Le torchon brûle à nouveau entre le pouvoir gabonais et les autorités françaises après les propos jugés « incendiaires » du Premier ministre français, Manuel Valls, stipulant que le président Ali Bongo n’avait pas été « élu » en 2009. Le Gabon a aussitôt rappelé son ambassadeur en France pour consultation, preuve d’un malaise cuisant.
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Des propos confus...
Lors d’un talk-show diffusé samedi soir et enregistré la veille sur France 2, l’humoriste français Jeremy Ferrari avait vigoureusement interpellé Manuel Valls sur l’opportunisme de la présence du président gabonais Ali Bongo à la marche du 11 janvier 2015 en soutien aux victimes de Charlie hebdo à Paris.
L’échange entre Jeremy Ferrari et Manuel Valls sur le rassemblement du 11 janvier 2015
Ce à quoi, le Premier ministre français a reconnu confus qu’Ali Bongo n’avait pas « été élu... pas comme on l’entend ». Une phrase assassine qui a vite fait d’enflammer les réseaux sociaux toute la journée de dimanche donnant lieu à des moqueries et autres railleries du régime gabonais.
Invité du journal télévisé de 20h de la télévision publique gabonaise, le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet, a marqué sa surprise et son étonnement. « Nous attendons des clarifications sur les propos du Premier ministre français... pour qu’il nous explique le contenu de son propos... pour que nous puissions en être édifié » a-t-il lancé sur le plateau de Gabon Télévision.
Incident diplomatique ?
Le ministre de l’Intérieur a ensuite indiqué que son collègue des Affaires Etrangères avait rappelé dimanche l’ambassadeur du Gabon en France pour consultation. Et pour cause, les conditions de l’élection d’Ali Bongo en août 2009 à la suite du décès de son père, mort au pouvoir, ont toujours attisé les contestations et l’ire de l’opposition. Ces propos sonnent pour le pouvoir gabonais comme un désaveu alors qu’il affûte ses armes en vue de la prochaine présidentielle.
Selon certaines sources, l’ambassadeur du Gabon en France, Germain Ngoyo Moussavou, devrait regagner Libreville d’ici à mardi où il sera reçu en audience par le président Ali Bongo. Une lettre de protestation devrait être remise ensuite aux autorités françaises.
En mars dernier, le Gabon avait déjà rappelé son ambassadeur pour consultation suite à la saisine de la justice française d’un aéronef présidentiel. Ce rappel sonne plus comme une riposte diplomatique en signe de protestation que plutôt une véritable brouille entre les deux Etats liés par des relations souvent qualifiées d’obscures notamment sous les traits de la Françafrique.
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