Dialogue national : l’opposition et la société civile posent ses conditions et exigent l’exclusion des « bourreaux d’hier »
Alors que plusieurs zones d’ombres subsistent toujours sur l’organisation du futur Dialogue national inclusif post-coup d’Etat du 30 août, 8 principaux partis de l’opposition gabonaise et 3 organisations de la société civile ont tenu un point de presse ce samedi 9 mars. Ils ont dénoncé dans une déclaration conjointe l’opacité de l’organisation de ces assises de la refondation du pays, fixé leurs conditions de participation et exigé l’absence à ce Dialogue des « bourreaux d’hier » du peuple gabonais.
Le gouvernement de la transition et le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) viennent de recevoir un sacré coup de pression de la part des partis d’opposition gabonaise et de la société civile. Réunis ce samedi après-midi à Libreville et après 5 heures de réflexion, ils ont accouché d’une déclaration qui ne laisse aucune ambiguïté sur leur envie de prendre part à la restauration du pays mais pas à n’importe quelles conditions.
Le contours flous du Dialogue
Ont paraphé cette déclaration tonitruante, les partis politiques que sont REAGIR, Gabon Nouveau, l’Union Nationale, le PRC, MORENA, l’ADERE, le PLC et le PARI. Mais aussi, les principales organisations de la société civile que sont le COTED, le Copil Citoyen et Dynamique Unitaire. Dans une déclaration lue par leur porte-parole Armelle Yembi Yembi, le regroupement n’a pas épargné les autorités de la transition quant aux lacunes observées dans les préparatifs du Dialogue national.
Les acteurs de l’opposition et de la société civile au cours de leur déclaration
Les participants ont notamment déploré « la confiscation de l’organisation par la seule autorité gouvernementale ; l’absence de transparence à ce jour sur les préparatifs dudit dialogue national dont ni la date ni les termes de références, à 3 semaines du mois d’Avril, ne sont toujours pas connus ». Tout comme ils questionnent « les contours de ce dialogue, c’est-à-dire : le type, le format, les critères de participation, la portée juridique des résolutions ».
La résurrection de l’ex parti présidentiel
« Les participants s’étonnent de constater une résurrection, voire une réhabilitation du parti démocratique gabonais (PDG) dont nous connaissons le rôle, la responsabilité dans la gestion calamiteuse et chaotique du pays qui a justifié l’intervention libératrice par les forces de défenses et de sécurité », s’est offusquée la porte-parole de ces partis et organisations de la société civile. Une renaissance programmée de l’ex parti au pouvoir qui veut prendre une part active à ces travaux.
« En dépit du caractère inclusif voulu, le peuple refuse et ne peut donc accepter de dialoguer avec ses bourreaux d’hier qui n’ont toujours pas fait œuvre de contrition et de repentance en affichant la même condescendance qui les a toujours caractérisés », s’est clairement positionnée la déclaration appelant ainsi à exclure le PDG ou tout du moins certains cadres de l’ancien régime « dont on connait le rôle, la responsabilité néfaste et criminelle dans la gestion du pays au cours des quatorze dernières années à savoir les crimes politiques, économiques, rituels et pour lesquels aucune enquête n’a jamais été diligentée ».
Préalables et exigences
L’opposition gabonaise et la société civile ont ainsi exigé 5 préalables : « La mise en place d’une instance préparatoire indépendante, c’est-à-dire sans la participation du CTRI et du Gouvernement ; les garanties de sécurité des acteurs politiques, de la société civile et tous les participants avant, pendant et après le dialogue national ; La diffusion en direct de l’intégralité des travaux des assises du dialogue national afin de donner du sens à son caractère inclusif ; La liberté de désignation des partis politiques et la société civile de leurs représentants ; et La tenue d’une réunion d’élaboration d’un code d’engagement sur l’honneur ».
Après avoir exigé la libération de « l’ensemble des Gabonais arrêtés lors des précédents contentieux électoraux », les participants ont appelé à « une participation patriotique désintéressée sans mercantilisme et opportunisme ; cela devant se traduire par le non versement de perdiems ou toute autre forme de rémunération et de privilèges ». Pour ces forces vives de la nation, "Une partie de l’enveloppe prévue à cet effet ne devra servir qu’à l’organisation pratique et transparente de l’événement". Autant de préalables et exigences posés sur la table des autorités de la transition.
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