Assemblée populaire dans la Ngounié : les citoyens ruraux s’organisent pour la justice climatique
Dans le cadre de la Contre COP des peuples africains, l’ONG MUYISSI Environnement a récemment mené une série d’assemblées populaires dans plusieurs localités de la Ngounié (sud du Gabon), rapporte un communiqué de l’ONG parvenu ce vendredi à la rédaction d’Info241. Ces rencontres, organisées du 30 septembre au 3 octobre 2024, visaient à sensibiliser les populations rurales aux impacts des changements climatiques et à recueillir leurs propositions pour un plaidoyer en faveur d’un fonds national de résilience climatique.
Les assemblées ont réuni les habitants de Kouagna-Ndougou, Bemboudié, Boungounga, Lambaréné-Kili, Kanda et Ngando, qui ont partagé leurs préoccupations face aux bouleversements climatiques. De la sécheresse aux inondations, en passant par les conflits homme-faune, ces communautés font face à des défis multiples exacerbés par l’inaction et le manque de soutien des autorités. La présence accrue d’éléphants dans les champs, qui détruisent les cultures, est un problème récurrent.
À Kouagna-Ndougou, par exemple, les villageois ont expliqué avoir tenté d’utiliser des solutions locales, comme des plants de piment et des ruches d’abeilles, pour éloigner les éléphants, mais sans succès. Face à ce constat, ils demandent l’installation de barrières électriques pour mieux protéger leurs cultures. Les villageois ont également exprimé leur frustration quant au manque de compensations pour les pertes subies, malgré de nombreuses plaintes déposées auprès des autorités.
Dans les localités de Boungounga et Lambaréné-Kili, la sécheresse persistante impacte lourdement les activités agricoles. La durée de la saison sèche s’allonge, entraînant une diminution du niveau des cours d’eau, principale source d’approvisionnement en eau pour ces villages. La qualité de l’eau s’est dégradée, ce qui présente un risque sanitaire majeur. Les habitants ont ainsi réclamé des analyses et des mesures pour assurer la sécurité de l’eau.
La présence d’une grande agro-industrie produisant de l’huile de palme ajoute une pression supplémentaire. Selon les villageois, les activités de cette industrie affectent la qualité de l’eau, influençant non seulement l’agriculture mais aussi la pêche, une ressource vitale pour eux. Le poisson ne se conserve plus aussi longtemps qu’auparavant, ce qui complique l’approvisionnement et la sécurité alimentaire locale.
À Kanda, dans le département de la Louétsi-Wano, les communautés ont également évoqué une diminution notable des récoltes. Ce village, autrefois producteur de produits vivriers pour toute la région, voit son agriculture affaiblie par des périodes de sécheresse de plus en plus imprévisibles. Les villageois cherchent à renouer avec des semences traditionnelles plus résistantes aux variations climatiques et demandent un appui technique pour améliorer leurs rendements agricoles.
L’assemblée populaire a aussi abordé des problématiques plus vastes, comme la surexploitation forestière, qui déplace les animaux sauvages vers les zones agricoles. Cette intrusion perturbe les activités des agriculteurs qui doivent désormais composer avec des sangliers et des porcs-épics dans leurs plantations. Les participants ont réclamé une régulation plus stricte de l’exploitation forestière pour limiter ces intrusions.
Ces rencontres ont illustré la détermination des communautés locales à participer activement à la lutte contre les effets du changement climatique. Leurs propositions, réunies par MUYISSI Environnement, s’inscrivent dans une dynamique de justice climatique en demandant un fonds national pour soutenir la résilience des communautés. Une marche pacifique a clôturé l’événement, symbolisant leur engagement collectif pour un avenir durable et équitable.
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