C’est certainement l’une des plus grandes épopées de notre époque. La famille Bongo qui règne sur le Gabon de père en fils, célèbre ce samedi 2 décembre ses 50 bougies à la tête du Gabon. 50 ans de mainmise sur l’économie, l’armée, la classe politique mais aussi et surtout 50 ans de soutien indéfectible d’une France post-coloniale qui ne s’agace même plus de voir se perpétuer au pouvoir, dans son éternel pré-carré tropical, cette dynastie familiale demi-centenaire.
Les Bongo Ondimba soufflent ce 2 décembre, les 50 ans de leur domination sur le Gabon. Pourtant l’aventure présidentielle de fait monarchique, n’a pas été de tout repos avec souvent des opposants farouches et la colère des populations précarisées pour mieux assoir une domination qui s’étend sur l’ensemble des pans de l’économie, sur une armée fidèle à la famille régnante. Le tout sous les acclamations de la France, qui a mis au pouvoir le patriarche Omar Bongo, avant de lui assurer contre vents et marées un soutien aujourd’hui demi-centenaire.
Omar Bongo, cet agent des services secrets français porté au pouvoir
L’histoire de cette hégémonie sans faille, repose sur une rencontre et un adoubement. Celle d’Omar Bongo, grâce à un certain Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974. Avec un Léon Mba vieillissant et convalescent, la France réussi contre l’avis des opposants de l’époque, à nommer Omar Bongo alors Albert Bongo, comme vice-président de la république.
Une affiche de l’ONG Survie appelant à la fin de la Françafrique incarnée toujours au Gabon par la famille Bongo
C’est ainsi que du 12 novembre 1966 au 2 décembre 1967, Omar Bongo fera son entrée au sommet du protectorat français d’Afrique centrale. Durant la convalescence de Léon Mba, Omar Bongo aidé de Foccart, préparait inlassablement le passage de témoin entre le premier président du Gabon et son dauphin précautionneusement choisi par la métropole post-coloniale.
Avec le décès le 27 novembre 1967 de Léon Mba dans un hôpital parisien, Omar Bongo prêta enfin serment en qualité de président de la République le 2 décembre de la même année, soit moins de 5 jours après sa disparition. Un fauteuil que le patriarche naissant de la Françafrique ne lâchera plus durant 42 ans, non sans avoir pris soin d’avoir jeté aux oubliettes en mars 1968, le multipartisme hérité des indépendances, sur recommandation de la France.
Omar Bongo, ce démocrate françafricain
Arrivé aux affaires comme dauphin de Léon Mba, Omar Bongo aura rapidement pris soin d’installer le monopartisme durant 22 ans. Ce qui lui permis de participer et remporter jusqu’en 1990, toutes les élections présidentielles où il était alors l’unique candidat en lice, candidat « naturel ». Son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG), est lui aussi un héritage de Léon Mba et de son Bloc démocratique gabonais (BDG).
Dès 1990, Omar Bongo est contraint de démocratiser le pays, sous la pression de la rue. Le come-back du multipartisme n’entachera en rien l’ambition de Bongo de demeurer au pouvoir. Là encore grâce aux pressions de la chancellerie française, Omar Bongo réussi à chaque fois à faire avaler la pilule amère de ses réélections controversées.
De Paul Mba Abessole à Pierre Mamboundou, le rusé Omar Bongo sortira toujours vainqueur des présidentielles que ses ministres de l’Intérieur organisaient pour lui. Grace à un dispositif institutionnel taillé sur mesure et à une Constitution remodelée à sa guise, Omar Bongo pu grâce à Marie Madeleine Mbourantsouo, sa maîtresse bombardée à la présidence de la Cour constitutionnelle, se faire déclarer « légalement » vainqueur de chacune des présidentielles entre 1993 et 2005.
Ali Bongo, le « rénovateur » dynastique
Avec sa disparition le 6 juin 2008, Ali Bongo hérita de la « machine à gagner » mise en place par son père Omar Bongo. Une machine à victoire qui leur permettait de coiffer au poteau institutionnel, les résultats issus des urnes. Grace à sa belle-mère, le fils controversé d’Omar Bongo héritera du parti-Etat et du pouvoir. Non sans heurts et manipulations décriés par ses opposants, Pierre Mamboundou et André Mba Obame, morts chacun à son tour de rôle dès son ascension controversée à la magistrature suprême.
Pour mieux asseoir son pouvoir et devant les contestations internes sur sa légitimité, Ali Bongo a pris à cœur d’éloigner de son parti l’ensemble de la baronnie PDG qui lui était hostile. Après les décès heureux des principales figures de l’opposition, Ali Bongo et son parti le PDG furent ainsi les principaux pourvoyeurs d’une l’opposition gabonaise restée orpheline. Une hémorragie interne au PDG qui l’oblige encore aujourd’hui à toiletter les rangs du parti, pour n’y avoir que des hommes bien à lui.
Une armée aux ordres
Le pouvoir demi-centenaire de la famille Bongo sur le Gabon repose d’abord et avant tout sur l’armée gabonaise où plus exactement sur la Garde républicaine. Cette unité d’élite de l’armée assure principalement la sécurité du régime depuis le coup d’Etat de 1964. Grace à celle-ci, les Bongo qui y ont placé essentiellement des militaires originaires du Haut-Ogooué, s’assure de détenir toujours une base arrière à leur pouvoir présidentiel.
Grace à une fidélité sans faille que leur réserve ainsi l’armée gabonaise, les Bongo ont su compter sur les hommes les mieux armés et les plus fidèles au régime pour renverser les situations de troubles politiques. Un dispositif armé qui a été particulièrement utile lors de la présidentielle d’août 2016, qui opposait pour un second mandat Ali Bongo à son ancien beau-frère Jean Ping.
50 ans de soutien de la France
Ces 50 ans de pouvoir n’aurait été rien sans le soutien indéfectible dont jouit la famille Bongo auprès des cellules africaines de l’Elysée. Depuis leur ascension présidentielle, la famille Bongo a vu passer 8 chefs d’Etat français aussi divers que variés. De Charles De Gaule à Emmanuel Macron, les Bongo ont pu aisément se perpétuer au pouvoir grâce à un tacite soutien français qui allie coopération militaire et policière.
Un soutien indéfectible de la France
Chaque fois que le régime Bongo devenait vacillant, la France a toujours accourue pour se porter caution. Omar Bongo, ex-membre des services secrets français placé à la tête du Gabon en 1967 et désormais Ali Bongo, continuent d’écrire en lettre d’or une hégémonie présidentielle héritée des indépendances.
Cela fait donc 50 ans que le clan Bongo règne sur le Gabon et offre ses ressources aux entreprises étrangères, celles de France s’étant largement taillé la part du lion – alimentant au passage les partis politiques français – au détriment de la population qui, pour une large majorité, vit encore dans la misère, bien loin du faste des hôtels particuliers parisiens et autres résidences secondaires des Bongo.
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