Naufrage de l’Esther Miracle : Un des rescapés relate leurs longues heures passées dans l’océan
Le dispositif de secours en mer du Gabon a été largement éprouvé ce jeudi dans la désormais tragédie de l’Esther Miracle. Selon un naufragé qui s’est confié à nos confrères de l’Union ce jeudi, ils n’ont eu la vie sauve que grâce à la volonté divine. Il raconte les longues heures d’attente dans l’eau glaciale et la panique qui a logiquement gagné les occupants de ce navire low cost qui a coulé hier à 3h58 au large de Libreville.
L’on connait un peu plus en détail le déroulé de la catastrophe maritime qu’a connu le Gabon ce 9 mars. L’Esther Miracle a quitté le port-mole de Libreville à ce mercredi 8 mars 20h05 à destination de Port-Gentil. Il a avait à son bord 151 passagers. Selon l’un d’entre eux, Jean François Abiaghe, les choses ont commencé à se gâter aux alentours de 2h du matin. « Nous avons embarqué hier mercredi à 18h et avons quitté le quai à 20h. Entre 20h et 1h du matin on entendait déjà des grincements de tôle, des à-coups entres les colis », raconte-t-il à nos confrères de l’Union.
Le navire tanguait depuis son départ
« Vers 2h l’un des marins nous a dit que le navire prenait de l’eau et qu’il penchait d’un côté. Ils nous ont dit qu’ils tentent de faire demi-tour pour se rapprocher de la côte afin d’accoster au cas où on n’arriverait pas à Libreville. En moins de 30 minutes, le bateau avait complètement tangué sur un côté. Il y a eu panique à bord sans consigne particulière de la part de l’équipage », relate ce témoin sur l’atmosphère qui a régné avant le naufrage du navire.
Une carte du lieu du drame
« Certains passagers se sont débrouillés à s’accrocher aux canoës de sauvetage et une fois que le bateau a basculé complètement sur un plan, les gens ont sauté à l’eau pour monter dans les différents canoës mais de façon désordonnée. Hors du bateau, on s’entraînait du mieux qu’on pouvait pour essayer de prendre le maximum de personnes. Malheureusement il y a certains canoës qui étaient surchargés », poursuit-il dans son récit de ce naufrage.
Des radeaux en surcharge
Les radeaux déployés se sont rapidement retrouvés en surcharge « puis se sont éventrés », rapporte ce rescapé. « Il faut dire qu’il y avait approximativement 40 personnes sur le canoë dans lequel je me trouvais. On s’est donc agrippé les uns aux autres. Ce qui a permis aux personnes les plus vulnérables dont les femmes enceintes, les personnes âgées de se reposer entre les autres », décrit-il. Avant d’abord les nombreux signaux d’alerte envoyés aux navires qui se trouvaient pourtant à proximité.
« Dans la nuit, malgré les fusées qu’on tirait, il y avait un chalutier qui ne répondait pas à nos appels. C’est au petit matin vers 7h qu’on a vu le bateau de Peschaud qui est arrivé et a commencé le sauvetage en remontant les passagers. C’était difficile ! ». Les naufragés ont ainsi attendu plusieurs heures dans la mer avant d’être secourus finalement qu’aux alentours de 7h du matin soit plus de 3h dans les eaux salées froides avec les nombreux risques d’hypothermie.
Un sauvetage éprouvant
« Tout le monde était fatigué, tellement exténué par la lutte dans une eau glaciale. On a eu une jeune dame qui est décédée tellement elle était épuisée et n’arrivait pas à s’accrocher à la corde. Le bateau de la marine quant à lui est arrivé plus tard et a récupéré ceux qui s’étaient éloignés. L’équipage de Peschaud nous a fourni des couvertures, des douches, à manger… il y avait des blessés graves qui ont été mis en sécurité jusqu’à l’arrivée des secours », rajoute-t-il.
« Moi je suis arrivé à 12h sur terre. Mais j’avoue que c’était pénible. Heureusement que les autorités ont pris en charge les personnes vulnérables, ceux qui avaient des malaises. Ils ont été évacués dans les structures sanitaires et autres » témoigne Jean François Abiaghe. Avant de dénoncer le « cafouillage » qu’il y a eu à leur arrivée au port môle de Libreville :"Nous qui sommes là avons vécu un véritable cafouillage. On n’avait personne en face de nous pour nous accompagner sur la suite des événements".
Revenant sur les moyens qui les ont fait tenir, notre rescapé raconte leur recours à Dieu. « On avait des femmes merveilleuses qui chantaient et priaient le Seigneur. Ce qui nous a réconfortés ». Avant de conclure : « On n’aurait pas pu y arriver sans l’intervention du bon Dieu ». Voilà qui a le mérite d’être dit.
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