Liberté de la presse

Aux mains d’hommes politiques, les médias de Port-Gentil condamnés au diktat du PDG ?

Aux mains d’hommes politiques, les médias de Port-Gentil condamnés au diktat du PDG ?
Aux mains d’hommes politiques, les médias de Port-Gentil condamnés au diktat du PDG ? © 2021 D.R./Info241

Trois chaines de radios et télévisions privées dans une petite ville d’environ 150 000 habitants, est un élément qui permet d’entrée de jeu, d’affirmer que Port-Gentil est très bien garnie en la matière. Outre la radio et la télévision, on y trouve également des bureaux de l’Agence gabonaise de presse (AGP) et du quotidien national l’Union. Mais également l’antenne provinciale de Radio Mandji et des correspondants des journaux en ligne et d’autres hebdomadaires indépendants qui écument les rédactions de la ville même s’ils se font discrets pour éviter d’être stigmatisés.

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Au niveau des chaînes de radio et télévision locale, telles que Top Bendjé, Canal Delta ou encore Média+, les conditions ne permettent pas très souvent aux journalistes, le plus souvent formés sur le tas pour certains, de travailler en toute liberté et impartialité. Le premier problème, le point focal de cette situation, est que les promoteurs ou propriétaires de ces chaînes de radio set de télévisions précitées sont pour la plupart, des hommes politiques influents.

Le diktat des lignes politiques imposées aux médias

De ce fait, travailler pour un média appartenant à une homme politique oblige les journalistes à avoir une certaine ligne dans le choix des informations à traiter avant diffusion. Exemple très simple, il serait très difficile par exemple de voir un journaliste d’une chaîne dont le propriétaire serait au PDG (Ntchango ou Éssonghé) de venir sur le plateau et de critiquer le parti au pouvoir. « Pour certains, ils ne peuvent jamais le faire. Et ce n’est jamais arrivé ce genre de chose. Tous mange PDG », reconnait Thomas Bibang, un Port-gentillais.

Les réfractaires qui se sont aventurés dans ce sens ont été très vite écartés. Du côté de Top Bendjé, chaîne de la famille Ndaot, par exemple, l’opposant modéré d’Ali Bongo y règne en maître absolu. Lorsque l’homme fut encore dans dans l’opposition véritable, vindicative et virulente, les journalistes de sa chaîne privée avaient pour obligation que de traiter les informations relevant de son bord politique. Ce qui plaisait aux téléspectateurs qui semblaient s’y retrouver.

Une presse aux ordres de mécènes politiques

À cette époque, ils étaient d’une virulence qui ne disait pas son nom. Cette décadence du paysage médiatique dans la ville du sable profitait à tout le monde. Ainsi les militants du PDG allaient se ressourcer à Canal Delta ou à Média+. Et ceux de l’opposition radicale, s’abreuvaient doucement à Top Bendjé. « Tous ces hommes là ont choisi les Bongo. Donc c’est mieux de regarder nos chaînes internationales, là-bas on a moins mal à la tête d’écouter des choses qui nous fâchent. Avant c’était bien. Aujourd’hui c’est du n’importe quoi. Ndoat est avec eux, Ntchango pareil, Essongué c’est même pas la peine. Donc comprenez », se lamente un autre téléspectateur.

Depuis son basculement à la majorité présidentielle, ces travailleurs ont été très vite transformés en thuriféraires. Les causes ont les connait, les trois chaînes sont donc devenues des caisses de résonnance du pouvoir en place et les responsables y veillent au grain comme du lait sur le feu. « Chaque jour au journal, ce sont les actions du gouvernement qui passent. Ce qui n’était pas le cas pour certaines chaînes. Elles sont guidées par le profil des Bongo. C’est tout ! », conclut Bienvenue Mitogho.

Il faut donc dire que certaines rédactions sont devenues des Prisons break où les journalistes construisent eux-mêmes des forteresses pour éviter d’aller échouer sur celles de leurs promoteurs. Et pour finir, le recul de la liberté de la presse à Port-Gentil, capitale économique n’est pas irrémédiable à condition qu’il y ait une véritable volonté forte d’aller dans une toute autre direction afin de faire entendre à ces hommes politiques que ce métier est un métier libéral.

@info241.com
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