Incompréhension

Lambaréné : Un chauffeur gabonais jeté en prison pour avoir dénoncé le racket des gendarmes

Lambaréné : Un chauffeur gabonais jeté en prison pour avoir dénoncé le racket des gendarmes
Lambaréné : Un chauffeur gabonais jeté en prison pour avoir dénoncé le racket des gendarmes © 2023 D.R./Info241

C’est l’incompréhension et l’indignation qui règnent sur la toile depuis ce week-end. Ce samedi, nous avons appris qu’un chauffeur en service à la Gabon Special Economic Zone (GSEZ) avait été jeté en prison jeudi par le parquet de Lambaréné. Son crime ? Avoir dénoncé quelques jours plus tôt le racket subi par les usagers de la route par les gendarmes de la capitale du Moyen-Ogooué. Une indignation publique qui vaut à ce père de famille de 7 enfants un gracieux séjour à la prison centrale de Lambaréné.

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La liberté d’expression a-t-elle encore un sens au Gabon ? La question mérite d’être posée au vu de l’acharnement judiciaire et de l’abus d’autorité dont est victime Guy Roger Mbadinga, un Gabonais de 49 ans jeté en prison pour flagrant délit depuis le 7 décembre. Quelques jours auparavant, ce chauffeur routier dénonçait, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, les tracas administratifs auxquels sont confrontés les usagers de la route à Lambaréné.

La vidéo à l’origine des ennuis judiciaires de ce chauffeur

Selon le mandat de dépôt délivré par la procureure adjointe du tribunal de première instance de Lambaréné, ce père de famille aurait commis le crime de lèse-majesté en interpellant le président de la transition sur la persistance du racket opéré par les gendarmes. Il a ainsi été inculpé pour « outrage envers des corps dépositaires d’autorité publique », simplement pour avoir exprimé à voix haute ses interrogations sur le fait de savoir si le racket pratiqué par les forces de l’ordre servait à payer la dette extérieure du Gabon.

Cette boutade lui vaut désormais une place en prison dans un pays aux mains de l’armée, qui a renversé Ali Bongo pour libérer le pays dans ce qu’ils appellent un « coup de liberté ». Il semble donc que la liberté ne soit pas au rendez-vous pour Guy Roger Mbadinga, qui souhaitait attirer l’attention des plus hautes autorités sur la persistance de ce phénomène, exclusivement pratiqué depuis des lustres par les unités des forces de défense censées faire régner l’ordre.

Le mandat de dépot délivré contre ce père de famille

D’autres sources judiciaires, citées par l’AGP, ont tenté de présenter le mis en cause comme un contribuable refusant de payer amendes et contraventions délivrées par les mêmes forces de l’ordre à plusieurs reprises. Cependant, la lecture du mandat de dépôt délivré à l’intéressé ne fait aucune allusion à cette situation, se concentrant uniquement sur les propos jugés séditieux ou outrageants par un parquet de la République qui préfère incarcérer un père de famille, alors que d’autres solutions existent pour lui faire entendre raison, le cas échéant.

Ainsi va la justice sous l’ère de la transition, sur le chemin de la félicité vantée à longueur de communiqués par les membres du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Cette incarcération abusive montre que la justice gabonaise reste attachée aux vieux démons de l’ancien régime, dont on pensait s’être débarrassé avec la chute d’Ali Bongo et de ses collaborateurs. Il semble que ce ne soit toujours pas le cas !

@info241.com
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