Polémique

Servir la dictature au Gabon avec le bâton et la carotte

Servir la dictature au Gabon avec le bâton et la carotte
Servir la dictature au Gabon avec le bâton et la carotte © 2019 D.R./Info241

Dans cette tribune, le président de l’ONG Agir pour le Gabon Alphonse Louma Eyougha revient sur l’échange téléphonique entre le ministre Franck Nguema et l’activiste Hervé Mombo Kinga rendu public ce week-end. Pour l’auteur le ministre anciennement dans l’opposition tente de servir la dictature avec le bâton et la carotte. Au contraire, « les Bongo doivent indemniser Hervé Mombo Kinga pour tous les préjudices causés ». Lecture.

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[Lire aussi >>> Un ministre d’Ali Bongo tente d’acheter le silence

L’enregistrement audio qui circule sur les réseaux sociaux et que je viens d’écouter est riche d’enseignements et je ne peux m’empêcher de partager mon opinion à tous les compatriotes et aux amis du Gabon qui vont prendre connaissance de ce document fort instructif et historique.

Franck Nguema et Hervé Mombo Kinga sont deux adultes et chacun d’eux est libre d’avoir ses convictions politiques et de choisir son camp politique.
Moi, en tant que personnage public et acteur de la société civile je peux m’autoriser d’apprécier les agissements d’autres compatriotes qui sont dans l’espace public.

Je dis clairement que Monsieur Franck Nguema est passé du mauvais côté de l’histoire de notre pays en choisissant de servir la dictature des Bongo, Il en a le droit comme d’autres avant lui et qui sait, si cette dictature perdure d’autres personnes n’hésiteront pas à trahir leurs convictions patriotiques pour passer avec armes et bagages dans « le mangement ».

Monsieur Franck Nguema est libre de commettre un parricide en s’alliant aujourd’hui avec l’ennemi juré de son oncle pour ne pas dire son père puisque nous sommes africains.
En 2009 j’ai fait , avec d’autres compatriotes, la campagne électorale de André Mba Obame.
Nous avons accompagné AMO depuis le début de la campagne électorale des présidentielles jusqu’à sa mort. Avec lui nous avons fait le tour du Gabon ,dormi dans la plupart des villes et villages de notre pays.

Et puis, nous avons été parmi les milliers de gabonais à l’avoir accompagné jusqu’à sa dernière demeure à Meudouneu, sa ville natale.
Ensemble nous avons pensé et créé le parti Union Nationale.
Je n’ai pas la prétention de dire ici que nous aimions AMO plus que ne l’aimait Franck Nguema car lui, il était son fils et nous des amis politiques.

Cependant, nous avons le droit de nous indigner et même de nous offusquer de voir un des enfants d’AMO qu’il a nourri et à qui il a tout donné cracher ainsi sur sa tombe.

Tout ça à cause des honneurs, de l’argent ou du poste de ministre délégué.
Tout ça pour ça ? Est-on tenté de se demander.
Ingratitude quand tu nous tiens !

Mais monsieur Franck Nguema gagnerait à se taire et à manger tranquillement l’argent de ceux qui ont fait voir des verts et des pas mûrs à son père. La bouche qui mange ne parle pas , dit la sagesse populaire.

Dans sa conversation téléphonique avec Hervé Mombo Kinga il reconnaît clairement « qu’ils » ont bombardé à plusieurs reprises la télévision de Mba Obame.
Ali Bongo a volé la victoire de Mba Obame et jusqu’à la mort de ce dernier il a été impitoyable avec lui ainsi qu’avec ses soutiens.

C’est Ali Bongo ,lui-même, qui a donné l’ordre de couper les salaires des membres du gouvernement de AMO pendant trois ou quatre ans et de les séquestrer un mois durant au PNUD.

Ali Bongo est un monstre froid, tout le monde le sait.
Si Ali Bongo n’a pas assassiné AMO, il a précipité sa mort. Il l’a détruit, c’est sûr.

J’ai eu le privilège de discuter seul à seul et à plusieurs reprises avec AMO à Libreville , à Port-Gentil et à Paris et je peux affirmer qu’André Mba Obame n’était plus le frère et l’ami de Bongo Ali.

Dans la conversation avec Hervé Mombo Kinga le fils d’André joue au bon samaritain en faisant croire que son intervention auprès de ses nouveaux alliés du gouvernement des putschistes a été déterminante dans la libération de Mombo Kinga.

A quoi a donc servi la mascarade de procès que le gouvernement a organisé pour aboutir à la libération de ce dernier ?
Mon point de vue : les Bongo doivent indemniser Hervé Mombo Kinga pour tous les préjudices causés.

Hervé n’a pas besoin des miettes de Franck Nguema en guise de corruption pour acheter son silence.
La télévision d’AMO demandant la libération des prisonniers politiques quoi de plus normal. On comprend mieux aujourd’hui que ces messages demandant la libération des prisonniers politiques étaient en fait un chantage en direction du pouvoir Bongo : « Arrêtez-moi sinon je fais un malheur ».
Message subliminal compris cinq sur cinq par l’AJEV, l’association de Brice Laccruche Alihanga Fargeon.

Quid des autres prisonniers politiques encore détenus dans les geôles de la gestapo des Bongo ? Silence, on organise encore des faux procès avec des multiples renvois.
Ce n’est un secret pour personne que la dictature sous tous les cieux utilise invariablement la technique du bâton et de la carotte..

La télévision du futur avait atteint l’audimat le plus élevé du pays. Le pouvoir a commencé par lui couper le signal satellitaire, réduisant son espace de diffusion à quelques quartiers de Libreville. Ensuite, « TV plus » n’avait plus de publicités, les annonceurs ne voulant pas prendre les risques de déplaire au pouvoir émergent en achetant des encarts publicitaires dans un médias proche de l’opposition. On n’oublie pas les nombreuses visites de commandos encagoulés armés jusqu’aux dents partis pour molester, blesser les agents de la télévision et saccager ses installations.

La suite, on la connaît. Le Boss de la télévision du futur devient le griot de ses bourreaux d’hier après avoir été nommé député indépendant.
C’est la même technique que semble vouloir appliquer à Hervé Mombo Kinga monsieur Franck Nguema.

Dans leur échange téléphonique il lui dit ceci en substance ; « tu as été en prison. Tu as déjà payé un lourd tribut pour ton engagement politique,maintenant prends du recul, sois sage et je vais t’aider à te reconstruire. Sinon tu risquerais de retourner au gnouf ». Vive la dictature dans la république bananière des Bongo.

Aucun retournement de veste ne peut empêcher la fin d’une dictature. Et la fin de celle des Bongo est plutôt proche, il n’y a aucun doute. Et « toute compromission se paie tôt ou tard » pour citer Norbert Zongo.

La patrie ou la mort nous vaincrons !

Dr Alphonse Louma Eyougha
Président de l’ONG Agir pour le Gabon

@info241.com
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