Après que le ministre de l’intérieur, Lambert-Noël Matha, se soit « malencontreusement » trompé de date butoir - confondant ainsi le 13 avril au 13 mai 2018 dans une précédente missive - l’opposition gabonaise (41 partis) après avoir tenue une « réunion de concertation » élective, a de nouveau déposer sa liste de représentants pour le Centre gabonais des élections (CGE). Seuls sont restés absents de ce vote effectué sous contrôle d’huissier, les 7 partis de l’opposition modérée dont celui du vice-président, Maganga Moussavou, qui aurait souhaité voir ces partis demander audience à la Vice-Présidence du Gabon.
La perspective de la désignation du président du CGE et de ses représentants devant y siéger, continue d’être un casse-tête pour les « opposants » du dialogue d’Ali Bongo et ceux restés fidèles à Jean Ping. Après avoir déposé une première liste consensuelle le 26 mars de 41 partis de l’opposition, le ministre qui finalement a reçu trois autres listes supplémentaires, les a sommés le 11 avril de convoquer une « réunion de concertation » afin de n’avoir qu’une liste unique.
Une vue de la réunion de l’opposition de vendredi
Sept partis si proches du régime d’Ali Bongo...
Vendredi donc, sous contrôle d’huissier et après avoir invité les 7 autres partis se réclamant de l’opposition à cette « réunion de concertation », les 41 partis de l’opposition ont une nouvelle fois procédé au vote. Sur les 48 partis recensés dans ce bord politique, sept donc ont refusé d’être présents et de prendre part au vote.
Il s’agit des partis et regroupements politiques suivants :
bloc de l’opposition : l’UPNR de Louis Gaston Mayila, de l’ARENA de Joseph Nambo et du parti des sept merveille du Gabon (7MP)
bloc de l’Union du peuple gabonais (UPG) de Mathieu Mboumba Nziengui
bloc de l’opposition « démocratique et républicaine » : Parti social démocrate (PSD) du Vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou, de Démocratie nouvelle (DN) du président du Conseil économique et social Réné Ndemezo’o Obiang et du Parti pour le développement et la solidarité (PDS) de Séraphin Ndaot Rembogo du Conseil national de la démocratie (CND).
Les « dialogueurs » veulent faire leur loi
« Nous nous sommes retrouvés vendredi pour réorganiser le vote des représentants pour la mise en place du CGE. 7 partis étaient absents dont le PSD, DN et le PDS qui ne se sont pas présentés » a confié une source proche des 41 partis constituant ce bloc majoritaire qui voit la présence remarquée de l’ACR, le parti de l’ancien Vice-Premier ministre Bruno Ben Moubamba.
Pour expliquer leur absence, certains partis sont allés jusqu’à évoqué les « hautes fonctions » qu’occupent désormais leurs présidents. « Le président du PSD a brandit son titre de Vice-président de la République en nous demandant d’aller à sa rencontre à la vice-présidence, chose que nous avons refusée vu que c’est lui qui devait venir nous retrouver pour la désignation des représentants de l’Opposition », a poursuivi la source ayant requis l’anonymat.
Un nouveau vote sous contrôle d’huissier
« Nous avons refait le vote en présence d’un huissier de justice. Ce dernier a déposé le procès verbal de la rencontre et des résultats du vote au ministère de l’Intérieur vendredi avant 15 heures. Nous avons usé d’un huissier de justice par respect de la procédure vu que la correspondance envoyée par le ministre de l’Intérieur nous a été remise jeudi par un huissier de justice aussi », a-t-il déclaré.
Devant ce bras de fer, les autorités gabonaises sont bien dans l’embarras : donner raison à l’infime partie de l’opposition constituée essentiellement d’opposants modérés qui collabore déjà avec le régime d’Ali Bongo ou donner raison à la supériorité numérique (41 sur 48) constitué en partie de partis ayant boudé le dialogue politique d’Ali Bongo. Un choix cornélien qui dénotera de l’impartialité sans cesse remise en cause des services du ministère de l’Intérieur.
Rappelons que ces représentants des deux bords politiques sont censés une fois connus du ministère de l’Intérieur, mettre en place la commission ad hoc chargé d’organiser l’élection du président du CGE et le collège de représentants paritaire de cette structure qui aura la lourde mission d’organiser les prochaines législatives.
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