Lutte contre le VIH-Sida : le Gabon livre un bilan de près de 29 000 patients sous antirétroviraux
À la veille de la Journée mondiale de lutte contre le Sida célébrée ce 1er décembre, la ministre de la Santé par intérim, Nadine Nathalie Awanang Anato, a dévoilé un tableau préoccupant de la situation du VIH au Gabon. Selon les dernières estimations, près de 29 000 patients suivent actuellement un traitement antirétroviral, un chiffre révélateur de l’ampleur de l’épidémie dans le pays. La ministre a rappelé que, malgré les progrès réalisés, « la menace d’une pandémie plane toujours sur l’humanité, 40 ans après les premiers cas ». Un message fort qui illustre l’urgence d’une mobilisation nationale.
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Des chiffres mondiaux inquiétants
Dans le monde, 36,9 millions de personnes vivent avec le VIH, et 21,7 millions bénéficient d’un traitement antirétroviral. La baisse relative des décès — 630 000 en 2024 — masque une progression continue des nouvelles infections, qui ont atteint 1,3 million l’an dernier. Loin de reculer, la pandémie regagne du terrain, notamment en raison des perturbations liées aux crises économiques mondiales et à la baisse du financement international. Un contexte global qui fragilise davantage les pays à revenu intermédiaire comme le Gabon.
Tableau récapitulatif de la situation du VIH/Sida (Gabon & Monde)
| Indicateurs | Données | Source / Année |
|---|---|---|
| Personnes vivant avec le VIH dans le monde | 36,9 millions | ONU-Sida 2024 |
| Personnes sous traitement antirétroviral dans le monde | 21,7 millions | ONU-Sida 2024 |
| Décès liés au sida dans le monde | 630 000 | ONU-Sida 2024 |
| Objectif mondial de nouvelles infections d’ici 2025 | OMS | |
| Nouvelles infections enregistrées en 2024 | 1,3 million | ONU-Sida 2024 |
| Prévalence VIH au Gabon (15-49 ans) | 2,8 % | ONU-Sida, estimations 2024 |
| Prévalence VIH au Gabon (15-24 ans) | 0,9 % | ONU-Sida 2024 |
| Prévalence VIH filles (15-19 ans) | 4,7 % | EDS 2019-2021 |
| Prévalence VIH garçons (15-19 ans) | 2,3 % | EDS 2019-2021 |
| Prévalence zone rurale | 4 % | EDS 2019-2021 |
| Prévalence zone urbaine | 3,5 % | EDS 2019-2021 |
| Personnes sous traitement au Gabon | 29 000 | Ministère de la Santé, 2025 |
| Financement nécessaire (Fonds mondial) | 10 000 milliards FCFA | Sommet FM 2025 |
| Financement mobilisé | 7 000 milliards FCFA | Sommet FM 2025 |
Au niveau national, la prévalence du VIH demeure élevée parmi les 15-49 ans, avec 2,8 % de personnes infectées selon les estimations de l’ONU-Sida. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, elle atteint 0,9 %, mais les disparités de genre restent prononcées. Les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables, affichant une prévalence de 1,5 %, contre 1,3 % chez les jeunes hommes. Les écarts géographiques persistent également avec une prévalence de 4 % en zone rurale contre 3,5 % en zone urbaine. Cette réalité met en lumière les déterminants sociaux et territoriaux de la maladie.
Jeunes et adolescents : un foyer de vulnérabilité
La ministre a insisté sur la recrudescence des infections parmi les adolescents et jeunes adultes, un phénomène préoccupant. L’absence d’éducation sexuelle structurée, le faible recours au dépistage et les inégalités de genre renforcent cette vulnérabilité. « Ces chiffres nous rappellent que notre système fonctionne, mais qu’il reste fragile », a-t-elle conclu. Elle a précisé que près de 29 000 personnes sont actuellement sous traitement antirétroviral au Gabon. Cependant, l’augmentation des cas chez les jeunes impose un renforcement des politiques ciblées.
L’intégralité de l’allocution de la ministre par intérim
Le constat est sévère : la lutte contre le VIH au Gabon repose largement sur les financements internationaux, aujourd’hui en recul. Au Sommet du Fonds mondial, organisé le 21 novembre à Johannesburg, seulement 7 000 milliards de francs CFA ont été mobilisés sur les 10 000 milliards nécessaires. Cette contraction pourrait entraîner des ruptures d’antirétroviraux, la fermeture de centres de dépistage ou encore l’arrêt de programmes communautaires jugés essentiels. Pour Nadine Nathalie Awanang Anato, « ces perturbations ne sont pas théoriques, elles coûtent des vies ».
Mobilisation du secteur privé et recentrage communautaire
Face au risque de recul, le gouvernement appelle le secteur privé gabonais à s’impliquer davantage dans la prévention, le dépistage et la lutte contre la stigmatisation. Les entreprises sont encouragées à mener des campagnes internes et à investir dans des partenariats de lutte contre la maladie. La ministre a par ailleurs salué le rôle crucial des associations, des travailleurs de proximité et des réseaux communautaires qui, malgré la baisse des financements, continuent de toucher les populations les plus vulnérables. Ces acteurs demeurent des leviers essentiels pour contenir l’épidémie.
La stratégie nationale prévoit désormais un effort accru dans les écoles, collèges et universités. Des campagnes d’éducation sexuelle, d’accès aux préservatifs et de dépistage seront intensifiées. Le ministère souhaite également ramener dans le système de soin les patients perdus de vue grâce à des programmes de suivi mobile, de mentorat et d’accompagnement psychosocial. Ces initiatives visent à réduire la mortalité évitable et à stabiliser les taux de contamination chez les jeunes. Ce recentrage constitue une priorité stratégique dans la riposte gabonaise.
Un 1er décembre placé sous le signe du dépistage
Pour la Journée mondiale de lutte contre le Sida, des opérations massives de dépistage gratuit, anonyme et immédiat seront organisées dans tout le pays. À Libreville, des dispositifs spécifiques sont prévus à l’ancienne Gare routière, au marché du PK8 et au carrefour Delta Postal. En conclusion, la ministre a livré un message d’espoir tout en rappelant la gravité de la situation : « Chaque vie compte. Chaque jeune, chaque femme, chaque personne vivant avec le VIH mérite un avenir où le Sida n’est plus une fatalité ». Une exhortation à la mobilisation générale pour éviter que les efforts accomplis ne soient balayés par la crise financière mondiale.
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