Alban Désiré Afene dévoile L’amant de Sangomar, une exploration sans tabou de la sexualité féminine
Écrivain gabonais, lauréat du Grand Prix de la Francophonie aux États-Unis en 2025, Alban Désiré Afene a récemment présenté ses ouvrages à l’occasion d’un café littéraire ayant réuni lecteurs, étudiants, acteurs culturels et amoureux du livre. Placée sous le signe de la promotion de la lecture et du dialogue entre l’auteur et son public, la rencontre a notamment mis en lumière L’Amant de Sangomar, un roman qui aborde la sexualité féminine au-delà des frontières et des tabous sociaux.
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Tenue ce vendredi 18 décembre à Port-Gentil, la rencontre a permis à l’écrivain de revenir sur les thématiques centrales de ses livres, en soulignant une écriture nourrie par les faits de société, l’histoire, la culture et l’engagement. Il a également expliqué les circonstances de rédaction de ses œuvres et les messages qu’il entend transmettre à travers ses récits, essais et recueils, situant l’ensemble dans un parcours qu’il revendique à la fois artistique et réflexif.
Des racines à la conscience sociale : Essona et Lettre à ma rivale
« J’écris depuis 2009, période de la sortie de mon premier roman, Essona, paru aux éditions L’Harmattan. C’est un roman qui questionne le synchronisme de notre identité religieuse. Moi, je suis de ceux qui pensent que nous venons de quelque part et que nos traditions sont à célébrer », a indiqué l’écrivain. Dans cet ouvrage, l’auteur relate l’histoire d’une jeune fille élevée dans un milieu catholique, confrontée à des événements qui la poussent progressivement à renouer avec ses racines traditionnelles.

Autre texte évoqué, Lettre à ma rivale s’intéresse au parcours de femmes devenues « femmes de l’ombre », tchiza ou maîtresses, et aux conséquences sociales qui en découlent, entre stigmatisation et jugements. « Cela ne veut pas dire que c’est bien, allez-y, faites-le. Mais simplement, c’est comprendre la situation de l’autre, même si on ne partage pas la même vision ». Une précision qui résume la démarche de l’auteur : décrire, interroger, sans ériger le propos en plaidoyer.
L’Amant de Sangomar : l’intime comme territoire littéraire
Avec L’Amant de Sangomar, Alban Désiré Afene entraîne le lecteur dans l’intimité sexuelle et émotionnelle de Liliane Ntoma. Lors d’un voyage professionnel à Dakar, elle rencontre Moctar Lamine Sarr, qui s’invite dans la fin de son séjour, mais surtout dans la solitude de son cœur. Loin des regards de Libreville, il devient son amant, et Liliane brise des années de frustrations, ainsi que des barrières religieuses et morales qui l’empêchaient d’aller à la conquête de son propre corps.

En explorant son identité féminine, l’héroïne découvre une sexualité pensée comme une parole possible, une expérience assumée, un espace de reconquête. Le roman se présente ainsi comme une halte audacieuse sur l’infidélité féminine, un sujet rarement abordé frontalement. Dans une société où les règles du « jeu social » entre les genres sont souvent dictées par la gente masculine, l’infidélité féminine heurte un modèle encore largement « mâle-pensant ». L’auteur invite pourtant à en questionner les causes, au même titre que celles de l’infidélité masculine.
Sorcellerie, mémoire et transmission : l’écriture comme enquête
Sans s’en faire l’avocat, Alban Désiré Afene esquisse, à travers le portrait de Liliane, les ressorts intimes et sociaux pouvant conduire à une transgression rarement pardonnée. « En tant qu’homme initié, j’ai entendu beaucoup de choses à dormir debout qui n’ont pas leur place dans ce qui est rationnel. Dans Le ventre de la nuit, on explore la place qu’occupe la sorcellerie dans la société. Quand on observe notre société, on se rend compte que l’on va souvent chercher des réponses dans l’occultisme, quel que soit le problème ».

L’auteur revendique une écriture largement nourrie par l’observation de la société et des expériences humaines, avec l’ambition de susciter réflexion et débat. « Dans le livre Une étrange saison sèche, on parle des événements malheureux de 2016. C’était important d’en parler pour que les gens s’en souviennent, pour que les nouvelles générations sachent ce qui s’est passé », a-t-il lâché.
Une parole directe aux jeunes auteurs
Les échanges avec le public ont constitué l’un des temps forts de la rencontre, autour des choix stylistiques, des personnages, des sources d’inspiration et de la place de la littérature dans la société. « Pour les jeunes qui veulent devenir écrivains, il faut bien choisir sa maison d’édition et être sûr que le contrat va vous accompagner comme il le faut. Moi, je m’autopublie, car ma première maison d’édition ne m’a pas accompagné comme il le fallait », a-t-il confié.
La rencontre s’est achevée par une séance de dédicaces, offrant aux lecteurs l’occasion d’obtenir un exemplaire personnalisé et de prolonger les échanges dans une atmosphère conviviale. À travers cette présentation, Alban Désiré Afene réaffirme son engagement en faveur de la diffusion du livre et de la valorisation de la création littéraire, contribuant au dynamisme culturel local et à la promotion de la lecture auprès du grand public.
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