Brice Laccruche Alihanga décrit les travers de la république « familiale » du régime d’Ali Bongo
Après près de 4 années passées en prison, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga (BLA), continue de révéler les secrets du régime Bongo. Dans une interview publiée ce 31 janvier dans les colonnes de Jeune Afrique, il y décrit les dessous du règne d’Ali Bongo, marqué par un train de vie « démentiel », l’omniprésence de Sylvia Bongo et la mainmise du trio familial Ali-Sylvia-Noureddin sur l’ensemble des décisions dans le pays.
Le Gabon revient véritablement de loin avec le régime mis en place par la famille Bongo qui a régné durant 56 ans sur la vie économique et politique de nombreuses générations de gabonais, dont le coup de libération du 30 août dernier a sonné le glas de l’hégémonie demi centenaire. Dans une longue interview accordée à Paris le 29 janvier et publiée ce mercredi par Jeune Afrique, Brice Laccruche Alihanga (44 ans) révèle tout du climat qui prévalait au sommet de l’État durant l’ère Ali Bongo.
Un gang familial à la vie dispendieuse payée par le contribuable
On y apprend que la famille "présidentielle" avait un "train de vie démentiel" qu’elle faisait entièrement supporter par les caisses de l’État. Sylvia Bongo faisait notamment voyager ses chiens par jet privé, le tout aux frais du contribuable. Et les plans de redressement économique, notamment avec le FMI, n’étaient conçus que pour sauver les meubles du règne d’une famille au train de vie dispendieux, pendant que le reste des citoyens manquaient de tout ou étaient toujours invités à se serrer la ceinture.
Sylvia Bongo et son fils prodigue
"J’ai rapidement découvert un système de captation des ressources, de relations entre familles, de réseaux obscurs (...) Un système bien huilé, à l’époque déjà vieux d’un demi-siècle, et qui se protège de tout élément déviant, surtout s’il se sent en danger", a-t-il relevé pour décrire le système Ali Bongo. "Au sommet de la hiérarchie, le couple Ali et Sylvia Bongo Ondimba exerçait un contrôle total. La famille présidentielle, au sens nucléaire du terme, était à l’origine de toute décision, qu’elle soit politique, financière ou sécuritaire", a-t-il ajouté.
Une république familiale
Le Gabon était ainsi une république familiale, celle du trio formé par Ali Bongo, sa femme et son fils aîné. Durant les jours qui ont suivi l’AVC d’Ali Bongo, il aura eu pour mission avec d’autres de préserver "un équilibre précaire par crainte d’une effusion de sang, d’autant que certains sécurocrates étaient déjà dans une optique de terre brûlée". Car relève-t-il, lui y compris, "Au Gabon l’intérêt prime la raison, surtout dans les cercles influents de l’État. Je le regrette, et j’ai payé très cher ces erreurs".
Ali Bongo et son épouse avant leur chute
Au sommet de cette pyramide de prédateurs, "Sylvia Bongo a toujours eu un réel ascendant sur le reste de sa famille". Présentée comme "paranoïaque voire bipolaire", c’est elle qui faisait la pluie et le beau temps du régime. Elle avait dans son "projet de confiscation du pouvoir" après les ennuis de santé de son mari, son fils comme "élément central de sa stratégie". C’est dans cet objectif que Noureddin Bongo Valentin avait été nommé coordinateur des Affaires présidentielles au lendemain de l’incarcération de BLA en décembre 2009.
Le tournant
Sur l’incarcération de Sylvia Bongo et de son fils aîné, BLA n’a pas manqué de faire remarquer : "Ces personnes ont toujours vécu dans l’opulence, aux dépens du peuple gabonais. Elles peuvent donc se sentir « torturées » ou « malheureuses » parce qu’elles sont privées de leur cadre de vie, et notamment de leurs somptueuses maisons". S’il dit avoir trouvé Dieu en prison, il a littéralement nié sa culpabilité dans tous les griefs qui pesaient contre lui notamment les fortes sommes d’argent retrouvé à son domicile.
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