Gabon : Délestages massifs et les 14 groupes électrogènes du CTRI à 3 milliards inutilisables
Alors que les coupures d’électricité persistent dans tout le Gabon, l’acquisition de 14 groupes électrogènes par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) s’avère être un fiasco. Ces équipements, censés apporter une solution, ne sont pas compatibles avec les infrastructures existantes, malgré un investissement colossal de plus de 3 milliards de francs CFA.
Une acquisition coûteuse et inefficace
Le 19 mars 2024, Jeannot Kalima, alors ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, avait officiellement réceptionné ces 14 groupes électrogènes thermiques, d’une capacité comprise entre 250 et 600 kVA. Destinés à répondre aux délestages massifs frappant Libreville et les provinces, ces appareils représentaient un investissement de plus de 3 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, ces groupes restent inutilisés, leur mise en service étant empêchée par une incompatibilité avec les infrastructures électriques locales.
Une autre vue de ces équipements livrés en mars dernier
Séraphin Akure-Davain, l’actuel ministre de l’Énergie, a confirmé lundi cette réalité embarrassante au terme d’une audience de crise avec le président de la transition : "Il faut qu’ils soient compatibles avec les équipements que nous avons. Or, certains de ces équipements ne le sont pas. Cela nous gêne parce qu’on a des groupes neufs que l’on ne peut pas utiliser." Ces propos, largement relayés, ont exacerbé les critiques envers une gestion jugée incohérente et inefficace.
Des fonds publics mal dépensés
Cette acquisition, censée offrir un soulagement immédiat, est devenue un symbole de gaspillage. Comment un tel projet a-t-il pu être validé sans vérifications techniques préalables ? Pourquoi les techniciens compétents n’ont-ils pas été associés à l’évaluation des besoins ? Ces questions pèsent sur la responsabilité des autorités en charge à l’époque, y compris celle de Jeannot Kalima, aujourd’hui ministre de la Fonction publique.
Le coût exorbitant de l’opération, couplé à son échec opérationnel, alimente la colère d’une population déjà éprouvée par des coupures d’électricité chroniques. Dans un contexte économique tendu, cette dépense non productive est perçue comme une insulte aux difficultés des Gabonais.
Une crise énergétique toujours d’actualité
Malgré cette initiative coûteuse, les délestages continuent d’empoisonner le quotidien des habitants. Libreville et les provinces restent régulièrement plongées dans l’obscurité, sans perspective claire de résolution. La situation met en évidence les lacunes structurelles du système énergétique national, qui ne parvient pas à répondre aux besoins croissants de la population.
Les 14 groupes électrogènes inutilisables, censés être la solution, sont devenus le symbole d’une gestion publique défaillante. Face à cette crise persistante, les Gabonais réclament des réponses et des actions concrètes, au-delà des déclarations officielles.
Un appel à des solutions durables
L’affaire des groupes électrogènes du CTRI souligne l’urgence d’une refonte complète de la stratégie énergétique gabonaise. Les experts appellent à des investissements dans des infrastructures modernes, adaptées et durables, notamment en explorant davantage les énergies renouvelables. Par ailleurs, il est crucial de renforcer les mécanismes de contrôle et d’audit pour éviter que de telles erreurs ne se reproduisent.
Pour l’heure, cet investissement de 3 milliards de francs CFA reste un échec cuisant, rappelant l’importance d’une gestion rigoureuse et transparente des ressources publiques. Plus que jamais, le Gabon est face à un défi de taille : sortir de l’impasse énergétique et regagner la confiance d’une population lassée par des promesses non tenues.
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