Dialogue politique d’Ali Bongo : Bruno Ben Moubamba dénonce la confiscation des barons du système PDG
La crédibilité du dialogue ou du forum politique d’Ali Bongo commence à volet en éclat. Alors que plusieurs responsables de partis politiques gabonais favorables au dialogue politique, se sont retrouvés le jeudi 16 février autour curieusement du Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet à Libreville pour la mise en place du comité ad-hoc, chargé de préparer ledit dialogue, Bruno Ben Moubamba faisant parti des membres a jugé « ridicule » le début des travaux, et se dit « assez stupéfait de la “colonisation” du débat national par les barons du système PDG tapis au cœur du pouvoir et réfugiés dans l’opposition ».
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La crise politique suite à l’élection controversée d’Ali Bongo est loin d’avoir atteint son épilogue. Pour ce dialogue politique du régime qualifié d’illégitime par la résolution du Parlement européen, qui doit se tenir jusqu’au 20 février, ces hommes politiques ayant appartenus à la majorité présidentielle sous l’ère Omar Bongo, acteurs du comité ad-hoc avaient la charge de définir la forme, la durée et le contenu de ce forum politique. Il est conçu selon le palais du Bord de mer pour assainir le climat politique et social dégradé par la réélection controversée d’Ali Bongo. Mais c’est assurément mal partie.
Bruno Ben Moubamba, le truculent président de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR), qui se considère désormais à tort ou à travers comme un nouveau poids politique a dénoncé la composition de ce comité ad-hoc. S’exprimant sur les réseaux sociaux, le vice-Premier ministre en charge de l’Habita et du Logement a jugé « ridicule » le début des travaux, et se dit « assez stupéfait de la “colonisation” du débat national par les barons du système PDG tapis au cœur du pouvoir et réfugiés dans l’opposition ».
L’ancien président déchu de l’UPG, aile légaliste a regretté l’absence d’un renouvellement politique et surtout la mise à l’écart des jeunes dans ce comité. Selon Bruno Ben Moubamba, il y a dans ce comité ad-hoc une forte coloration des caciques et barons du régime Bongo-PDG passés à l’opposition : « Trop de noms et de visages qui rappellent une certaine époque et certaines circonstances. Nous avons le sentiment d’assister pour le moment à un comité central du Parti démocratique gabonais », a décrié la deuxième personnalité du Gouvernement gabonais, en fustigeant l’absence notoire des jeunes et des signes forts « du renouveau de l’élite politique du pays » dans ce comité ad-hoc.
Pour Bruno Ben Moubamba, il n’est pas question d’« assister à une cérémonie de sorcellerie politique » aux allures de « remake des Accords de Paris de 1990 ». « Je ne suis pas satisfait des débuts du dialogue national. Je souhaite voir plus de jeunes du côté de la majorité présidentielle et de “l’opposition’’ » . Ce comité est constitué de 40 membres a à sa tête très curieusement le Premier ministre en lieu et place de Séraphin Ndaot, président du Conseil national de la démocratie (CND). Institution lancée en fanfare par Ali Bongo ayant pour mission régalienne de trouver des solutions politiques de sortie de crise. Seulement deux jours après avoir officialisé la composition du comité ad-hoc pour la mise en place de ce dialogue politique, le discrédit et la crédibilité du bureau directeur sont déjà mis en lumière.
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On pouvait déjà entendre des cris d’orfraies et des voix discordantes de la part du camp de l’opposition gabonaise présidé par Jean Ping qualifiant de sordide et d’imposture ce conclave politique sans sa participation et celle de sa coalition regroupant les cadors de l’opposition gabonaise. L’ancien challenger d’Ali Bongo Ondimba qui réclame toujours sa victoire à l’élection présidentielle du 27 août dernier a qualifié de ’’menus fretins’’ les membres qui étaient jadis à ses côtés ayant répondu favorablement à cette mascarade politique. Visant selon l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine ’’ à légitimer son coup d’état militaro-électoral et d’éviter les sanctions de l’UE.’’ Les membres de la société civile à l’instar de Marc Ona, Georges Mpaga ont également exigé que ce dialogue politique s’organise sous la supervision de l’ONU et de l’UA avec comme préalable l’enquête sur les massacres qui ont suivi la contestation citoyenne à partir du 31 août 2016 et le recomptage des voix.
Rappelons que dans ce comité ad-hoc côté opposition, René Ndemezo’o Obiang, ancien directeur de campagne de Jean Ping et Pierre Claver Manganga, maire de Mouila, candidat malheureux à la présidentielle, habitué aux faibles scores (0,30% à chaque présidentielle), seront les deux vice-présidents choisis. Ce sont donc ces deux personnalités très controversées de l’opposition qui donneront un cachet d’ouverture à l’opposition à ce dialogue politique auquel l’opposition radicale n’a pas souhaitée participer.
La composition de ce comité ad-hoc est structurée comme suit :
Président : M. Emmanuel Issoze Ngondet
Vice-présidents / Majorité : M. Faustin Boukoubi et M. Jean Boniface Asselé
Vice-présidents / Opposition : M. René Ndemezo’o Obiang et M. Pierre Claver Manganga Moussavou
Rapporteur Général : M. Ali Akbar Onanga y’Obegue
Rapporteurs généraux adjoints / Majorité : Mme Léotine Mebale et M. Eric Dodo Bougendza
Rapporteurs généraux adjoints / Opposition : M. Félicien Nzambi et M. Joël Mbiamany Tchoreret
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