Ces mesures d’allègement du confinement au Gabon qui se contredisent elles-mêmes !
Le 30 juin, le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale est apparu aux côtés de cinq de ses ministres dont les départements sont impliqués dans la lutte contre le coronavirus au Gabon. De la série de mesures arrêtées pour alléger progressivement le dispositif mis en place au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, il ressort que le gouvernement gabonais n’entend pas forcément déconfiner totalement avant au moins le 17 août prochain. Des positions totalement en contradiction avec les réalités vécues sur le terrain par nos reporters.
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Entouré de quatre de ses ministres dont Alain Claude Bilie Bi Nze des Affaires étrangères, de Léon Armel Bounda Balondzi des Transports et de Lambert Noël Matha de l’Intérieur, c’est un Julien Nkoghe Bekale tendu et évasif comme il en a l’habitude ces derniers temps, qui s’est prêté aux questions de la presse. De cette joute oratoire, l’opinion a retenu, entre autres mesures, la réouverture des restaurants avec terrasse, hôtels, ainsi que l’allègement du couvre-feu qui passe désormais de 20 heures à 5 heures du matin au lieu de 18h à 6h. Les horaires de travail dans le public et le privé sont aussi revenues à la normale de 7h30 à 15h30.
Des mesures et des contradictions
Cependant, certes salutaires dans une grande partie de l’opinion, lesdites mesures, il ne demeure pas moins que le maintien des bars, motels, snack-bars, boîtes de nuit et lieux de culte clos met le même gouvernement dans une posture des plus inconfortables. Si tant est que les ministres qui se sont relayés au pupitre pour répondre aux questions de la presse justifient le maintien de ces mesures par le souci d’éviter des attroupements au delà des 10 personnes tel que décidé par le ministère de l’Intérieur. Cette affirmation est tout de suite battue en brèche par l’ouverture depuis deux mois des marchés publics.
En effet, il suffit d’un seul tour à Mont-Bouët un jour ouvrable pour se rendre à l’évidence que la distanciation sociale et le port obligatoire du masque sont un leurre au Gabon. Dans le plus grand marché de la capitale - et même dans tous les autres, l’affluence est inévitable. Partout, ce sont plusieurs individus qui sont amassés et se frottent entre clients, vendeurs et agents municipaux. Ici, le port du masque n’est pas exigé. Il n’est même pas obligatoire. Ce qui compte pour le marchand, c’est bien le chiffre d’affaires. Ci et là, la friperie assemble en moyenne une quinzaine d’individus autour de celui qui expose son « nouveau déballage ».
Des incongruités gouvernementales
Dans ces conditions, comment maintenir bars, motels et lieux de cultes fermés alors que ceux-ci ne concentrent pas plus de monde que les seuls marchés en une seule minute et chaque jour pareil ? Pourquoi faire du deux poids deux mesures en stigmatisant une catégorie d’opérateurs économiques de la sorte quand bien même, le gouvernement a mis un terme à sa pseudo prise en charge des loyers de ces commerçants privés de leur activité source de revenus ?
Et c’est fort à propos qu’une consœur interrogea gouvernement sur la différence entre un motel et un hôtel si tant était que « dans les deux, il y’a des lits », allusion faite au type d’activité qui s’y développe.
Une autre préoccupation qui traduit là clairement la contrariété du gouvernement, est la levée de la restriction de la circulation inter-provinciale qui reste assujettie à l’obtention d’un certificat de négativité à la Covid-19. Invités à définir clairement les contours de son obtention quand on sait la gymnastique qui avait déjà cours pour obtenir qui, un laissez-passer, qui d’autre une autorisation spéciale, le gouvernement est resté évasif comme d’habitude. Julien Nkoghe Bekale préférant menacer de façon peu voilée une presse qui selon lui, devait « rester concentrée », « éviter d’être hors-sujet » pour aller « annoncer la bonne nouvelle », tout de même !
En guise de bonne nouvelle, plusieurs observateurs et analystes n’hésitent plus à soupçonner que la lutte contre le coronavirus pourrait bien dissimuler une autre forme de lutte. Celle des manœuvres politiciennes sous l’ombre de plusieurs modifications de lois ces derniers temps.
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