Dr Patricia Sylvie Essonghé, une amoureuse de la transmission et de la communication
L’histoire de la littérature et de la civilisation africaine est intrinsèquement rattachée à l’oralité mais aussi a une forme d’écriture artistique et scripturale qui n’est en rien similaire à celle utilisée par les occidentaux et qui fut imposée au fil des années aux populations autochtones afin de les contraindre, autant que faire se peut, à adopter un nouveau système de communication et un langage étranger au leur. Pour connaître et vulgariser le récit de leurs identités culturelles, des générations entières d’africains ont été, à l’opposé de leurs ascendants, formés dans des « Temples du savoir » structurés.
Au Gabon, nombreux sont les autochtones à s’être intéressés à l’ensemble des traits qui caractérisent l’état ancestral des habitudes et des comportements de la terre sur laquelle ils naquirent. Mais c’est bien dans des lieux d’études conventionnellement occidentaux que plusieurs de nos concitoyens ont été initiés aux savoirs et aux modes de transmission de ceux-ci. L’oralité et la codification étant le système africain par excellence de l’émission de la connaissance, une science humaine du nom de sémiotique se rapporte parfaitement à ce procédé.
Dispositif étudiant le processus de la signification précisément la production, la codification et la communication de signes, la sémiotique est une discipline nécessaire dans l’étude des sciences humaines notamment dans l’histoire des peuples en général et de l’Afrique en particulier. Patricia Sylvie Essonghé en était une adepte et en pratiquait la pédagogie. Voici son histoire.
Naissance
C’est dans la province de la Nyanga précisément dans le chef-lieu de cette circonscription territoriale du Gabon, Tchibanga, que naît Patricia Sylvie Essonghé au courant du mois de décembre 1970.
Parcours scolaire
Bien que née dans le sud-est du Gabon, c’est dans la capitale économique gabonaise en l’occurrence Port-Gentil que Patricia Sylvie Essonghé fit ses études. Elle fut d’abord envoyée à l’école catholique « Saint-Louis » pour y faire son primaire. Après l’obtention de son Certificat d’études primaires (CEP) à « Saint-Louis », la jeune Patricia poursuivit ses études secondaires au Collège et lycée Raponda Walker (CLRW), établissement secondaire de renom de la ville de Port-Gentil. Elle y décrocha son baccalauréat en 1990. Après l’obtention de son baccalauréat, Patricia Sylvie Essonghé rejoint Libreville, la capitale de son cher pays pour continuer ses études.
Patricia Sylvie Essonghé s’inscrivit à l’Université Omar Bongo (UOB) notamment au département des « Lettres modernes » en 1990. Brillante et appliquée, Patricia Sylvie Essonghé en sortira titulaire d’une maîtrise en « Lettres modernes » en 1995 après un parcours sans échec aucun. Elle s’envola ensuite pour l’Hexagone pour poursuivre ses études de troisième cycle. Direction l’université de la ville de Limoges située dans le Centre Sud-Ouest de la France. Elle y obtiendra un Diplôme d’études approfondies (DEA) en sémiologie et un doctorat nouveau régime en littérature et civilisation africaine. Elle décrochera aussi un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en stratégie de la communication.
En 2015, Patricia Sylvie Essonghé devient maitre-assistante, titularisation obtenue après que le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) ait validé sa demande d’aptitude à la suite de plusieurs publications scientifiques.
Carrière professionnelle
Alors qu’elle est étudiante en France, Patricia Sylvie Essonghé travaille de 2002 à 2003 au groupe de presse magazine « Groupe Marie Claire » et est chargée de la rédaction junior. De 2002 à 2003, elle est chargée du cours de français et de communication des entreprises et des organisations dans une école supérieure de communication française en qualité d’enseignante-chercheuse.
Quand elle rentre au Gabon en 2005, elle est engagée par la Société d’exploitation du Transgabonais (SETRAG) en tant que responsable de la communication interne. Elle occupera cette fonction jusqu’en 2007.Par ailleurs en 2005, elle est recrutée par l’Etat gabonais au titre d’enseignante-chercheuse et en freelance, elle propose des conseils en conception, développement et innovation de communication interne des entreprises et des organisations.
De 2006 à 2012, elle dispense de cour de français et de communication des entreprises et des organisations au sein de l’Institut des hautes études de management (IHEM). De 2008 à 2012, le ministère de la réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique fait appel ses compétences pour en être la conseillère chargée de la communication notamment au niveau des relations avec les médias /MC événementiel officiel et chargée de la conception en stratégie média.
En 2012, elle est chargée du corps diplomatique, des grandes entreprises et des institutions et organismes internationaux en qualité de conseillère, cheffe de cabinet de la présidence de la République. En 2017, elle se rendra en France à l’Université de Lyon pour y effectuer un stage de préparation de l’habilitation à diriger des recherches (HDR).
Carrière d’enseignante-chercheuse
Durant l’année 2005, Patricia Sylvie Essonghé revient au Gabon nanti d’un Diplôme d’études approfondies (DEA) et d’un doctorat en littérature et civilisation africaine spécialisée dans la sémiotique. Elle se lance à la quête d’un emploi dans le domaine de l’enseignement supérieur pour y être professeur. Elle est alors recrutée par l’Etat gabonais pour grossir les rangs des enseignants de l’Université Omar Bongo (UOB).
Ce qui lui ravit car la transmission a toujours été une passion omniprésente dans sa vie et la pédagogie est en le parfait homonyme. Elle fut d’abord enseignante-chercheuse chargée des cours de sémiotique, des cours de communication des entreprises et des organisations et ceux de littératures africaines. Elle fut aussi au sein de l’UOB chargée de littérature et des arts, de littérature et des médias, de l’encadrement des étudiants niveau Licence et Master.
Patricia Sylvie Essonghé était aussi chargée des recherches sur la littérature, les arts et les médias. Ses méthodes de travail et la pertinence de son enseignement mêlé d’une qualité indéniable ont forgé la légende de celle dont les corps professoral, enseignant et estudiantin appelait affectueusement « Patou ». Le Dr Patricia Sylvie Essonghé rappelle à chacun de ses passages dans les amphithéâtres de l’UOB que la transmission est le pilier primordial d’une civilisation et que les différents peuples à travers le monde n’auraient pas eu de traces historiques si l’héritage culturel n’avait pas été légué par les moyens divers et variés que possédaient chaque société traditionnelle. Ses pratiques de transmission furent les mêmes même au sein de l’IHEM où elle dispensa des cours durant six ans notamment de 2006 à 2012.
Œuvres
En 2005, Patricia Sylvie Essonghé soutient sa thèse de doctorat en littérature francophone en France dans la ville de Limoges sous la direction de Claude Filteau qui a eu à conduire pas moins de trente thèses. C’est la première production littéraire de Patricia Sylvie Essonghé intitulé « Les figures du sacré dans le roman africain francophone de 1935 à 1938 : de l’oraliture à l’oralisation : approches herméneutiques et sémiotique" (littéraire).
Elle publiera ensuite plusieurs articles scientifiques dans les revues de l’Université Omar Bongo (UOB) et celles de l’Ecole normale supérieure (ENS). En 2010 paraît une œuvre du nom de « Laurent Owondo, une écriture optimiste : Rhétorique du sens dans Au bout du silence » écrite par un collectif d’auteurs gabonais dont Patricia Sylvie Essonghé. Au courant du mois de novembre 2011, Patricia Sylvie Essonghé pond un article scientifique du nom de « Pour une sémiotique de l’ivresse amoureuse dans la ‘femme sirène’ d’Irène Dembé ». Elle en aura d’autres à son actif.
Disparition
Patricia Sylvie Essonghé décède en France d’une courte affection médicale dans la commune de Roanne appartenant au département de la Loire le 16 mai 2021. Au sein de l’Université Omar Bongo où elle a transmis ses connaissances pendant une quinzaine d’années, un hommage lui fut organisé le 4 juin 2021 par l’ensemble de la communauté de ladite université à savoir le rectorat, le corps enseignant et estudiantin.
@info241.com