Secoué par une tempête ces derniers temps, l’islam au Gabon a retrouvé sa quiétude d’antan avec de nouveaux visages au sein de ses mosquées provinciales. Mohammed Avissa, l’homme fort de l’islam à Port-Gentil, se veut fédérateur et rassembleur afin que tous les fidèles puissent appliquer les préceptes d’Allah.
Nommé le 15 juin 2024 par le président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG), Abdu Razzaq Guy Kambogo, l’imam Mohammed Avissa est déjà très apprécié par ses coreligionnaires de la capitale économique. À l’occasion de la fête du sacrifice (Aïd el-Kebir), il a affirmé représenter un islam modéré, sans interférence aucune. Il veut également promouvoir le dialogue entre musulmans, apaiser les tensions communautaires qui ont secoué la région, et contribuer à combattre la mauvaise image de l’islam.
Une vue des fidèles
« Je dois emmener la communauté dans la paix, la cohésion, l’unité et investir dans tout ce qui puisse être utile aux fidèles du pays en général », dit-il. Les musulmans d’aujourd’hui doivent interroger leurs textes sacrés et se positionner contre toute radicalisation. C’est ce que prône le nouvel homme fort de l’islam à Port-Gentil, l’imam Mohammed Avissa. Ce théologien invite à faire usage de leur liberté de conscience. « Nous avons rappelé à la communauté l’importance de l’union, la fraternité, la cohésion, la paix, la réconciliation et le pardon », explique l’imam central de Port-Gentil, Mohammed Avissa.
Ensemble, il compte examiner le rôle des imams dans la réinvention de l’identité et des normes islamiques, en observant comment ils ajustent leurs exhortations aux comportements religieux contemporains. Cette vision représente l’occasion d’aborder des aspects peu connus des discours des imams, qui invitent à repenser la perception collective de ces acteurs clés de l’islam au Gabon. Croyant et pratiquant, il veut « apporter son expertise à la mosquée ». Légitime, grâce à sa modération et sa pédagogie lorsqu’il applique rigoureusement les textes du Coran, Mohammed Avissa se veut « fraternel » afin de donner un second souffle à cette mosquée caractérisée par des révoltes ces derniers temps. « Le président de la transition a su ramener la communauté dans la tranquillité », précise-t-il.
Après 14 ans passés à la tête de la mosquée de Port-Gentil, l’imam Mohamed Bekoye est aujourd’hui largement ignoré, voire rejeté par ses coreligionnaires. Il avait été pointé du doigt pour sa participation à des magouilles et des détournements de fonds ternissant l’image de l’islam. Ce grand malaise a provoqué un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par un représentant qu’ils n’acceptent pas. Si Mohamed Bekoye est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il lui est reproché également d’avoir trempé ses mains dans la gestion tant critiquée d’Ismaël Oceni Ossa. Il était ce que la sociologie américaine appelle un ’’native informant’’, une figure qui occupe la parole d’une communauté sans en avoir le soutien, mais qui tire sa légitimité des médias et des milieux politiques dominants.
Ce changement marque la fin d’une ère et donne de l’espoir à cette communauté. Le culte musulman connaît cependant un important développement immobilier depuis une dizaine d’années, avec la construction de nombreuses « grandes mosquées », dont le nombre avoisinerait les 100 aujourd’hui.
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