Affaire Zibi : aveux sous torture + complot politico-judiciaire = procès à rebondissements !
Le procès de l’ancien député de Minvoul, Bertrand Zibi Abeghe, longtemps reporté depuis des mois, s’est enfin tenu ce mardi à Libreville. Le passage de plusieurs témoins, a clairement laissé transparaître le spectre d’un complot judiciaire contre le principal mis en cause au sommet duquel se trouveraient les gendarmes de la Direction générale des recherches. Ceux-ci auraient fait signer sous la torture aux co-accusés de l’opposant, des dépositions à charge contre Bertrand Zibi Abeghe. Les deux-accusés s’étant rétractés de ces aveux obtenus sous la torture des agents publics.
Bertrand Zibi Abeghe et ses co-accusés ont comparu hier au tribunal correctionnel de Libreville. L’ancien député qui avait démissionné avec fracas du parti démocratique gabonais (au pouvoir depuis 1968) durant la présidentielle de 2016 y était poursuivi pour détention illégale d’arme à feu, instigation aux troubles et aux manifestations contre l’autorité de l’État, instigation aux violences et voies de fait, non-assistance à personne en danger. Ses co-accusés étaient eux poursuivis pour avoir exercé des violences et commis des voies de fait sur un certain Hamed André Kemebie !, partie civile au procès.
Des aveux obtenus sous torture
Si les deux co-accusés, Arnold Zang Obame et Thierry Guy Mouanga Mayombo, ont reconnu les faits retenus contre eux durant l’instruction. Il n’en est rien pour Bertrand Zibi Abeghe qui a lui plaidé non coupable depuis le début de cette affaire. L’ancien député a été aidé dans sa défense par les témoignages des co-accusés qui se sont rétractés de leurs accusations impliquant l’ex-député des faits de violence sur Hamed André Kemebiel. Faits qui se seraient produit au quartier général de l’opposant Jean Ping, dans la nuit sombre du 31 août 2016.
Le président du tribunal et ses assesseurs lors de l’audience d’hier
A la barre, Zang Obame et Mouanga Mayombo ont tout nié en bloc, démontrant le bidonnage de leurs aveux obtenus par la torture. Zang Obame a notamment déclaré : « Je n’ai jamais été recruté par Bertrand Zibi qui, soit dit en passant, est un parent. Cela fait plus de 6 ans qu’on ne se voit pas. Je ne connais rien de ce qu’on accuse. J’ai déjà un emploi dans une société de sécurité. Quand on m’a arrêté, j’avais un sac contenant mon matériel de travail. J’ai signé à la DGR les procès-verbaux, qui avaient déjà été préparés à l’avance, sous la torture ». Plus grave, poursuit ce mis en cause, « Le juge d’instruction a repris les mêmes procès-verbaux et m’a tout simplement de-mandé de signer », a-t-il déclaré sous serment.
Un témoin-clé forcé à mentir
Le procès a été aussi ponctué par un autre coup de théâtre. Alors que l’accusation en faisait un témoin clé dans cette affaire, Aristide Pemba a botté en touche lui aussi des allégations du ministère public et de la partie civile contre l’ex-député. Ce témoin a en effet déclaré à la barre que « Kemebiel ici présent et ses complices m’ont forcé pour que je fasse des déclarations compromettantes contre Bertrand Zibi. Je refuse de participer à un complot ourdi contre lui, je refuse de participer à de viles opérations consistant à accuser injustement quelqu’un ». Voilà qui a mis l’assistance bouche-bée.
Bertrand Zibi et ses quatre avocats
Hamed André Kemebiel qui accusait Bertrand Zibi Abeghe et ses co-accusés de l’avoir séquestré et violenté semble lui-même appartenir à ce vaste complot monté en épingle par des « complices » que pourraient bien connaitre la DGR. Cette manifestation de la vérité n’a pas empêché le ministère public à réclamer 10 ans de prison et une amende de 250 000 francs contre Bertrand Zibi Abeghe, 5 ans de prison et 300 000 francs d’amende contre Arnold Zang Obame et 10 ans de prison et 500 000 francs d’amende contre Thierry Guy Mouanga Mayombo.
Verdict attendu pour fin juillet
Le verdict de cette sordide affaire qui a forte odeur de complot judiciaire doublée de complot politique contre ce leader de l’opposition qui avait démissionner publiquement devant Ali Bongo, est vivement attendu pour le 23 juillet prochain. Avec ces revirements, et les accusations de torture utilisée contre les accusés pour obtenir des aveux, il est clair que la justice gabonaise est plus que jamais appelée à faire triompher la vérité, rien que la vérité pour ces prévenus détenus depuis près de 3 ans en prison pour des faits qui pourraient bien avoir été montés de toute pièce.
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