Gloria Mika : « les Gabonais doivent se ré-approprier leur pays »
L’invité du week-end de la rédaction d’Info241 est ce samedi 1er août Gloria Mika. Ancien mannequin ayant défilé pour les plus grands (Ungaro, Diesel entre autres…) et ancienne égérie de L’Oréal, Gloria Mika aurait pu se lancer, comme de nombreux anciens mannequins et reines de beauté, dans une carrière artistique mais elle préféra l’action politique.
Gloria Mika créa à l’occasion de l’élection présidentielle anticipée de 2009 au Gabon une association chargée de veiller à la transparence du scrutin : les Anges gardiens du Gabon. Elle livre sans détour son opinion sur son engagement dans la société civile et sur la classe politique Gabonaise.
Qu’est ce qui vous a poussé à vous intéresser à la politique ?
Gloria Mika : Je pense que tout dans la vie a une dimension politique.On peut ne pas faire de la politique, mais je pense qu’on doit s’intéresser à la politique parce que c’est ce qui fait de nous des citoyens à part entière et non de simples sujets, je dirai victimes du tristement célèbre « on va encore faire comment ? ». Le défaitisme n’est pas une solution ! Et il faut prendre conscience que tourner le dos et ne pas s’intéresser à ce qui se passe, c’est justement rendre service à des personnes qui ont l’obligation de nous rendre des comptes. Il faut donc à mon sens s’intéresser et suivre de près ce qui se passe pour se faire sa propre appréciation du sérieux ou non de la gestion de l’Etat, des deniers publiques, et de l’Etat de droit. Reconnaître les avancées quand il y en a, mais ne pas manquer de dénoncer haut et fort ce qui est de l’ordre de l’inconcevable. Et tout gabonais devrait pouvoir se sentir libre de le faire.
Nous avons donc tout intérêt au Gabon, avant de nous précipiter vers les prochaines échéances électorales, à nous assurer que les conditions permettant une élection transparente"
Pourquoi avoir choisi la question de la transparence électorale ?
Gloria Mika : La question de la transparence électorale est fondamentale, c’est par la voie des urnes que les peuples ont la capacité de choisir librement leur dirigeant et participer activement à l’orientation de leur pays. Nous avons donc tout intérêt au Gabon, avant de nous précipiter vers les prochaines échéances électorales, à nous assurer que les conditions permettant une élection transparente, libre et crédible soient réunies. C’est un gage de stabilité comme on peut l’observer dans des pays voisins qui ont connu des transitions sans heurts et se disent justement riche de leur démocratie :tel que le Sénégal, le Ghana, ou encore le Nigéria. Et pour arriver à cela il va falloir réviser des points importants de la constitution comme ramener les mandats à 5 ans et les élections à 2 tours afin d’asseoir la légitimité du vainqueur aux yeux de tous et limiter toute forme de contestation et risque d’instabilité.
Quel bilan faites-vous de votre action dans le cadre des Anges gardiens ?
Gloria Mika : Le bilan des anges gardiens est à mes yeux positif et est allé aux delà de mes attentes. C’est la première fois qu’on assistait à une mobilisation active de la société civile et des jeunes autant à l’échelle nationale qu’à l’internationale. L’usage des réseaux sociaux pour la remontée des informations était quelque chose d’innovant pour les Gabonais et je peux dire qu’en 2009 nous étions avant-gardiste en la matière. Par ailleurs la visibilité de l’action des anges gardiens a été telle, qu’elle a dépassé les frontières du Gabon et nous avions été sollicités par d’autres pays amis.
J’aimerai ajouter pour les compatriotes qui m’ont contacté afin de savoir si les AG seront sur le terrain pour 2016, je dirai que nous serons certainement sur le terrain pour les prochaines échéances électorales présidentielles.
La contestation observée au sein même du PDG et les démissions de personnalités imminentes illustre une prise de conscience et une volonté de changement."
Quel est votre regard sur la classe politique ?
Gloria Mika : Les points positifs : le regroupement de partis et de personnalités politiques sous la bannière du Front afin de constituer un bloc solide contre le PDG.
La contestation observée au sein même du PDG et les démissions de personnalités imminentes illustre une prise de conscience et une volonté de changement.
Comme point négatif : une absence encore importante d’une nouvelle classe politique plus jeune.
On vous retrouve aujourd’hui dans une nouvelle organisation REAGIR, pouvez-vous nous en dire plus ?
Gloria Mika : Alors oui, REAGIR signifie : Ré-appropriation du Gabon, son indépendance et sa reconstruction. C’est une organisation de femmes, et d’hommes unis par la ferme volonté́ de participer à la construction d’un Gabon nouveau et qui pensent que les Gabonais doivent se ré-approprier leur pays.
Il s’agit de la ré-appropriation de notre histoire, de notre culture, de notre économie, de notre capacité́ de nous construire ensemble, et nous ré-approprier notre souveraineté́ particulièrement mise à mal depuis Octobre 2009, avec l’accession au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Nous estimons que cette ré-appropriation passe avant tout par la capacité́ réelle et irréversible des gabonais de se choisir leur dirigeant.
REAGIR entend entreprendre un ensemble d’actions en partenariat avec les forces vives de la politique et de la société́ civile gabonaise appelant à un changement véritable.
Ce sera d’ailleurs le fruit de la rencontre que nous organisons aujourd’hui à Paris avec le Président du Front Mr. Moukagni Iwangou et nous invitons les gabonais et amis du Gabon à ne pas manquer ce RDV politique important qui se tiendra à l’hôtel Concorde Montparnasse de 17h à 19h30 (NDLR hier).
Propos recueillis par Jocksy Ondo Louemba
@info241.com