Zacharie Myboto : « Ce 31 août 2016, de dictatorial, le régime d’Ali Bongo est notoirement devenu sanguinaire »
Dans une conférence de presse organisée vendredi à Libreville, Monsieur Zacharie Myboto, Président de l’Union Nationale (UN) a réaffirmé l’engagement de son parti et de ses membres à œuvrer pour l’alternance démocratique au Gabon, en défendant les idéaux de sa mouvance politique autour de la Coalition, dirigée selon lui par le Président élu Jean Ping. Tout en réclamant une rétrospective d’analyse en partant du 03 septembre 2009 jusqu’au 31 août 2016 pour plus de lucidité et de clairvoyance dans le combat de la libération du Gabon. Sous le prisme des idées du parti qu’il dirige depuis 2010, l’opposant gabonais, présenté par ses pairs comme le précieux artisan majeur de la candidature unique à la présidentielle du 27 août 2016 a passé en revue l’actualité nationale et internationale. Le natif de Mounana a martelé : « Ce 31 août 2016, de dictatorial, le régime d’Ali Bongo est notoirement devenu sanguinaire...La vérité, l’éthique et la morale sont les réponses à la crise profonde que traverse notre pays »
Après avoir tenu à observer une minute de silence, en mémoire des compatriotes décédés lors du dramatique accident du 15 septembre dernier près de à Kango, sur la Nationale 1, le Président de l’Union Nationale, Monsieur Zacharie Myboto s’est interrogé en ces termes : « Comment se porte notre pays ? Comment se porte le Gabon ? Comment se portent les Gabonaises et les Gabonais ? Ce questionnement que chacun de nous formule ces derniers temps, l’Union Nationale a souhaité le porter sur la place publique en ce mois de septembre 2017, tant il mérite une réponse au-delà de la conjoncture ».
L’état des lieux de la situation du pays
Parcourons les faits observables, a affirmé le Président de l’Union Nationale (Un),« tant ils indiquent mieux que tout comment se portent les Gabonaises et les Gabonais : Après une année scolaire 2016-2017 qui restera dans les annales comme l’une des plus désastreuses, les familles sont, en ce mois de septembre, incapables de se projeter sur le déroulement de la scolarité de leurs enfants Sous nos yeux, l’école gabonaise se délite chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, plus personne ne peut nier la faillite de notre système éducatif. Les familles ont désormais le choix entre se ruiner en inscrivant leurs enfants dans les établissements privés, sans toujours être assurés de la qualité des enseignements, et demeurer les prisonniers d’un système éducatif décadent, en état de dégradation, aussi bien matériel que pédagogique ».
Selon Monsieur Zacharie Myboto : « Alors que la mise en place d’un régime d’assurance maladie obligatoire devait permettre le financement du développement du secteur santé, et améliorer significativement l’accès de tous les Gabonais aux soins et aux autres services de santé, nous constatons un dévoiement de ce service public. Les soins de santé primaire ne sont plus accessibles aux populations. La CNAMGS a été détournée de son objet pour se muer en instrument de propagande, au détriment des résultats attendus sur la santé des Gabonais ».
Au moment où les pluies vont reprendre, a expliqué le Président de l’Union Nationale, « la question du logement des Gabonais reste entière. L’assainissement de Libreville, afin de protéger les habitations des inondations, n’est toujours pas réalisé et le réseau routier continue de montrer à tous, les limites structurelles de ce pouvoir qui n’est capable de rien. ». S’exprimant sur la situation judiciaire du Gabon, Monsieur Myboto s’est indigné : « On ne compte plus le nombre de compatriotes otages du système répressif et dont le seul crime est d’avoir exprimé leur opinion. Depuis Landry Amiang et Bertrand Zibi, arbitrairement séquestrés depuis plus d’un an, jusqu’à Frédéric Massavala et Pascal Oyougou, les prisons gabonaises ne désemplissent pas de détenus politiques. Mais contrairement à ce que le pouvoir établi espère, cette situation renforce la détermination des Gabonais sur l’impérieuse nécessité de mettre un terme au cauchemar qu’ils subissent ».
Sur la crise économique qui gangrène le pays
Au sujet de la situation économique et financière de notre pays qui a été régulièrement évoquée au cours de ces derniers mois, le Président de l’Union Nationale a indiqué : « qu’il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne constate, désabusé, le creusement de l’endettement de notre pays, le délitement de son tissu économique à travers les licenciements et les fermetures d’entreprises. Les entreprises et les ménages n’investissent plus. La confiance, déterminant principal de la croissance économique qui permet de créer des emplois et d’améliorer la condition matérielle des populations, a disparu ». Avant de marteler l’analyse de son parti en affirmant : « L’avenir paraît tellement incertain aux entreprises qu’elles ne s’engagent plus sur des investissements qui ne seraient rentabilisés qu’à moyen terme. Les ménages sont asphyxiés. Gagnés par la pauvreté, le coût du panier de la ménagère n’est plus à leur portée. On meurt désormais de faim au Gabon ». *
À l’entame de mon propos, a précisé Monsieur Zacharie Myboto « le premier membre de mon questionnement était : Comment se porte notre pays ? Comment nier la faillite de ce régime cinquantenaire que les Gabonais ne supportent plus de subir ? Au-delà de ces constatations factuelles, nous devons, à la vérité, de dire que notre pays va mal, même très mal. Chaque Gabonais, chaque Gabonaise, et même tout observateur extérieur qui se penche sur notre pays a le sentiment que quelque chose de profond le ronge. Nous avons mal à notre pays et cela provoque en chacun de nous, un malaise, un mal-être profond. Ce qui est en cause, c’est l’âme du Gabon ».
Pour le Président de l’Un « Notre pays se meurt, non seulement physiquement, c’est-à-dire dans ses structures et ses infrastructures, mais aussi moralement ; il s’agit là, de nos valeurs et de notre conception du vivre ensemble. En juillet 2009, le Président américain Barack Obama, avait eu cette phrase à la tribune de l’Assemblée nationale ghanéenne : " L’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas." Fin de citation La situation de chaos dans laquelle se trouve notre pays aujourd’hui, n’est que la conséquence de l’illégitimité du pouvoir établi, de son mauvais gouvernement, de sa mauvaise gouvernance ».
Sur la crise post-électorale et les massacres commis par le régime d’Ali Bongo
« Nous devons, a rappelé Monsieur Myboto avec lucidité, remonter au 03 septembre 2009, pour identifier les causes profondes de la crise gabonaise. La crise gabonaise est avant tout, une crise politique. Ce 03 septembre 2009, l’armée a été instrumentalisée par ce pouvoir et a retourné ses armes contre la survenue d’une alternance démocratique. Ce 03 septembre 2009, devant la cité de la démocratie, le pouvoir a instruit l’armée de donner la charge, et a fait proclamer président de la République, Ali Bongo, celui que les Gabonais avaient clairement rejeté dans les urnes. À partir de ce 03 septembre 2009, un pouvoir autoritaire, d’une brutalité jamais observée auparavant, s’est imposé au Gabon et aux Gabonais ».
C’est ainsi a expliqué le Président de l’UN, « que les sept (7) premières années de ce régime se sont caractérisées par une prédation sans précédent des ressources publiques, une violation constante des droits et des libertés, un recul de la démocratie. Oui, nous nous devons, à la vérité, de dire que c’est à partir de ce 03 septembre 2009 que la violence d’État s’est installée au Gabon. Elle ne l’a jamais quitté depuis. Le 31 août 2016, alors que le peuple gabonais qui s’était exprimé massivement quatre (4) jours auparavant dans les urnes, en faveur du Candidat unique de l’opposition, se préparait à célébrer enfin la survenue de l’alternance démocratique qu’incarnait l’élection incontestable de Jean Ping, l’innommable s’est produit une nouvelle fois ».
Le pouvoir, qui avait décidé de renouveler coûte que coûte l’imposture de 2009, y compris au prix du sang des Gabonais, a dénoncé vertement Monsieur Myboto« n’a pas hésité à massacrer de jeunes compatriotes par dizaines et à donner l’assaut au quartier général de Jean Ping. Par delà la retenue qui me caractérise habituellement, je vais me laisser aller à un épanchement. Le devoir de mémoire m’y oblige. Veuillez bien me le permettre. La nuit effroyable du 31 août 2016 ne m’a pas été contée. Je l’ai vécue. En vous en relatant le fragment douloureux qui va suivre, je suis gagné par un accès de frisson ».
S’il se ressent dans le timbre de ma voix, s’est épanché Monsieur Myboto « veuillez bien m’en excuser. Je témoigne donc publiquement, pour la première fois, et en toute responsabilité, de la violence de cette nuit, de sa cruauté, de sa bestialité. Je témoigne aussi des intentions macabres et de la volonté de tuer dont étaient habités les mercenaires qui se sont chargés de cette besogne que nul ne peut nommer. J’ai encore en mémoire, le crépitement des armes de guerres déversant à l’envie, leurs funestes projectiles. J’ai encore en mémoire, le bruit de l’hélicoptère qui surplombait l’immeuble et celui des grenades assourdissantes qu’il larguait. Mais plus que tout, comment oublier les cris de ces jeunes (ils avaient l’âge mes petits-enfants) implorant le pardon de leurs bourreaux, et le silence qui suivait le crépitement des balles. Avec nombre d’autres ».
Chers Compatriotes, a précisé en témoin oculaire des violences et la barbarie commises par le régime d’Ali Bongo lors de la contestation citoyenne « j’aurais pu être des victimes. Jusqu’à ce jour, je me demande toujours si réellement, ce sont des Gabonais qui étaient en train de massacrer d’autres Gabonais et comment cela a-t-il été rendu possible. Oui, jusqu’à ce jour, je continue de m’interroger ; et certainement vous avec moi. Cette nuit du 31 août 2016, le Gabon notre pays a été, avec cette violence inouïe, ôté de son âme. Ce 31 août 2016, de dictatorial, le régime est notoirement devenu sanguinaire. Ce 31 août 2016 a fondamentalement modifié le regard que les Gabonais ont sur eux-mêmes et leur pays. Ce 31 août 2016 a marqué la rupture du pacte social. Il a particulièrement modifié, comme jamais, le regard que le monde porte sur le Gabon ».
Ce qui fonde un pays et fait une République a martelé le Président de l’UN « c’est la capacité de ses institutions et de ses organes à placer l’intérêt général et l’intérêt national au-dessus de tout. Au Gabon, les femmes et les hommes en armes, qui ont la mission de défendre la République, ont été coupés du pays et de son peuple. L’ensemble des institutions, au premier rang desquelles la Cour Constitutionnelle, ont été détournées de cette mission, pour livrer servilement notre pays à une personne et son clan d’affidés ».
Justice internationale au nom du peuple gabonais : la résolution de l’UE
Poursuivant sa déclaration, Monsieur Myboto s’est interrogé : « Comment se porte le Gabon ? C’est la deuxième question que j’ai soulevé. Comment se porte le Gabon ? C’est le deuxième constituant de notre questionnement. Comme nous pouvons le constater, le Gabon se porte très mal. Si mal que la Communauté internationale, à laquelle notre pays a adhéré au moment de son accession à sa souveraineté le 17 août 1960, est comme jamais préoccupée par ce fait, et l’exprime. Ce sont notamment la Cour Pénale Internationale (CPI), le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU et le Parlement européen qui se sont penchés sur la situation calamiteuse dans laquelle croupit notre pays ».
Au niveau du Comité sur les disparitions forcées des Nations Unies, a scandé le Président de l’UN, « les réponses du Gabon sont désormais attendues sur les fosses communes découvertes à Libreville et qui sont en lien avec les violences postélectorales de 2016. Concernant la CPI, il est désormais entendu que malgré les tentatives d’escamoter le travail engagé par cette juridiction internationale, la procédure suivra son cours afin que justice soit rendue ». Au sujet de la résolution de l’Union européenne M. Myboto « s’est félicité que Le 14 de ce mois de septembre à Strasbourg en France, agissant dans le cadre de l’Accord de Cotonou qui lie le Gabon et l’Union européenne d’une part, et à la suite du rapport de la Mission d’Observation des élections qui a été invitée au Gabon par le pouvoir d’autre part, le Parlement européen a voté, à une très large majorité, une deuxième résolution sur le Gabon ».
Dans ce texte, a-t-il apprécié, « les parlementaires des plus anciennes démocraties du monde, décrivent avec gravité, la réalité de la situation de crise dans laquelle se trouve enlisé notre pays, et formulent à l’endroit de toutes les parties, y compris la communauté internationale, un ensemble de demandes et de recommandations. L’idée de lire la page Gabon, avant de la tourner, semble désormais habiter l’ensemble de la communauté internationale. L’Union Nationale se félicite de cette résolution dans laquelle elle se reconnaît globalement. L’Union Nationale adresse par ma voix, ses très sincères remerciements au Parlement européen, et salue la constance de son implication dans cette crise ».
L’Union Nationale, « en première réponse à cette résolution qui la concerne en tant que Parti politique, réaffirme son attachement sans réserve aux principes de la démocratie, de l’État de droit et du respect des droits de l’homme qu’elle a en partage avec l’Union européenne et l’ensemble des démocraties et des démocrates du monde. La résolution du Parlement européen estime, à juste titre, que les profondes divisions sociales et politiques qui règnent actuellement au Gabon exigent une réponse politique claire, afin de préserver la stabilité du pays, d’accroître la confiance des citoyens gabonais et de donner une légitimité réelle aux institutions. Elle demande la mise en place d’une enquête internationale sous l’égide des Nations-Unies, sur les élections et les exactions qui ont été commises. L’Union Nationale reprend solennellement à son compte cette demande du Parlement européen ».
L’Union Nationale « relève que le Parlement européen invite spécifiquement la France à une implication plus marquée dans la crise gabonaise. Placer les intérêts de la France éternelle et du Gabon éternel au-dessus d’intérêts particuliers jamais avoués, parce que peu avouables, a constitué de tous temps le défi que devaient relever les dirigeants français dans leurs relations avec notre pays. L’Union Nationale remercie le Parlement européen pour cette demande résolue qui indique ainsi la voie à un de ses principaux membres ».
Pour Monsieur Zacharie Myboto, « La vérité, l’éthique et la morale sont les réponses à la crise profonde que traverse notre pays. En responsabilité, chaque Gabonaise et chaque Gabonais, quel qu’il soit, et de quelque bord qu’il soit, doit prendre conscience de cette exigence. C’est la vérité qui ouvre la voie à la justice, et c’est la justice, et la justice seule, qui permet le pardon. Nos compatriotes qui savent et mesurent la gravité des crimes dont ils sont les commanditaires, les auteurs ou les complices, se trompent lorsqu’ils pensent pouvoir se soustraire de cette exigence de vérité et de justice. Envisager une loi d’amnistie tout en niant la réalité de ce qui s’est produit au Gabon en août-septembre 2016 et dont ils sont les auteurs, est tout simplement inacceptable et apparaît comme une injure, une provocation ou un défi au peuple Gabonais ».
Sur le combat et les idéaux de l’Union Nationale
S’adressant à ses militantes et militants, le Président a réaffirmé que « L’Union Nationale, notre formation politique, a été créée pour installer la démocratie et l’État de droit au Gabon. Depuis notre création, notre combat a toujours été celui-là. Dans la situation de crise dans laquelle se trouve notre pays, nous devons, plus que jamais, nous affirmer dans cette démarche, aux cotés des autres forces politiques et avec l’aide de la communauté internationale. La gravité de cette situation qui s’impose à nous doit également nous obliger à nous montrer plus exigeants. C’est ce que le peuple gabonais attend de nous ».
Notre action, « tout en affirmant notre identité politique, continue de s’inscrire dans le cadre de la Coalition pour la Nouvelle République, autour du Président élu, Jean Ping. Continuons avec lui, à revendiquer notre victoire pour affirmer notre volonté pour le changement. Notre cause, notre objectif c’est le Gabon et les Gabonais. C’est le sens de la tournée que les membres du Bureau national de notre parti ont débuté depuis le mois de juillet dernier. Nous allons à la rencontre de tous les Gabonais pour parler avec eux du Gabon, de notre pays, de notre vivre ensemble avec les autres compatriotes. Cette tournée se poursuit et je vous invite à continuer à œuvrer pour sa réussite comme vous le faites déjà ».
Enfin, au moment de clore mon propos, a conclu Monsieur Zacharie Myboto « je vous invite, ainsi que l’ensemble de nos compatriotes à la mobilisation et à la vigilance. Ne nous laissons pas distraire par des propositions trompeuses qui ne visent rien d’autres qu’à taire la vérité aux Gabonais et à les détourner de leur détermination à construire un pays à la hauteur de leurs espérances. C’est-à-dire un Gabon pour Tous. Vive la République ! Vive le Gabon ! Je vous remercie ».
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