Tout sur l’histoire et la signification du drapeau tricolore gabonais
A l’occasion du 61e anniversaire de l’Indépendance du Gabon célébrée ce 17 août 2021, la rédaction d’Info241 vous invite à redécouvrir quelque grands traits de notre Nation. Ce, au travers d’une série d’articles inédits de notre rubrique Fragments d’histoire qui prend langue habituellement, chaque lundi matin, avec l’histoire du Gabon et de ses acteurs héroïques. Ce troisième et dernier article s’intéresse à l’histoire de notre symbole national qu’est le drapeau.
Le drapeau d’un pays constitue à ne point douter l’un des éléments primordiaux de son patrimoine national et ne doit n’être altérer pour quelque raison que ce soit. Il est l’un des symboles qui caractérisent puissamment une république notamment sur le plan international mais il est souvent bon d’en retracer l’histoire : voici celle du drapeau gabonais ainsi que ses contours.
Genèses politiques
En 1946, l’Union Française voit le jour par le biais de l’instauration de la IVème république qui favorisait fortement la capacité des peuples issus des colonies françaises à disposer d’eux-mêmes. Voulant matérialiser cette avancée dans la considération des autorités françaises pour ses territoires d’Outre-Mer, la nationalité française est octroyée aux autochtones de ces contrées de l’empire français et ce dès le 7 mais 1947 car la nouvelle constitution précisait dans certaines de ses dispositions que la France et ses colonies n’étaient qu’une seule et même nation.
Mais l’année 1956 marque la mise en place des jalons d’une aspiration réelle de la part des autorités de Paris à rendre autonomes ses colonies ; l’Assemblée Nationale Française adopte le 23 juin 1956, un projet de loi introduit par Gaston Deferre, homme politique et résistant français, qui encourage la décolonisation des territoires français d’Afrique afin qu’ils accèdent à la plus haute marche de la liberté : la souveraineté internationale. C’est la célèbre loi-cadre de 1956 qui porte le nom de ce dernier qui était ministre d’Outre-Mer à ce moment.
Il faut dire que la montée des mouvements nationalistes africains en ces temps a fortement influencée l’appareil décisionnel des occupants coloniaux qui n’avaient d’autres choix que de se résoudre à lâcher du leste avec les bouleversements politiques qu’entraîna la Seconde Guerre Mondiale ; il faut alors repenser la colonisation mais en favorisant une réelle émancipation des peuples colonisés en leur “cédant“ la gestion politique de leurs terres mais en ayant une marge de manœuvre socio-économique quasi similaire à la pleine période coloniale. L’adoption des caractéristiques de formalisation et d’élaboration du drapeau gabonais débute avec l’instauration de la Communauté franco-africaine qui a été largement voulue par les gabonais lors du référendum de 1958 votant majoritairement le “oui“.
Le Gabon devient ainsi un pays autonome mais pas encore indépendant. Les Etats de l’Afrique Centrale veulent s’unir en formant un bloc fédéral du nom de l’Union des Républiques de l’Afrique Centrale (U.R.A.C) afin d’élaborer des armoiries, un hymne et un drapeau commun, mais ce projet ne voit pas le jour et le drapeau gabonais connaîtra un autre épilogue. Selon le professeur Anges François-Xavier Innocent Ratanga Atoz, ce sont Léon Augé et Pierre Claver Eyeghe, élèves en première dans un lycée de Paris, qui conçoivent le premier drapeau gabonais avec les trois couleurs qu’on lui connaît.
Evolution du drapeau gabonais
Alors qu’il n’était qu’un territoire anonyme et abritant des peuples c, le Gabon n’était qu’un territoire du vaste empire du Congo et n’avait aucun drapeau car c’est l’arrivée du colon qui inculque de telles notions aux peuples africains qui vivaient sans éducation conventionnelle importée d’Europe.
Lorsque le Gabon devint une colonie française entre la période où il est affilié au Congo français (entre 1880 et 1906) et à l’Afrique Equatoriale Française (entre 1910 et 1958), on peut affirmer sans se tromper que le drapeau gabonais est celui de la République de France en l’occurrence le drapeau aux couleurs bleu, blanc et rouge.
Mais vers son indépendance, entre 1958 et 1960, le Gabon devient une République autonome mais demeurait encore une communauté de l’Etat français.
Le drapeau transitoire entre 1959 à 1960
Elle a alors un premier drapeau quasi officiel, une sorte de drapeau transitoire en attendant les derniers préparatifs et arrangements politiques qui conduiront le pays à son indépendance. On peut parler d’un drapeau colonial franco-gabonais car le pays n’est pas encore un Etat souverain mais bel et bien un territoire autonome français d’Outre-Mer. Il est composé d’une bande verte, d’une fine bande jaune et d’une bande bleue ; on retrouve dans le canton supérieur gauche de celui-ci un drapeau français, signe que le Gabon est encore un giron de la France.
En février 1960, Léon Mba aurait décidé de l’adoption d’un drapeau bleu, blanc rouge comme celui de la France avec pour seule différence, l’apposition du dessin de l’okoumé, arbre par excellence de la forêt du Gabon. Mais il se susurre que c’est le Monsieur Afrique de l’Elysée, Jacques Foccart, qui lui aurait demandé de vite abandonner cette idée. Par ailleurs, madame Hortense Colette Ozounguet (proche de Paul Marie Gondjout, président de l’assemblée nationale de cette époque) avait confié lors des festivités du cinquantenaire de l’indépendance dans d’une interview au média français Radio France Internationale (RFI), qu’au moment des choix des symboles de la future république, Léon Mba avait suggéré l’introduction d’un petit bout de drapeau français au bas du drapeau tricolore.
Cette même année, le choix de deux autres drapeaux à trois bandes horizontales fut le sujet volcanique du parlement : le premier avait deux bandes de couleurs verte et bleu séparées par une infime bande jaune et le second, trois bandes de couleurs verte, jaune et bleue de dimensions similaires. Le parti de Léon Mba, le Bloc Démocratique Gabonais (BDG) et celui de son opposant principal Jean-Hilaire Aubame, l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise (USDG) étaient très aux antipodes sur le choix du drapeau. Le BDG prônait pour le premier cité plus haut et l’USDG pour le second. Au terme de longues discussions parlementaires, houleuses et acharnées, c’est finalement le drapeau proposé par le camp de Aubame qui sortit vainqueur lors du vote des députés. C’est ainsi que le drapeau aux bandes de mêmes dimensions et de couleurs verte, jaune et bleu fut approuvé.
Significations, signifiances des couleurs et civisme
Le drapeau gabonais est le pavillon civil et marchand de la république gabonaise. Tel qu’on le voit de nos jours, le drapeau du Gabon est composé de trois bandes horizontales que sont une bande verte, une bande jaune et une autre bleue. Le vert est symbole de la forêt équatoriale, de la fertilité et de la richesse agricole ; le jaune lui est le symbole de l’équateur qui traverse le territoire d’Ouest en Est. Il évoque le soleil, la richesse minière et l’hospitalité.
Le drapeau gabonais
Le bleu est symbole de la mer qui baigne les côtes du Gabon. Il représente aussi les nombreux cours d’eaux qui sillonnent le pays, le ciel et l’image de paix que reflète le Gabon. Mais de façon initiale, la première couleur représentait tous les pays de forêt et renvoyait à l’espérance et à la foi en un avenir meilleur, la deuxième avait trait à tous les pays de la savane ainsi qu’à la persévérance et la dernière se rapportait aux pays bordant l’océan Atlantique et symbolisait la dignité humaine et à la noblesse dont nous devons faire montre.
Le drapeau gabonais est souvent soumis à plusieurs interprétations de la part des civils et même des plus hautes autorités. Conçu par l’héraldiste et vexillologue suisse, Louis Mühlemann, par ailleurs dessinateur des armoiries du Gabon qui ne semble connu que par peu de gabonais. “Si nous suivons les proportions établies par la constitution (loi n°54/60 du 9 août 1960) vous obtenez un drapeau qui est plus proche du carré que du rectangle.
C’est en discutant avec les experts en vexillologie que l’emblème du Gabon était actuellement le seul au monde au ratio de 3 : 4. Il est donc plus qu’impératif de définir les nuances des couleurs du drapeau ainsi que ses dimensions car le constat sur le terrain est très accablant. “ avait écrit Franck Makosso, un jeu gabonais, dans une correspondance adressée à Ali Bongo Ondimba le 13 novembre 2013. Ce dernier s’était en effet attelé à définir un code officiel du drapeau afin qu’il soit adopté.
Ce symbole est souvent négligé et moqué par quantité de personnes ne faisant pas preuve de civisme et d’autres totalement ignorantes de son importance et sa représentation. Personnalités et citoyens se trompent même quand aux couleurs réelles des bandes que forment le drapeau : en lieu et place du bleu roi, ils disent que c’est un bleu azur mais ne savent sûrement pas que cette couleur est héritée du bleu du drapeau français qui est lui roi. Il est déplorable de voir qu’au sein de plusieurs infrastructures et bâtiments, le drapeau est souvent hissé de façon à ce que ses bandes deviennent verticales et non horizontales ainsi qu’il est officiellement établi. Ulcéré par la circulation massive de drapelets qui favorise ces agissements, le ministre de l’intérieur avait prohibé en août 2011, les vente à la sauvette de ces drapelets qui ternissent l’image même du pays.
Rappelons-nous que le drapeau gabonais doit normalement flotter sur tous les bâtiments administratifs présents sur l’ensemble du territoire qu’ils soient publics ou privés. Hors de nos frontières, il est hissé à la façade de nos différentes représentations diplomatiques. Lorsqu’on le hisse, chaque personne présente doit faire silence, se décoiffer et se tenir droit sans esquisser le moindre geste, les bras le long du corps.
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