Décès à 81 ans de Winnie Mandela, l’ex-épouse controversée de Nelson Mandela
Winnie Madikizela-Mandela, un pilier de la lutte anti-apartheid et épouse de Nelson Mandela à l’époque de son incarcération à Robben Island, est morte le 2 avril, a annoncé la famille Mandela dans un communiqué.
Elle avait 81 ans. Elle est décédée à Johannesburg après une longue maladie, pour laquelle elle était entrée et sortie de l’hôpital depuis le début de l’année. « Elle s’est endormie pacifiquement au début de lundi après-midi entourée de sa famille et de ses proches », a déclaré la famille.
« La famille Mandela est profondément reconnaissante pour le don de sa vie et même si nos cœurs sont brisés suite à son décès, nous exhortons tous ceux qui l’ont aimée à célébrer cette femme remarquable ». Pendant les 27 années d’incarcération de Nelson Mandela dans sa lutte contre l’apartheid, Winnie Madikizela-Mandela a fait campagne pour sa libération et pour les droits des Sud-Africains noirs, subissant détention, bannissement et arrestations elle-même.
Le Congrès National Africain au pouvoir, qui gouverne l’Afrique du Sud depuis que Nelson Mandela a remporté les élections historiques de 1994 qui ont renversé le régime raciste entièrement blanc, a rendu hommage à la défunte. Mais si elle a été saluée par certains comme la mère de la « nouvelle » Afrique du Sud, l’héritage de Winnie Madikizela-Mandela en tant qu’héroïne anti-apartheid a été terni par ses actions après la libération de son ancien mari. Ses méthodes intransigeantes et son refus de pardonner contrastaient ainsi fortement avec le choix de la réconciliation adopté par Nelson Mandela alors qu’il travaillait à forger une démocratie stable et pluraliste éloignée de la division raciale et de l’oppression de l’apartheid.
Cette contradiction ne fut pas pour rien dans la fin de leur mariage et a également détruit l’estime dans laquelle la tenaient de nombreux Sud-Africains, bien qu’elle ait finalement su conserver le soutien des nationalistes noirs radicaux. Dans ses années de crépuscule, elle eut même de fréquents démêlés avec les autorités, qui ont encore miné sa réputation de combattante contre le régime de la minorité blanche qui dirigea l’économie la plus avancée de l’Afrique de 1948 à 1994.
La fin de l’apartheid marqua pour elle le début d’une série de troubles juridiques et politiques qui, accompagnés des récits de sa vie glamour, la mirent en vedette pour des raisons toutes plus mauvaises les unes que les autres.
Rendue responsable de l’assassinat de l’activiste Stompie Seipei, qui fut retrouvé près de sa maison de Soweto la gorge tranchée, elle fut ainsi reconnue coupable en 1991 d’enlèvement et d’agression sur l’enfant de 14 ans parce qu’il était soupçonné d’être un informateur. Sa peine d’emprisonnement de six ans fut ensuite réduite en appel à une amende. Elle se sépara de Nelson Mandela en 1992 et sa réputation se dégrada encore quand il l’a renvoya de son cabinet en 1995 après des allégations de corruption.
Le couple divorça un an plus tard, après quoi elle adopta le nom de famille Madikizela-Mandela, ne ménageant pas ses critiques, voire son mépris, pour son ex-mari pourtant devenu une icône mondiale. Parlant de sa vie, elle disait « Je ne suis pas désolée, je ne serai jamais désolée. Je referais tout ce que j’ai fait si je devais le faire à nouveau ».
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