Les sénateurs gabonais continuent de s’opposer à Ali Bongo et aux ordonnances visant leur réduction
La réduction de 102 à 52 du nombre de sénateurs continue de créer des remous auprès des premiers concernés. Le sénat, désormais seule chambre parlementaire au Gabon du fait de la suppression de l’Assemblée nationale, a annoncé la couleur mardi en auditionnant le ministre de l’Intérieur. Les sénateurs à majorité du parti au pouvoir ne voteront donc pas les ordonnances du gouvernement d’Ali Bongo y relatif. Une situation de blocage qui pourrait faire tâche et entraîner un nouveau retard dans la tenue des législatives repoussées depuis décembre 2016.
Les sénateurs gabonais continuent de faire de la résistance aux reformes institutionnelles voulues par Ali Bongo. Mardi, ils ont à nouveau exprimé leur opposition aux ordonnances portant augmentation et répartition des sièges de députés soutenues par le gouvernement. Cette fois, les vénérables ont une excuse en béton à opposer : « le système bicaméral en vigueur au Gabon, ne le permet pas à une chambre du parlement à elle seule 2/3 des parlementaires ».
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« Nous nous interrogeons sur le fait que le gouvernement prévoit dans cette ordonnance que le nombre des députés augmente de 120 à 143 et que le nombre des sénateurs soit réduit de 102 à 52, presque de moitié, alors qu’il y a une loi par rapport au système bicaméral qui dit qu’aucune chambre du parlement ne doit avoir 2/3 des parlementaires. L’ordonnance présentée n’est pas conforme », ont indiqué de manière unanime l’ensemble des sénateurs, tout bord politique confondu.
Pour eux, « si l’Assemblée nationale détient 2/3 des parlementaires, elle s’arrogerait tous les pouvoirs pouvant lui conduire jusqu’à modifier de manière unilatérale la Constitution, sans tenir compte de l’autre chambre du parlement qu’est le Sénat ».
Aussi, les élus de la haute chambre du parlement ont également exprimé leur désapprobation au ministre de l’Intérieur sur le manque d’équité, dans la répartition des sièges. Ils ont marqué leur désaccord sur le fait que certains cantons sont annexés aux sièges d’arrondissements. C’est le cas dans la province de la Nyanga où le siège du premier arrondissement de la commune de Tchibanga est annexé à un canton ainsi que dans la province de l’Ogooué-Ivindo qui voit le deuxième arrondissement de la commune de Makokou et le canton Ntang-Louli formés un seul siège.
De même, les sénateurs ont réitéré au ministre Lambert Noël Matha, leur opposition à la réduction de leur nombre de 102 à 52 telle que le prévoit l’ordonnance portant répartition des sièges de sénateurs en République gabonaise. Ils ont condamné l’absence de cette ordonnance sur la table et exigé que l’ordonnance relative à la répartition des sièges de députés et celle se rapportant aux sièges des sénateurs soient examinées simultanément.
« La question que l’on se pose est de savoir pourquoi le dialogue politique a pris des décisions aussi importantes concernant les institutions, qui sont assimilées à des règlements de comptes concernant le Sénat. Nous nous posons également la question de savoir pourquoi le gouvernement entérine des décisions qui témoignent de la violation de la loi, notamment sur le système bicaméral », se sont interrogés les sénateurs face au ministre de l’Intérieur.
Désormais seule chambre parlementaire du pays grâce à une décision controversée de la Cour constitutionnelle dirigée par la belle-mère d’Ali Bongo, le Sénat pourrait donc du fait de son opposition, donner de longues sueurs froides à Ali Bongo et à ses ministres. Tout comme, son refus de voter le texte pourrait à nouveau retarder les élections législatives repoussées depuis près de deux ans dans le pays.
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