Répression politico-judiciaire

Pour avoir critiqué Ali Bongo, un vice-président du Sénat gabonais convoqué par la police

Pour avoir critiqué Ali Bongo, un vice-président du Sénat gabonais convoqué par la police
Le sénateur Jean Christophe Owono Nguéma convoqué par les services de police de la DGR © 2017 D.R./Info241

La gendarmerie nationale gabonaise ne semble plus respecter l’immunité parlementaire dont jouit pourtant les membres du Sénat. Pour avoir ouvertement critiqué le projet de révision constitutionnelle prévu par Ali Bongo, le 6e vice-président du Sénat, Jean Christophe Owono Nguéma a reçu ce samedi une convocation express le sommant de se rendre « de toute urgence » ce lundi 30 octobre à la première heure à la Direction générale des Recherches, le service de renseignement de la gendarmerie rattaché directement aux Affaires présidentielles. Le sénateur a d’ores et déjà indiqué son refus à honorer cette convocation « politique ».

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Les opposants gabonais même couverts par leur hypothétique immunité parlementaire n’échappe en rien aux convocations sommaires de la "police politique" d’Ali Bongo. Jean Christophe Owono Nguéma, alors de passage à Paris, avait critiqué sur les antennes de TV5 le projet de reforme constitutionnelle que prépare l’exécutif gabonais. Il vient de recevoir une sommation l’invitant à se rendre d’urgence au camp roux, l’antenne anti-criminalité de la Direction générale des recherches (DGR).

La convocation de la DGR du sénateur

Ladite convocation policière a été remise au vice-président du Sénat alors que celui-ci animait une conférence de presse à Libreville sur la nécessité de contrer le projet de reforme du régime de Libreville. L’opposant a déclaré au cours de la même conférence de presse conjointe avec Jean de dieu Moukagni Iwangou, qu’il ne se rendra pas à la convocation de la DGR.

Le 19 octobre alors invité du journal Afrique de la chaîne francophone TV5Monde, le sénateur de l’Union national (UN, opposition) avait martelé : « Ce projet de constitution pour moi, c’est la forfaiture de trop d’Ali Bongo, parce que ce projet vise tout simplement à faire disparaître la République gabonaise pour que nous devenions une monarchie. C’est une monarchisation de la République qu’aucun Gabonais ne pourra accepter ».

L’intervention télévisée du sénateur gabonais sur TV5 Monde

Une position qui avait déclenché dès le lendemain une série de contre-sorties médiatiques sur les médias d’Etat de plusieurs responsables du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968). Il semblerait que le courroux des autorités gabonaises ait passé le cap politique pour se glisser dans celui de la répression judiciaire. Il faut dire que peu d’hommes politiques convoqués par ce service y ressortent sans être transféré à la prison centrale de la Libreville.

La réaction musclée du parti au pouvoir

A moins bien entendu que la gendarmerie gabonaise ait récemment ouvert les yeux, éclairé par la sortie médiatique tapageuse de l’opposant, sur ses éventuelles activités criminelles. Ce alors que celui-ci siège bien encore au palais George Rawiri. Car sauf erreur, Jean Christophe Owono Nguéma est toujours sénateur d’une République qui semble avoir perdu la toute sa tête.

Depuis la présidentielle d’août 2016 qui a vu la réélection controversée d’Ali Bongo, le régime de Libreville multiplie les actions de police contre ses opposants. Après avoir interdit de sortie de territoire plusieurs d’entre eux avant de se raviser, Ali Bongo continue la répression de ses opposants qui continuent de contester sa légitimité et ses décisions politiques.

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