiliser et à voter « non » lors du référendum. « Rejeter ce projet, c’est refuser de revivre les abus du passé, c’est un acte de dignité envers notre État et nos droits », a affirmé le syndicat, ajoutant que ce vote « non » doit offrir une opportunité de refonte pour un texte qui honore pleinement les aspirations démocratiques et économiques des Gabonais.
Avec cette prise de position, DU s’inscrit dans une démarche qu’elle qualifie d’« humaniste et citoyenne », visant à garantir des fondements constitutionnels solides. Le syndicat assure rester disponible pour collaborer avec d’autres organisations de la société civile en vue de mobiliser le plus largement possible pour contrer ce projet. « Nous lançons un appel à tous les partisans du ‘non’ pour qu’ils rejoignent notre mouvement, car il en va de l’avenir de notre nation », a conclu Roger Ondo Abessolo.
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