Le Gabon n’a aucune donnée sur le chômage et ses victimes dans le pays depuis 14 ans !
C’est une donnée alarmante qui ressort du retour de l’émission « Les Grands Dossiers », diffusée dimanche soir sur Gabon 1ère. Lors de cette émission dédiée aux services du ministère du Travail et de la Lutte contre le Chômage, le directeur général de l’Emploi, Jean-François Tomo Eyene, a révélé que le pays ne collecte plus de données sur le chômage depuis 2010. Depuis, le Gabon dépend uniquement des estimations de la Banque mondiale pour avoir une idée de l’état du chômage dans le pays.
La gestion du chômage sous le régime d’Ali Bongo a été négligée pendant plus d’une décennie. Alors que les richesses du pays ont toujours été inégalement réparties, la gestion et la lutte contre le chômage ont été parmi les aspects les moins pris en compte de l’administration Bongo. En témoignent les données sur le chômage, qui n’ont pas été relevées depuis 14 ans, laissant de nombreux jeunes diplômés sortir chaque année des écoles sans perspectives d’avenir et d’orientation.
Déficit de données et manque de volonté politique
Jean-François Tomo Eyene, interrogé par les journalistes et les invités de l’émission, a dans l’émission « Les Grands Dossiers » diffusée dimanche soir sur la télévision publique gabonaise, a révélé n’avoir aucune donnée officielle sur le chômage au Gabon depuis 2010. « En ce qui concerne le taux de chômage, il est clairement indiqué que depuis 2010 lors de la réalisation de la première Enquête nationale sur l’emploi et le chômage (ENEC), le taux de chômage était de 20,4 % avec un taux d’activité de 48 % et le nombre de chômeurs s’élevait à 101 113 », a-t-il déclaré.
L’émission diffusée hier soir
Seule éclaircie disponible, « le taux de chômage estimé par la Banque mondiale serait actuellement de 38 % », a indiqué le haut cadre en poste déjà sous l’ancien régime. Ce chiffre inquiétant souligne l’urgence de réévaluer la situation. Face à ce déficit alarmant, le directeur général de l’Emploi a promis une nouvelle dynamique : « Le ministre en charge de l’emploi nous a donné pour instruction de réaliser la deuxième enquête nationale sur l’emploi et le chômage. À ce moment-là, nous aurons un nouveau taux de chômage (...) nous disposerons d’une nouvelle cartographie du chômage et nous mettrons en place une nouvelle dynamique en termes de gestion du chômage dans notre pays », a-t-il assuré.
Pilotage à vue
Cette nouvelle enquête pourrait permettre de mieux comprendre et de mieux combattre le chômage au Gabon, apportant ainsi des solutions plus adaptées aux besoins de la population. Le Gabon sous Ali Bongo, qui se vantait de lutter contre le chômage, le faisait donc sans connaître l’ennemi qu’il prétendait combattre. En effet, comment parler de lutte sans connaître les données sur lesquelles les gouvernements successifs de l’ancien régime se vantaient d’agir ou de trouver des solutions ? Ce déficit témoigne du manque de volonté, mais surtout du pilotage à vue d’Ali Bongo et de ses différentes équipes gouvernementales.
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