Le Premier ministre gabonais déclare enfin ses biens... mais avec 11 mois de retard !
On a coutume de dire que l’exemple doit venir d’en-haut. C’est pour s’aligner à ce dicton que le Premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekalé, a déclaré hier ses biens à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement (CNLCEI). Sauf que nommé le 12 janvier 2019, Julien Nkoghe Bekalé aurait dû le faire avant sa prise de fonction le 15 janvier comme le stipule la loi. Soit une entorse à la législation de 11 bons mois ! Une opération qui intervient alors que le Premier ministre a également déclaré hier, la guerre à la corruption et à l’enrichissement illicite qui sont légions dans la sphère politique gabonaise, aux mains de la famille Bongo depuis 1965.
Julien Nkoghe Bekalé s’est enfin acquitté hier d’une exigence légale de déclaration de ses biens. En effet, selon la loi gabonaise, « tout dépositaire de l’autorité de l’État est astreint à l’obligation d’établir une déclaration de ses biens avant son entrée en fonction, tous les trois ans, pendant la durée de celle-ci et au moment de la cession de ladite fonction ». Nommé le 12 janvier et entré en fonction trois jours plus tard, Nkoghe Bekalé a ainsi été en infraction durant 11 mois et 4 jours.
Un soudain besoin de transparence
Mais le Premier ministre a eu hier une excuse toute faite pour expliquer ce long retard. « Nous n’avons pas pu le faire depuis janvier, parce que la Commission nationale contre l’enrichissement illicite n’était pas encore installée », s’est-il défendu. Sauf que la CNLCEI existe depuis 2002 sans discontinuité et a bel et bien un siège social connu de tous à Libreville. De plus, pour ne rien arranger à la défense du chef du gouvernement, le nouveau président de la CNLCEI, Nestor Mbou, a pris ses fonctions depuis le 24 mai 2019 ! Donc bien en place depuis cette date.
Le président de la CNLCEI raccompagnant le Premier ministre après la déclaration officielle de son patrimoine
A la lumière des événements de ces derniers jours, Julien Nkoghe Bekalé s’est enfin plié à cette exigence légale hier matin, en vue de faire une déclaration en soirée contre la lutte contre l’enrichissement illicite et les nombreuses malversations financières dont sont accusés plusieurs proches de l’ancien directeur de cabinet présidentiel, Brice Laccruche Fargeon.
Les autres membres du gouvernement sommés de déclarer à leur tour
Une opération toute commandée et recommandée pour le chef du gouvernement qui, rappelons-le, est lui aussi cité dans plusieurs scandales de mauvaise gestion et d’enrichissement illicite lorsqu’il était encore ministre du Pétrole. Surtout que l’on ne saura certainement jamais les éléments constitutifs de cette déclaration de biens et du patrimoine de ce haut cadre du parti au pouvoir.
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Après avoir montré l’exemple hier, la trentaine de membres du gouvernement devrait lui emboîter le pas. Les regards seront particulièrement tournés vers le désormais ministre Fargeon, qui devra lui aussi s’acquitter de cette exigence de transparence publique.
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