SNBG bradée à GSEZ, FGIS poussé à la faillite : les conclusions d’une enquête de députés gabonais
Les sorties de piste de l’ancien régime en matière de crimes économiques regorgent d’innombrables surprises. Alors qu’on croyait avoir tout vu, deux rapports parlementaires rendus publics ce jeudi pointent les nombreux errements dans la privatisation de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) et la mauvaise gestion du Fonds gabonais d’investissement stratégique (FGIS). Des rapports qui appellent à des sanctions judiciaires contre leurs auteurs de la part des autorités de la transition.
Le Gabon était définitivement dirigé par des rapaces en col blanc. Derniers faits en date, les révélations de deux enquêtes parlementaires remises hier par le président de l’Assemblée nationale de la transition, Jean François Ndongou, au Premier ministre Raymond Ndong Sima. On y apprend quelques grands traits de la gestion de la chose publique sous Ali Bongo et compagnie.
Des rapports accablants
Les enquêtes, menées conformément à la Constitution et à la loi organique de l’Assemblée nationale, soulignent des anomalies dans la gestion du FGIS et les conditions de privatisation de la SNBG. On y apprend, par exemple, que la SNBG, autrefois fleuron de l’industrie du bois au Gabon, a été bradée à la modique somme d’un million à l’entreprise fictive baptisée SNBG ZERP, détenue par la Gabon special economic zone (GSEZ), dont le géant singapourien Olam International a cédé ses parts à Arise. Ce, alors que l’entreprise de négoce d’agrumes pesait plus de 22 milliards.
La remise officielle hier des deux rapports
Pour ne rien arranger, le processus de privatisation de la SNBG n’a pas respecté les normes requises, ce qui a conduit à des injustices pour les employés, dont beaucoup n’ont pas été indemnisés conformément au Code du travail. De plus, le nouvel acquéreur de la SNBG, la fameuse SNBG ZERP fictive, bénéficie d’exonérations fiscales et douanières mais ne dispose pas de siège, ce qui soulève des questions sur la transparence et la légitimité du processus.
Des errements et des avantages indus
Quant au FGIS, présenté comme l’une des grandes réussites d’Ali Bongo, sa gestion est minée par des pratiques financières incohérentes et potentiellement désastreuses. Malgré l’absence de bénéfices, le fonds continuait cependant à distribuer des dividendes, ce qui est en contradiction flagrante avec le plan stratégique 2020-2025. Ce plan visait à transformer l’économie gabonaise grâce à une gestion financière performante des actifs du fonds. Au lieu de cela, les députés ont découvert des dysfonctionnements qui menacent de conduire le FGIS à la faillite.
Une autre vue de la séance de travail à la Primature
Face à ces nombreux errements, les députés recommandent de revisiter le processus de privatisation si celui-ci ne respecte pas les dispositions législatives et réglementaires. Ils appellent à des mesures correctives pour assurer la justice et l’équité pour les employés et à revoir les avantages accordés au nouvel acquéreur. Des outils désormais entre les mains du chef du gouvernement, qui a promis d’examiner et de tirer les conclusions qui s’imposeront.
En attendant des sanctions
Ces rapports seront également transmis au président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, et au président de la Cour des comptes, Alain Christian Iyangui, pour une évaluation plus approfondie et des actions appropriées. Le gouvernement de transition est ainsi placé devant une responsabilité cruciale : restaurer la confiance dans la gestion des ressources stratégiques du pays et garantir la transparence et l’efficacité des processus de privatisation.
@info241.com