L’opposant gabonais Bertrand Zibi Abeghe condamné à 6 ans de prison ferme
L’ancien député du Haut-Ntem (Woleu Ntem), Bertrand Zibi Abeghe, ne sortira pas de prison d’aussi tôt. Ainsi en a décidé mardi le tribunal correctionnel de Libreville dans un verdict très attendu. Considéré comme l’un des nombreux prisonniers politiques du régime d’Ali Bongo, Bertrand Zibi Abeghe a été condamné à 6 ans de prison ferme pour « instigation aux coups et blessures volontaires » contre le nommé Hamed André Kemebiel et de « délit de détention d’arme à feu ». Ses compagnons d’infortune, Arnold Zang Obame et Thierry Guy Mouanga Mayombo, écopent quant à eux de 6 et 10 ans de prison.
Le verdict de l’affaire Zibi est tombé ce 23 juillet. L’opposant qui avait démissionné avec fracas du parti d’Ali Bongo, a été déclaré non coupable des « délits d’instigation aux actes et manœuvres de nature à provoquer des troubles ou manifestations contre l’autorité de l’État » et celui de « non-assistance à personne en danger ». Par contre, le tribunal correctionnel l’a condamné pour « instigation aux coups et blessures volontaires » et « délit de détention d’arme à feu ».
« Je suis très déçu du verdict ! Nous sommes cependant heureux de constater que certains délits n’ont pas été retenus. Sur quatre délits, seuls deux ont été retenus, dont un requalifié », a déclaré l’un des avocats de l’opposant mardi. « Mais malgré cela, voyez-vous, j’ai les larmes aux yeux. Six ans de prison ferme, pour un homme qu’on a reconnu n’avoir commis aucun délit, c’est énorme. Il a déjà passé trois ans en prison et je crois qu’il aurait dû être acquitté. Mais nous allons faire appel, c’est évident », a conclu Me Jean-Paul Moubembe.
Une vue des membres du tribunal dont le président Fulgence Ongama (centre)
Ses deux co-accusés Arnold Zang Obame et Thierry Guy Mouanga Mayombo ne s’en sortent pas mieux. Arnold Zang Obame a été déclaré coupable des délits de « détention illégale d’arme à feu », « d’usurpation de titre et de fonction ». Il écope d’une peine de 6 ans de prison. Quant à Thierry Guy Mouanga Mayombo, les juges ont requalifié le grief de « coups et blessures volontaires aggravés » en « coups et blessures volontaires » avant d’y ajouter celui de « séquestration arbitraire ». Il écope ainsi d’une peine lourde de 10 ans de prison.
Un verdict qui n’a pas manqué de faire réagir le public ayant suivi de près cette affaire à rebondissements où les co-accusés de l’opposant avaient déclaré lors de l’audience du 2 juillet, avoir été contraints de signer des aveux sous la torture des gendarmes de la Direction générale des recherches (DGR) pour faire accuser Bertrand Zibi Abeghe dans cette affaire lourdement politique. Pour ne rien arranger, les trois personnes jugées ont été condamnées solidairement à verser 10 millions de dommages et intérêts à Hamed André Kemebiel, la victime présumée, qui en réclamait 300 millions.
Affaire à suivre...
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