Jean-Claude Labouba, un des fidèles serviteurs d’Omar Bongo devenu patron de police
Depuis 1946, la police gabonaise n’a de cesse arrêté de se mouvoir et de se développer dans le but d’atteindre sa forme actuelle. Appelée dans ses premières heures « police municipale », la création de cette corporation faisait suite à l’adoption de la constitution donnant naissance à la Quatrième République de France associant la métropole et les départements d’outre-mer, territoires associés et Etats associés.
En effet au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, l’empire colonial français tenait absolument à se réinventer et décida de réformer ses anciennes colonies d’Afrique équatoriale et d’Afrique occidentale. Elles devinrent entre autres des territoires français à part entière et des avancées politiques furent observées à l’instar de l’attribution directe de la nationalité française ou encore de l’autorisation de création des formations politiques. Bien après que les anciens territoires français d’Afrique furent autorisés à accéder à la souveraineté internationale, plusieurs d’entre eux notamment le Gabon fit le choix de moderniser davantage les différentes organisations de sécurité et de défense.
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Le 20 août 1964 sur ordonnance émanant de la présidence gabonaise, le corps autonome de la sûreté nationale est institué. Près de 13 ans plus tard soit le 18 avril 1977, la sûreté nationale prend pour dénomination « Forces de police nationale ». Durant toutes ces années, nombreux sont les gabonais qui nourrissent le rêve d’incorporer les unités de police bien que celles-ci sont très souvent critiquées pour leur brutalité et leur impartialité lors des différents mouvements d’humeur étant contrôlées par les présidents au pouvoir que furent d’abord Léon Mba jusqu’en 1967 puis Albert Bernard Bongo. Originaire de la même province que le dernier cité, Jean-Claude Labouba (1951-2021) intégra la police nationale très jeune jusqu’à atteindre l’un des points culminants de sa corporation : celui de commandant en chef des Forces de police nationale. Il fut aussi un membre actif de l’administration du régime Bongo.
Naissance
C’est dans la région territoriale gabonaise du Haut-Ogooué que naît le 3 février 1951 Jean-Claude Labouba au village Kabaga, situé aujourd’hui dans le département de la Djouori-Agnili.
Parcours scolaire
Elève assez brillant, Jean-Claude Labouba décroche tour à tour son Certificat d’études primaires ainsi que son Brevet d’études du premier cycle. En 1970, il obtient son baccalauréat. Le jeune Labouba décide alors de poursuivre ses études et s’inscrit l’année académique suivante à l’Université nationale du Gabon (UNG) dénommée de nos jours Université Omar Bongo (UOB). Il arrêtera brusquement ses études afin de rejoindre la police nationale du Gabon. Après son intégration dans les Forces de police nationale, Jean-Claude Labouba est envoyé en Côte-d’Ivoire pour y suivre sa formation d’officier.
Carrière administrative et diplomatique
A l’issue de sa formation en terre ivoirienne, Jean-Claude Labouba regagne sa patrie. Devenu lieutenant au sortir de sa formation, il est envoyé dans la province du Haut-Ogooué à Franceville, chef-lieu de ladite province. Il devient le nouveau commissaire de police de la contrée. Quelques temps après, Jean-Claude Labouba bénéficie d’une nomination pour occuper le poste de directeur administratif de la Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG). Il y restera en fonction durant 8 ans de 1974 à 1982. Le président Omar Bongo décide de l’envoyer en expatriation en faisant de lui un acteur de la diplomatie gabonaise dans le monde.
Il y a lieu de souligner que Jean-Claude Labouba est un proche du chef de la république gabonaise bien que n’étant pas du même village. Jean-Claude Labouba est un fidèle parmi les fidèles du chef de l’Etat qui est en grosse partie responsable de son ascension sociale. Il monte en grade au sein de la police nationale et obtient le grade de lieutenant-colonel.
En 1981, Jean-Claude Labouba est propulsé ambassadeur du Gabon au Canada. Il va occuper cette fonction pendant environ 4 ans. En 1985, Jean-Claude Labouba est choisi par le président Bongo pour être le nouveau patron de la représentation diplomation du Gabon en France. Quatre ans durant, Jean-Claude Labouba est le nouvel homme fort du Gabon en France. Il sera ensuite affecté à l’ambassade du Gabon près le Saint-Siège à Rome.
Le lieutenant-colonel Jean-Claude Labouba présenta pour l’occasion ses lettres de créance au pape de l’époque Jean-Paul II. Après son périple diplomatique, le lieutenant-colonel Jean-Claude Labouba sera de facto nommé directeur général de l’ancienne compagnie nationale aérienne gabonaise « Air Gabon » puis se verra confier la fonction de gouverneur de province. C’est dans son Haut-Ogooué natal qu’il prendra ses fonctions. Entre la fin des années 1980 et l’année 1994, le lieutenant-colonel Jean-Claude Labouba sera élevé au grade de général d’armée.
Retour au sein des Forces de police nationale
En 1994, le désormais général d’armée Jean-Claude Labouba est renvoyé dans son administration d’origine notamment celui de la défense nationale et de la sécurité intérieure dans le but d’occuper un poste de commandement. En 1994 toujours précisément le 6 décembre, le poste de commandant en chef en second des Forces de police nationale est mis sur pied par le décret n° 0001490/PRMDNSI. Le décret n°000501/PR/MDNSI du 31 mai 1995 acte la prise de fonction du général d’armée Jean-Claude Labouba pour occuper le poste de commandant en chef en second des Forces de police nationale.
Environ trois ans après avoir pris ses fonctions, le général d’armée Jean-Claude Labouba obtient la promotion ultime pour être le nouveau patron des Forces de police nationale. Il est ainsi propulsé à la fonction de commandant en chef des Forces de police nationale le 9 mars 1998 par le biais du décret n°00267/PR/MDNSI/P&T en remplacement du général d’armée Athanase Nzamba en poste depuis le 3 novembre 1993. Après près de 5 ans passés à la tête du commandement des Forces de police nationale, le général d’armée Jean-Claude Labouba fait valoir son droit à la retraite le 15 avril 2003.
Grosse ombre sur le tableau
Dans la nuit du 13 au 14 septembre 2003, le très célèbre artiste gabonais Serge Egniga est assassiné de façon inhumaine. En effet, après avoir été roué de coups, il semblerait que le corps du défunt ait été traîné jusqu’au niveau de la voie ferrée se trouvant à quelques encablures de la gare ferroviaire d’Owendo situé dans la province de l’Estuaire. Les meurtriers laissent leur victime allongée sur les rails. Au passage du train, le corps se fera déchiqueter. La consternation gagne le pays, une enquête est ouverte mais des rumeurs de plus en plus assourdissantes révèlent que c’est le général d’armée à la retraite Jean-Claude Labouba qui aurait été le commanditaire de l’assassinat.
Par ailleurs, certains cancans blanchissaient le général d’armée, bien que beaucoup de versions de cette sordide affaire s’accordaient sur le mobile du crime qui était axé sur la jalousie car le chanteur à succès avait une relation clandestine avec une des maîtresses du commanditaire. Celui-ci serait un puissant homme politique originaire de la même province et de la même ville que le disparu. Quoi qu’il en soit, aucune preuve matérielle encore moins un témoignage n’ont permis de mettre hors d’état de nuire le responsable derrière cet assassinat prémédité. Jusqu’à ce jour, le meurtrier ou les meurtriers de Serge Egniga courent toujours.
En outre, le 15 octobre 2001, le général d’armée Jean-Claude Labouba avait fait convoquer le chef de la Société gabonaise de presse (Sograpresse) pour le sommer de ne plus recevoir un journal international du nom de « Le Gri-Gri international » car celui s’attaquait ouvertement au président Bongo. Reporter sans frontières (RSF), organisation non gouvernementale défenseure de la liberté de la presse dans le monde, s’était offusquée de cette énième interdiction en signe de musèlement de la liberté d’expression au Gabon malgré l’engagement d’Omar Bongo de veiller à la libre expression lui qui déclarait d’ailleurs « Il y a des gens, comme Mitterrand ou comme moi, à qui les critiques ne provoquent pas d’insomnie ».
Disparition
Le général d’armée Jean-Claude Labouba, septuagénaire, décède le 5 novembre 2021 à l’Hôpital d’instructions des armées Omar Bongo Ondimba à la suite de complications respiratoires liées à la pandémie de coronavirus qu’il avait contracté. Au début des années 2010, il avait notamment été frappé par un accident vasculaire cérébral (AVC) qui avait fortement fragilisé son état de santé. Le défunt était âgé de 70 ans au moment de son décès.
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