Mayila propose un agenda de sortie à la crise post-présidentielle au Gabon
Alors que l’on connait depuis la semaine dernière les conclusions du dialogue d’Ali Bongo, Louis-Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR, opposition), qui les a qualifié d’insuffisantes, esquisse à son tour ses propositions de sortie de crise. Autant dire que la crise post-électorale non élaguée par les dialogueurs d’Ali Bongo reste prégnante et plusieurs acteurs comme Louis-Gaston Mayila, évoquent désormais à une médiation onusienne assortie d’une période transitoire pour remettre les institutions sur les rails.
Le dialogue politique d’Ali Bongo n’ayant abordé la crise post-électorale en elle-même, c’est Louis-Gaston Mayila qui s’y ait collé à la faveur d’un point de presse à son cabinet de Libreville. L’avocat qui avait soutenu Jean Ping lors de cette présidentielle, esquisse des propositions pour sortir véritablement de cette crise qui rappelons-le avait conduit des arrestations massives, à l’attaque armée du QG de campagne de Jean Ping et fait plusieurs morts des mains de l’armée gabonaise.
Sur les arrestations et poursuites judiciaires
Pour sortir le Gabon de l’impasse dans laquelle il se trouve, Louis-Gaston Mayila propose un agenda en douze points dont il s’est défendu d’être pas l’auteur. Pour parvenir à un rapide dégel politique, le président de l’UPNR propose de « prescrire l’abandon des poursuites engagées à l’encontre de toutes personnes arrêtées ou détenues, l’amnistie et la réhabilitation des personnes condamnées à l’occasion des événements consécutifs à l’annonce ou résultant de la contestation de l’élection du président de la République, le 27 août 2016 ».
A cette amnistie judiciaire, Mayila y ajoute l’indemnisation des victimes de la répression d’Etat qui a suivi la contestation de la réélection d’Ali Bongo. Il propose donc « d’inscrire au budget de l’Etat un fonds destiné à porter assistance aux familles endeuillées et garantir l’indemnisation des victimes ». Pour ce qui est du devoir de mémoire, il s’est déclaré favorable à la dissolution de la Garde républicaine qui serait sortie de ses missions et aurait endeuillé la Nation.
Sur les auteurs des répressions
« Les donneurs d’ordres dudit corps devront être poursuivis, afin d’apaiser la conscience collective et prévenir tout sentiment de vengeance ou de récidive », estime-t-il. Mieux, il préconise l’ouverture d’une enquête indépendante qui permettra d’identifier le bilan de l’assaut donné contre le QG de Jean Ping et faire le point des opérations menées sur toute l’étendue du territoire.
L’orateur propose aussi que les personnalités investies d’une mission électorales ayant délibérément posés des actes contraires aux obligations de leurs charges et entraîné ou concouru aux troubles doivent être relevées de leurs fonctions respectives, sans préjudice des poursuites qui pourraient être engagées ultérieurement.
Une transition de deux ans
S’agissant du processus électoral, le président de l’UPNR a déclaré qu’il « doit être revu, notamment à partir de la refonte complète du fichier électoral, du redécoupage des circonscriptions électorales, de l’institution du vote à deux tours et la limitation à deux du nombre des mandats présidentiels ».
Quant aux mesures transitoires et dans le souci de garantir la continuité de l’Etat, l’agenda de sortie de crise de Louis-Gaston Mayila suggère « l’ouverture d’une période de transition d’une durée maximale de vingt-quatre mois, ainsi que la mise en place d’une autorité de transition conduite par un président désigné par consensus par les parties prenantes, assistées d’un Premier ministre et d’un gouvernement composé respectivement à raison d’un tiers des personnalités de la majorité, d’un tiers des personnalités de l’opposition et, enfin, d’un tiers des personnalités de la société civile ».
L’autorité de transition procédera à la nomination des personnalités de la société civile et militaires, du président de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale. Le Parlement restera en l’état et sera renouvelé au terme de la période de transition au cours de laquelle, il ne pourra recourir à la motion de censure. Enfin, l’ONU assurera le suivi de l’agenda de sortie de crise pendant toute la période de transition. Sa mission s’achèvera au terme de la mise en place des institutions issues des élections nouvelles, libres et transparentes.
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