Affaire des « cafards » : la défense de Jean Ping s’étonne de la sortie médiatique du procureur
L’affaire dite des « cafards » est loin d’avoir fini de nourrir l’actualité politico-judiciaire gabonaise. Mardi, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Libreville, Steeve Ndong Essame Ndong, tenait un point de presse mettant en demeure Jean Ping à comparaître en personne au procès dont les débats n’ont jusque-là pas débutés. Hier le tour est revenu aux avocats de l’accusé de s’étonner de cette sortie médiatique du ministère public et de rappeler la présomption d’innocence dont bénéficie pourtant leur client.
L’affaire des "cafards" promet d’être clairement électrique à quelques deux mois de la présidentielle. Après Steeve Ndong Essame Ndong dont la sortie médiatique a surpris plus d’un, le tour est revenu hier aux avocats de l’ancien président de commission de l’Union africaine, Jean Ping, d’offrir leur droit de réponse à cette sortie du parquet.
Les maîtres Jean Rémy Bantsantsa et Eric Iga Iga, lors de leur point de presse, ont marqué leur étonnement quant à "la sortie médiatique de monsieur le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville ce mardi 21 juin 2016 sur la première chaîne de la télévision nationale".
Sur la convocation policière du 3 juin
Les avocats du candidat à la présidentielle gabonaise, Jean Ping, ont tenu à expliquer la non présence de leur client à la convocation du 3 juin dernier de la police judiciaire. Celle-ci "a été déposée sous pli fermé à la guérite du domicile de M. Ping sans aucune autre indication". Et de s’interroger : "pourquoi des officiers de police judiciaire, dans le cadre de leur mission normale, ne se sont pas donné la peine de remettre la convocation à monsieur Ping en mains propres et lui indiquer clairement l’objet de cette invitation ?".
Cette convocation judiciaire ne serait plus d’actualité vu que "les plaignants ont décidé d’utiliser la voie de la citation directe par voie d’huissier pour poursuivre M. Ping des faits de troubles à l’ordre publique, incitation à la révolte, à la haine et à la désunion des citoyens", ont conclu les avocats.
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Sur l’audience du 17 juin
S’agissant de la citation à comparaître à l’audience du 17 juin, les avocats ont rappelé que cette audience "était consacrée uniquement à la fixation du montant de la provision à payer par la partie civile et que les débats au fond n’interviendront qu’après accomplissement de cette formalité. Autrement dit cette audience a permis aux avocats de toutes les parties de se constituer pour leurs clients et de prendre connaissance du montant de la provision fixée par le tribunal.Uniquement cela et sans débat".
C’est pourquoi l’absence de M. Ping mais également celle des parties civiles que sont le Gouvernement de la République et M. Ali Bongo Ondimba poursuivent-ils, "n’avaient aucune incidence sur le déroulement de cette audience. Prenant acte de cette posture uniquement à charge du parquet de la République, la défense de M. Jean Ping veillera à ce qu’il bénéficie d’un procès équitable ainsi que le rappelle l’article 10 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose que « toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle »"
D’où l’étonnement des avocats de Jean Ping devant cette mise en demeure qualifié de non nécessaire "au stade actuel de la procédure de citation directe par voie d’huissier". Et de rappeler que les faits imputés à leur client, "seront débattus de manière contradictoire devant le tribunal correctionnel" et qu’il revient uniquement au tribunal correctionnel de juger de la culpabilité ou non de Jean Ping.
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Et de conclure : "Il est curieux de constater que le parquet de la République qui fait fi du principe de la présomption d’innocence, s’acharne sur monsieur Ping, le condamne déjà en lieu et place du tribunal et se préoccupe même de l’exécution des « jugements prononcés en son absence. Il ne s’agit par pour nous de dénier au parquet de la République ses prérogatives de garant de l’ordre public mais plutôt de préciser qu’il est tout aussi gardien des libertés individuelles »".
La déclaration des avocats de Jean Ping
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