Vice-présidence ou comment Ali Bongo a violé impunément la Constitution gabonaise depuis 2009
Qu’il serve de vaguemestre politique ou de décoration cosmétique, le poste de Vice-Président est une obligation reconnue par la Constitution gabonaise en ses articles 14a à 14e. Or, depuis son arrivée au pouvoir le 16 octobre 2009 jusqu’à ce lundi 21 août 2017, Ali Bongo a toujours fait fi de cette disposition qui s’impose pourtant à lui depuis 8 ans. Ainsi, devant l’expertise complice de la Cour constitutionnelle, dirigée par sa belle-mère, des députés et sénateurs gabonais, Ali Bongo s’est bel et bien rendu coupable de violation flagrante de la Constitution gabonaise. Un viol impuni qui s’est déroulé en réunion sur l’autel des valeurs de notre chère Constitution meurtrie.
Pris la main dans le sac ! Au Gabon, notre loi fondamentale a été foulée au pied par son garant, celui qui est censé en assurer la protection. C’est le sens à donner au vide institutionnel que constituait la non désignation d’un Vice-président par Ali Bongo ces 8 dernières années. Avec aujourd’hui la nomination de Pierre-Claver Maganga Moussavou, la démonstration de ce viol est tout à fait établie. Une situation qui comme à son habitude, n’a aucunement fait monter sur ses grands chevaux, la Cour constitutionnelle dirigée depuis sa création par Marie-Madeleine Mborantsuo.
Que dit la loi bafouée par Ali Bongo ?
Mais revenons à ce que stipule précisément la Constitution qu’est censée protéger Ali Bongo du fait d’exercer la plus haute fonction du pays : « Le Président de la république est assisté d’un Vice-Président de la République. Le Vice-Président de la République est nommé par le Président de la République qui met fin à ses fonctions, après consultation des Présidents des deux chambres du Parlement. Le Vice-Président de la République est choisi au sein du Parlement ou en dehors de celui-ci » (article 14a).
Ali Bongo jurant pourtant de respecter la Constitution lors de sa prestation de serment
Si l’on s’en tient à cette disposition constitutionnelle, il est clairement stipulé que tout « Président de la République [au Gabon] est assisté d’un Vice-Président de la République ». Ce qui n’a pas été le cas durant le premier mandat d’Ali Bongo encore moins depuis sa seconde prestation de serment en septembre 2016. Ali Bongo a feint d’ignorer cette disposition au su et au vu des institutions de contrôle et de régulation de notre démocratie balbutiante telles que le Cour constitutionnelle, l’Assemblée nationale ou encore le Sénat.
Des institutions "républicaines" complices de viol en réunion
Ces institutions dites "indépendantes" sur le papier, n’ont pas bougé le petit doigt durant 8 ans alors que se jouait là une violation flagrante de la Constitution que tous se réclament de protéger. Même pour mettre fin légalement à ce viol incessant qui aura donc duré 96 mois, Ali Bongo n’a aucunement pris le soin de faire modifier cette disposition ou même la supprimer alors qu’il détenait la majorité suprême dans les deux chambres du Parlement. Ce qui pour le coup lui aurait permit de rester dans la légalité. Une recherche de conformité à la légalité qui ne semble pas être son apanage.
Ainsi, les députés, les sénateurs, les juges constitutionnels en tête desquels sa belle-mère Marie-Madeleine Mborantsuo sont tout aussi coupables passifs de cette violation flagrante de la mère des lois, des Textes "sacrés" qui fondent notre république, ses règles démocratiques ainsi que son fonctionnement. Même si, ce poste prévu par les pères fondateurs est plus cosmétique que toute autre, la loi reste la loi et nul n’est censé la violer ou en faire son interprétation subjective et privée.
Cet état de fait implacable confirme hélas, l’étroitesse de l’indépendance du Sénat et de l’Assemblée nationale et de l’éthique nationale qui animent ces acteurs politiques censés défendre la nation et ses lois. Ceux-ci une fois élus, se mettent aussitôt sans rétroviseur républicain au service d’un homme, le seigneur régent du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1967) à qui rien n’est refusé ou risque de se faire excommunié et de perdre ainsi les rares avantages que confère au Gabon le statut de haut magistrat, de député ou de sénateur d’un régime qui laisse peu de place à l’éthique et l’esprit républicains.
Ce que proposait les citoyens lamda
Lors de la phase citoyenne, les participants au dialogue convoqué par Ali Bongo au lendemain de sa réélection controversée, avaient émis quelques idées pour redorer le blason de cette fonction maltraitée et violée sans répit durant 8 ans. Il s’agissait de donner plus d’épaisseur à ce poste visiblement méprisé par Ali Bongo. Selon le rapport final de la phase citoyenne des Assises d’Angondjé : « les panélistes ont relevé le fait que depuis 2009, le Président de la République n’a pas nommé de Vice-Président. Ces intervenants ont interprété ce fait comme une violation de la Constitution ».
Et de proposer aux hommes politiques soit de « supprimer le poste de Vice-Président de la République » soit de faire modifier l’article 14a afin que « le Président de la République soit désormais élu en même temps que son Vice-Président ». De plus, la phase citoyenne proposait que « ce dernier le remplace automatiquement en cas de vacance de poste » en lieu et place du président du Sénat. Une proposition que n’ont pas souhaité intégrer les politicards véreux de la majorité et de l’opposition réunis autour du Premier ministre et de celui qui deviendra quelques mois plus tard le vice-président du Gabon.
Une classe politique foncièrement attentiste
En effet, le rapport final du Dialogue politique d’Ali Bongo, celui que le gouvernement formé lundi est censé assurer la mise en application, a proposé de simplement raccommoder les conditions d’éviction du Vice-président. Selon le document final de ce dialogue, « Les deux (2) délégations ont, d’accord partie, adopté la modification de l’article 14a de la Constitution en supprimant l’obligation pour le Président de la République de consulter les Présidents des deux (2) chambres du Parlement lorsqu’il est mis fin aux fonctions du Vice-président de la République ».
En clair, Ali Bongo veut donc se simplifier l’éviction de son probable Vice-président sans avoir à s’encombrer de l’avis des deux chambres parlementaires. Ce qui fait que le tristement promu Pierre-Claver Maganga Moussavou, pourra être démis de ses fonctions d’un simple claquement de doigt d’Ali Bongo. Une disposition de sécurité donc pour celui qui règne sur le Gabon depuis 8 ans, après que son père soit lui mort au pouvoir après 42 ans de pouvoir sans discontinuité. Soit 50 ans de règne de la famille Bongo et du système machiavélique PDG sur l’ensemble des autres Gabonais !
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