Affaire Mbanié : Le très « sage » Omar Bongo a fait perdre 28 ans de souveraineté au Gabon !
Le différend territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale sur la souveraineté des îles de Mbanié, Cocotiers et Conga a battu son plein la semaine dernière à la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye (Pays-Bas). Il a révélé la très mauvaise stratégie de « sagesse » de l’ex-président gabonais Omar Bongo. Pendant cinq jours, les représentants gabonais ont défendu leur position en s’appuyant sur la Convention de Bata, un accord signé entre les deux pays dans les années 1970, qui établissait pourtant la souveraineté du Gabon sur ces îles. Cependant, une question majeure a émergé lors des audiences : pourquoi cet argument n’a-t-il pas été mis en avant plus tôt par le Gabon ?
Selon les avocats de la partie gabonaise, cette décision remonte à une stratégie adoptée par l’ancien président Omar Bongo Ondimba, qui avait recommandé de ne pas évoquer la Convention de Bata durant les négociations. « Il n’était et il n’est toujours pas bon d’évoquer la Convention de Bata en Guinée équatoriale », a déclaré l’avocat principal du Gabon devant la Cour.
Une bien foireuse stratégie
Ce silence volontaire visait à éviter de heurter les autorités équato-guinéennes et à préserver une certaine stabilité diplomatique entre les deux nations. Un conseil que Bongo avait donné à ses négociateurs entre 1985 et 2003, lorsqu’il dirigeait personnellement les pourparlers sur cette affaire. Le juge Peter Tomka a d’ailleurs rappelé ce point lors des audiences.
Des photographies exhibées comme preuves par la partie gabonaise
« Le président Omar Bongo, reconnu pour son rôle de pacificateur en Afrique centrale, avait recommandé à ses négociateurs de ne pas insister sur la Convention de Bata pour ne pas froisser la Guinée équatoriale », a-t-il expliqué. Selon les observateurs, cette stratégie a certes maintenu un climat de dialogue apaisé entre Libreville et Malabo, mais elle a également ralenti les progrès du Gabon dans sa quête de reconnaissance internationale de sa souveraineté sur ces territoires contestés.
Plus de 10 477 jours perdus pour le Gabon
Ce retard dans la présentation de l’argument de la Convention de Bata a pesé lourdement sur le dossier gabonais. Certains estiment que plus de 10 477 jours se sont écoulés sans véritable avancée en raison de cette stratégie. « Ce silence s’explique aussi par des raisons de politique intérieure, extérieure... liées aux réalités du continent, des traditions et des usages propres à l’Afrique », a précisé un conseiller juridique gabonais, soulignant les complexités inhérentes à la diplomatie africaine. Ces considérations politiques ont donc influencé la manière dont le Gabon a choisi de défendre ses intérêts.
Aujourd’hui, avec le dossier de nouveau sur la table de la CIJ, les autorités gabonaises tentent de rattraper ce retard en s’appuyant désormais pleinement sur la Convention de Bata. Cette nouvelle approche pourrait marquer un tournant dans le long conflit qui dure depuis près de trois décennies. « Il est temps aujourd’hui que justice soit rendue, et que la souveraineté du Gabon soit pleinement reconnue », a affirmé un membre de la délégation gabonaise, exprimant l’impatience de voir le dossier enfin aboutir.
Les avocats du Gabon ont dû sortir de leur chapeau ce joker tardif contesté par la Guinée équatoriale
La décision des juges, dont les délibérations resteront secrètes jusqu’à leur rendu, sera cruciale pour l’avenir de cette région. Bien que l’héritage diplomatique d’Omar Bongo ait longtemps orienté la stratégie gabonaise, l’enjeu aujourd’hui est de savoir si cette prudence, initialement justifiée par des considérations régionales, n’a pas trop coûté au Gabon en termes de souveraineté et d’influence internationale. That is the question.
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