Torturé et tué au B2 : La famille du soldat Bounda exige justice et dénonce l’opacité judiciaire
Lors d’une déclaration publique empreinte d’émotion ce samedi à Libreville, la famille du militaire gabonais Johan Bounda, second maître de la Marine nationale, a dénoncé les circonstances tragiques de sa mort survenue en décembre dernier dans les locaux de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM, B2), et exigé une justice exemplaire. Le patriarche de la famille, prenant la parole avec gravité, a livré des détails précis et des accusations lourdes, qualifiant cet acte de « barbarie organisée ».
Selon la chronologie exposée par la famille, Johan Bounda a été convoqué le 20 décembre 2024 à son poste de garde au domicile du général Jean Martin Ossima Ndong, secrétaire général du ministère de la Défense. Le lendemain, il est arrêté avec dix autres collègues et transféré aux locaux du B2 après des accusations de vol de bijoux appartenant à l’épouse du général. « On l’a pris comme un vulgaire criminel, et on l’a livré à un système de torture indigne de notre nation », a lancé le patriarche de la famille, visiblement ému.
Un corps marqué par une violence inouïe
Le 21 décembre, la famille apprend la mort de Johan par une parente qui avait vu des photos sur un forum interne de la Marine nationale. Après plusieurs heures de recherche, elle découvre le corps du défunt à la morgue de l’hôpital militaire. « Ce n’était plus le corps de notre fils, mais celui d’un martyr. Ses hématomes, ses brûlures, et ses blessures montrent qu’il a été torturé comme on ne le fait même pas à un animal », a déclaré le patriarche. Il a poursuivi avec des mots percutants : « Ils l’ont battu à mort, et ils osent nous dire que c’est la discipline. Non, c’est la barbarie ».
Les proches du défunt au cours de cette déclaration de presse
La famille a vivement dénoncé le silence des autorités après la mort de Johan. « Trois jours pour nous annoncer son décès, et encore, sans aucune explication claire. Qui d’autre a jamais entendu parler d’un tel mépris envers les siens ? », a questionné le patriarche. Selon lui, ce retard et l’absence de communication démontrent « l’effondrement moral d’un système qui veut couvrir ses tortionnaires ».
La vérité enterrée ?
La déclaration a révélé que les premiers récits des faits évoquaient un braquage ayant entraîné la mort de Johan dans une prétendue fusillade. « On nous a menti, ils ont essayé de maquiller un meurtre en accident », a accusé la famille. Ces incohérences ont renforcé la détermination de la famille à obtenir des réponses claires.
Le 26 décembre 2024, la famille a officiellement porté plainte contre le général Osimandong, les agents du B2 et d’autres personnes impliquées. Elle a également insisté pour une autopsie, qui a été réalisée le 9 janvier 2025. Les premiers résultats confirment des traces de torture, notamment des brûlures infligées au fer à repasser. « Ces marques parlent pour lui. Elles montrent qu’il a souffert jusqu’à son dernier souffle », a affirmé le patriarche.
Un appel à la justice et aux réformes
La famille a formulé des attentes claires, exigeant la comparution de tous les responsables identifiés dans cette affaire. « Ils doivent être jugés. Pas demain, pas dans des années, mais maintenant », a martelé la famille du defunt. Il a aussi appelé à des réformes profondes dans les institutions militaires et judiciaires : « Si nous n’arrêtons pas cela aujourd’hui, combien de Johan Bounda devront encore mourir ? »
Dans un passage particulièrement marquant, le patriarche a déclaré : « Ils ont tué mon fils, mais ils n’enterreront pas la vérité. Nous sommes une famille, nous sommes un peuple, et nous nous tiendrons debout jusqu’à ce que justice soit rendue ». Il a également interpellé directement les autorités : « Si vous êtes incapables de protéger vos fils, alors vous n’êtes plus un État, mais une machine à broyer des vies ».
La visite du président de la Transition
Le 25 décembre, le président de la Transition s’est rendu auprès de la famille pour leur exprimer ses condoléances et promettre des sanctions contre les coupables. « Nous avons entendu ses mots, mais nous attendons des actes. La justice ne se promet pas, elle se rend », a rétorqué le patriarche.
La famille a conclu en réitérant ses exigences : une enquête transparente, des condamnations exemplaires, et une inhumation digne pour Johan dans son village natal. « Nous voulons que son nom soit celui de la justice, pas celui de l’oubli », a déclaré la famille en clôture de la déclaration.
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