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Transition au Gabon : 3 barons du régime déchu et un opposant crient au loup et fixent 5 exigences

Transition au Gabon : 3 barons du régime déchu et un opposant crient au loup et fixent 5 exigences
Transition au Gabon : 3 barons du régime déchu et un opposant crient au loup et fixent 5 exigences © 2025 D.R./Info241

Dans une scène qui a surpris plus d’un observateur de la politique gabonaise, trois anciens barons du régime d’Ali Bongo et un leader de l’opposition ont joint leurs voix pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une dérive autoritaire de la transition militaire en cours. Le 8 janvier 2025, à Libreville, Pierre Claver Maganga Moussavou (ancien vice-président), Alain-Claude Bilie-By-Nze (ancien Premier ministre), Ali Akbar Onanga Yobegue (ancien ministre), et Albert Ondo Ossa (candidat à la présidentielle de 2023) se sont unis pour « crier au loup », alertant sur les dangers d’une transition qui s’éloigne des promesses de démocratisation.

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Ali Akbar Onanga Yobegue, ancien ministre sous Ali Bongo, a pris la parole pour lire une déclaration commune qui a résonné comme un coup de semonce à l’administration de transition dirigée par le général Brice Oligui Nguema. « Nous dénonçons les actions unilatérales des autorités militaires au pouvoir qui ont pris des engagements solennels au moment du coup d’État mais qui s’en écartent progressivement en imposant des décisions non inclusives et contraires aux principes fondamentaux d’une transition démocratique  », a-t-il déclaré.

Les 4 personnalités faisant front commun ce mercredi contre les autorités de la transition

Les quatre personnalités politiques ont formulé cinq exigences claires pour remettre la transition sur les rails de la démocratie :

1. Retour des militaires dans les casernes  : Ils exigent que les militaires retournent dans les casernes une fois la transition terminée, soulignant que le rôle des forces armées n’est pas de gouverner mais de protéger la nation. « Premièrement, notre première exigence concerne le retour impératif des militaires du CTRI dans les casernes à l’issue de la transition. Avec une interdiction formelle pour tout militaire du CTRI de se porter candidat aux prochaines élections  », a insisté Onanga Yobegue.

2. Retour à la Constitution de 1991 : Ils appellent à rétablir la Constitution de 1991 modifiée en 1995, critiquant la légitimité de la nouvelle Constitution de 2024 due à son adoption opaque et non consensuelle. « Nos deuxièmes exigences portent sur le retour à la Constitution de 91 modifiée par la loi référendaire de 95 sur laquelle pourront être apportées les modifications nécessaires justifiées par le nouveau contexte politique », a-t-il expliqué.

3. Refonte du cadre électoral : Un appel à une révision complète du système électoral a été lancé, critiquant la précipitation et le manque de transparence dans la rédaction du nouveau code électoral. « Nous demandons donc l’arrêt immédiat de ce processus rédactionnel du code électoral précipité lequel, dans son état actuel, compromet la crédibilité et la légitimité des scrutins à venir », a-t-il ajouté.

4. Mobilisation générale du peuple gabonais : Ils encouragent tous les citoyens gabonais à se mobiliser pour exiger une transition inclusive et transparente, rappelant que la république appartient à tous. «  Le Gabon est une république, un mot issu du latin ’res publica’ qui signifie littéralement ’chose publique’. Chaque citoyen, quelle que soit sa condition, a un droit et un devoir de se prononcer sur l’avenir de notre nation », a affirmé Onanga Yobegue.

5. Dialogue politique inclusif : Ils dénoncent l’absence de dialogue entre les différentes forces politiques et sociales, insistant sur la nécessité d’un échange sincère pour construire un avenir commun. Ce malgré que plusieurs d’entre eux ait été à plusieurs reprises reçu en audience par le président de la transition dont ils veulent être des opposants farouches.

Leur intervention souligne une inquiétude croissante quant à la direction prise par la transition. Ils critiquent également la gestion économique, le manque de lutte contre la corruption, et l’indépendance des institutions judiciaires sous le régime de transition.

Cette alliance inattendue entre figures du régime Ali Bongo et de l’ancien rival d’Ali Bongo à la présidentielle annulée de 2023, illustre un moment critique de la politique gabonaise, où même les anciens détenteurs de pouvoir s’unissent pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une trahison des idéaux de transition démocratique. Ils appellent à une vigilance accrue de tous les citoyens pour s’assurer que la transition ne se transforme pas en une simple continuité de l’autoritarisme sous un nouveau visage.

@info241.com
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