Mauvaise idée

Taxe d’habitation : Quand l’État gabonais veut taxer l’habitat avant de garantir la dignité

Taxe d’habitation : Quand l’État gabonais veut taxer l’habitat avant de garantir la dignité
Taxe d’habitation : Quand l’État gabonais veut taxer l’habitat avant de garantir la dignité © 2025 D.R./Info241

L’annonce ce 4 décembre de la mise en place dès janvier d’une Taxe forfaitaire d’habitation (TFH) au Gabon a du mal à passer dans l’opinion et auprès des contribuables. Elle agace, elle inquiète et, chez beaucoup, elle révolte. Car au-delà des montants dévoilés ce lundi 8 décembre et du circuit de recouvrement via la facture d’électricité de la SEEG, la mesure est perçue comme un geste politique brutal : demander plus à ceux qui ont déjà l’impression de ne rien recevoir.

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Pour une grande partie de l’opinion, parler de taxe d’habitation dans un pays où les services de base restent aléatoires relève d’un grand écart. Eau irrégulière, électricité instable, santé chère, chômage massif : la réalité quotidienne contraste violemment avec l’empressement fiscal. La TFH devient alors moins un impôt qu’un symbole d’un État qui réclame avant de réparer.

Une pression de trop sur les ménages ordinaires

La critique la plus mordante vise le cœur du dispositif : faire payer un foyer pour “habiter”, y compris lorsque cette habitation a été construite sans aide publique, parfois sur fonds propres, parfois dans un environnement sans aménagements dignes de ce nom. Dans cette lecture, la TFH ressemble à une facture morale adressée aux plus modestes : vous survivez, donc vous payez.

Une vue de la grille de taxation prévue pour le Grand Libreville

Le sentiment d’injustice est renforcé par une idée tenace : la rigueur s’abat toujours plus vite sur le citoyen lambda que sur les cercles privilégiés. La colère ne dit pas “nous ne paierons jamais”. Elle dit plutôt : commencez par équilibrer l’effort, par traquer les rentes, par exiger la même discipline des puissants. Sinon, toute nouvelle taxe ressemble à une punition sociale.

Un message direct au sommet de l’État

L’interpellation au président Oligui Nguema et à son gouvernement se durcit : avant de taxer la souffrance, il faudrait investir dans la dignité. Avant d’ajouter une ligne sur la facture d’électricité de dame SEEG, il faudrait que l’électricité soit fiable. Avant d’exiger une contribution sur l’habitat, il faudrait que l’État assume pleinement ses obligations envers ceux qui vivent loin des centres privilégiés.

Derrière ce rejet, une phrase résume l’état d’esprit : le Gabon n’est pas pauvre, mais le Gabonais se dit appauvri. Et pour ses détracteurs, la TFH risque d’illustrer une erreur politique classique : confondre capacité de prélèvement et légitimité de prélèvement. Sans justice sociale visible, la pression fiscale ne devient pas une réforme. Elle devient un bras de fer.

@info241.com
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