La CNAMGS n’est plus « agréée » dans plusieurs établissements sanitaires du Gabon
La mise en place et l’élargissement de la couverture médicale par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) ont été longtemps salués tant sur le plan national qu’international. Fort de son succès, différents acteurs politiques, tous bords confondus, ont même voulu, à tort et à travers, s’en approprier la paternité. Cependant, aujourd’hui, suite aux nombreux défauts de paiements souvent accusés par cette structure étatique auprès de ses partenaires, prestataires et autres fournisseurs, ces derniers estiment cette collaboration non fiable, et certains ont en conséquence jugé nécessaire de prendre radicalement des distances, en rompant formellement ladite collaboration. Une situation qui n’est pas sans grands dommages pour les usagers.
En effet, plusieurs cliniques et pharmacies ayant éprouvé dans le passé des difficultés à recouvrer les sommes qui leur étaient dues par la CNAMGS n’acceptent plus de recevoir ou de servir soins et médicaments aux personnes couvertes uniquement par cet assureur santé.
« Vous savez qu’on ne prend pas la CNAMGS non ? », telle est, par exemple, la question désormais posée aux usagers de la pharmacie de Nzeng-Ayong avant de bénéficier de tout service ou d’une quelconque information. Un accueil quasi similaire réservé à ceux sollicitant les prestations et services de la plus récente des pharmacies du quartier Awendjé, dans le 4ème arrondissement de Libreville. Celle située au lieu dit « Fin Goudron » dans le 6ème arrondissement ne déroge non plus à cette attitude qui semble devenue une règle.
« Nous non plus nous n’acceptons pas la CNAMGS. Si déjà même les grandes et anciennes pharmacies de Libreville ont connu des problèmes et n’en veulent plus, ce n’est pas nous, les petites structures, qui sommes en zones périurbaines qui allons accepter », explique, lors d’une discussion informelle, une des caissières de la pharmacie de Kango.
D’après un ancien haut cadre de la direction des prestations de la CNAMGS aujourd’hui en poste à la délégation des Bas de Gué-Gué interrogé par Info241, cette attitude n’a rien d’illégal : « Nous ne disposons d’aucun moyen ou pouvoir de coercition pour les contraindre à agir autrement. Il faut comprendre que ce sont des entrepreneurs privés et qui ont donc un certain nombre de charges à assumer. Alors, s’ils estiment que telle ou telle autre situation n’est pas rentable, fiable ou viable pour leurs entreprises, ils ont le droit de se rétracter. Ce n’est pas seulement une question de stratégie mais surtout de survie de leurs structures ».
Cependant, poursuit-il, « la CNAMGS fonctionnant sur le régime du tiers payant, seuls les prestataires sont remboursés et non les usagers ». En conséquence, dans ce genre de situations, ces derniers ont le choix entre payer de leurs poches consultations et soins médicaux ou de s’en priver. Un gros dilemme auquel sont souvent confrontées les populations issues des milieux très modestes, voire précaires, notamment ces citoyens désormais politiquement et administrativement catégorisés comme Gabonais économiquement faibles (GEF).
Plus grave, ces situations ne sont pas observables uniquement dans les hôpitaux privés. Le phénomène touche également les établissements hospitaliers publics, d’après un membre de l’Association Contre le Risque Médical (ASCORIM). D’après cette voix autorisée de cette association créée et présidée par Aminata Ondo et qui lutte contre les erreurs, les négligences et autres errements en milieu hospitalier, des personnes, bien que détentrices d’une carte d’assurance CNAMGS valable, se sont vues refuser soit des hospitalisations, soit des interventions chirurgicales, et ce, même lorsque le pronostic vital était engagé pour certains, parce qu’elles n’étaient en mesures de payer en espèces les frais exigés.
D’ailleurs, d’après nos informations, avec l’appui et en collaboration avec l’ancienne équipe dirigeante de la CNAMGS, cette association a mené pendant plusieurs mois une enquête sur ces dérives. Les résultats de celle-ci n’ont pas encore été rendus publics à ce jour.
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