Manifestants tués à Libreville : la police évoque 2 morts mais nie toute responsabilité
On en sait un peu plus sur la nuit meurtrière d’hier. Le commandant en chef des forces de police nationale, Serge Hervé Ngoma, s’est enfin exprimé ce vendredi soir. Dans son communiqué, le patron de la police gabonaise dénonce des « guet-apens » planifiés par les manifestants contre les forces de l’ordre à Libreville. Le haut responsable qui reconnait la mort de deux manifestants pour viol du couvre-feu et trouble à l’ordre publique, a cependant nié toute responsabilité dans ces meurtres. Et annoncé qu’une enquête administrative avait été ouverte.
Le général de brigade Serge Hervé Ngoma a livré ce vendredi la version officielle des évènements meurtriers de jeudi soir, du moins celle des forces de police accusées d’avoir tué par balle deux manifestants à Libreville. Selon le communiqué préenregistré et lu par ce haut gradé, des manifestations en marge du mouvement des casseroles ont emmaillé peu après 20h30 dans les villes de Libreville, Port-Gentil, Lambaréné, Franceville, Mouila et Oyem.
L’intégralité du communiqué de la police gabonaise
« Plusieurs personnes ont violé simultanément le couvre-feu mis en place pour protéger la population contre la pandémie de Covid-19 », a déploré d’entrée le patron de la police. Dénonçant des manifestants « surexcités », Serge Hervé Ngoma indique qu’ils auraient érigé des barricades sur la voie publique entravant la circulation. « Ces agissements sont une violation flagrante du couvre-feu mise en place et engendre de ce fait un trouble manifeste à l’ordre public », a-t-il relevé.
Revenant sur les heurts violents de Libreville, le responsable a indiqué qu’ils ont eu lieu dans les PK et Nyali-Beau séjour. « Les personnes qui ont violé le couvre-feu et dressé les barricades sur la voie publique ont accueilli les forces de l’ordre par des jets de pierre, de cocktails molotov ou encore des barres de fer », s’est justifié le général de brigade. Rejetant toujours la faute sur les manifestants, la police parle de « guet-apens coordonnés » ayant entrainé des blessures chez les forces de l’ordre.
« Dans des circonstances non encore élucidées, deux personnes parmi les contrevenants à Libreville ont subi des blessures par balles et succombé à ces dernières », annonce-t-il sans sourciller. Des décès pour lesquels le responsable de police a tout de même « adressé ses plus sincères condoléances aux familles des deux défunts ». Quant à la responsabilité de la police dans ces assassinats de manifestants, Serge Hervé Ngoma a botté en touche.
Ainsi, aussitôt après ces deux drames, « une enquête administrative a été ouverte, celle-ci est actuellement en cours », a-t-il révélé. Avant de promettre : « S’il s’avère que des fautes ont été commises, ce qui reste à démontrer, elles seront suivant les règles, lois et règlements sanctionnées ». Une version des faits qui interroge tout de même. Si la responsabilité de la police dans ces meurtres est à démontré, qui a donc bien pu tué par balle ces deux manifestants ? Une réponse vivement attendue par les familles endeuillées.
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