Disparition de Michel Okili : Pluie d’hommages à un génie de l’ombre de la musique gabonaise

La scène musicale gabonaise est en deuil. Michel Okili, musicien et producteur respecté, est décédé ce samedi 24 mai à Libreville, à l’âge de 49 ans, des suites de complications liées à un diabète qu’il combattait depuis une dizaine d’années. Figure aussi discrète qu’incontournable, il s’était imposé comme l’un des architectes sonores les plus influents de sa génération, capable de passer avec une rare aisance du zouk au hip-hop, du RnB au jazz.

La nouvelle de sa disparition a provoqué une avalanche d’hommages dans le pays et au-delà. Dès l’annonce, de nombreux artistes ont tenu à saluer la mémoire de celui qu’ils considéraient comme un grand frère, un mentor ou un génie de l’ombre. La chanteuse Nicole Amogho a exprimé dès samedi son émotion sur les réseaux sociaux : « Michel était un musicien talentueux avec qui j’ai non seulement travaillé en studio, mais aussi fait un feat dans le projet Couleurs Mandarine de Jean-Yves Messan. Un artiste ne meurt jamais ! »
Un faiseur de tubes célébré par ses pairs
Parmi les témoignages les plus touchants, celui du rappeur Kôba Building, qui a partagé dimanche en vidéo une anecdote marquante sur la naissance du titre « Coup d’Tête », dont l’instrumental fut composé par Okili. Dans un récit vibrant, il évoque un appel reçu à l’aube, alors qu’il sortait de boîte de nuit. Okili, exalté, lui demande de venir immédiatement en studio. L’artiste raconte une session spontanée, intense, qui donnera naissance à l’un des morceaux phares de sa carrière. « Cet homme, c’était quelqu’un de très inspiré, très passionné », conclut Kôba, la voix tremblante.
L’hommage du rappeur Koba
Tissy Kalowé, autre artiste gabonais et fils du disparu, a publié un message poignant sur ses réseaux : « Mon père, mon mentor, celui qui m’a communiqué l’amour de la musique (…) est parti. Beaucoup t’ont exploité, utilisé et jeté, mais grâce à moi, tes petits-enfants toucheront leurs droits d’auteur ». Il affirme avoir tenu sa promesse faite à Okili, en assurant l’enregistrement de ses œuvres depuis 2018. Un message fort sur la question de la reconnaissance posthume et des droits des créateurs dans l’industrie musicale.
Une influence qui dépasse les frontières
L’émotion dépasse les frontières. L’artiste Ivoirien Eddy Stone s’est dit honoré d’avoir collaboré avec Okili, saluant « l’un des meilleurs bassistes de cette génération ». Il garde le souvenir d’un homme généreux, rigoureux, et d’un passionné qui enseignait par l’exemple. « Tu m’as beaucoup appris. Que Dieu t’accueille », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Un des hits devenus légende de l’artiste qui restera dans les mémoires avec son groupe Okili Family
Membre fondateur du groupe Okili Family, Michel Okili a marqué la scène gabonaise des années 1990 à aujourd’hui. En 2001, il participe à la production du maxi-single Ton retour de la chanteuse Alda, projet qui marquera les esprits avec le titre « Tu es entré dans ma vie ». C’est dans ces coulisses feutrées, loin des projecteurs, que se révélait tout son talent : oreille affûtée, arrangements précis, et une capacité rare à tirer le meilleur de chaque artiste.
L’héritage d’un bâtisseur musical
Son nom est également associé à l’émergence de jeunes talents comme Aksl Gemini, qu’il fut le premier à faire entrer en studio. Sa vision, ses conseils, sa patience et sa générosité ont influencé des trajectoires majeures. Michel Okili savait donner sans attendre de retour, persuadé que l’œuvre survivrait à l’homme. Il incarnait cette philosophie de transmission à la fois humaine et artistique.
Un génie de son art
Discret mais essentiel, Michel Okili laisse un vide que la musique gabonaise mettra du temps à combler. Sa disparition est une blessure profonde pour tous ceux qui l’ont connu, aimé ou simplement écouté. Mais son héritage, lui, demeure : riche, métissé, vibrant. Il repose désormais en rythme, porté par les notes qu’il a semées dans les cœurs et les mémoires.
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