Drogues

Port-Gentil : Un réseau de jeunes trafiquants de “cannabis racine” démantelé par l’Oclad

Port-Gentil : Un réseau de jeunes trafiquants de “cannabis racine” démantelé par l’Oclad
Port-Gentil : Un réseau de jeunes trafiquants de “cannabis racine” démantelé par l’Oclad © 2025 D.R./Info241

Port-Gentil, la capitale économique gabonaise, continue d’être dans le viseur des trafiquants de drogue. Mais cette fois, la vigilance de l’Office central de lutte antidrogue (Oclad) du Gabon a permis de mettre fin aux agissements d’un réseau bien rodé qui alimentait les rues de la cité pétrolière en “cannabis racine”, une drogue de plus en plus prisée par les jeunes.

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 Une patrouille banale

Le week-end dernier, une patrouille de routine de l’Oclad s’est transformée en arrestation spectaculaire dans le quartier Château, l’un des points chauds de Port-Gentil. Vers 20 heures, les agents, en mission pédestre, ont remarqué un jeune homme qui, visiblement nerveux à la vue des uniformes, a tenté une manœuvre aussi maladroite qu’audacieuse : confier discrètement un paquet à un enfant qui passait par là. Intrigués, les policiers ont immédiatement interpellé le jeune homme, identifié plus tard comme Bertrand Bifalé, 21 ans, avant de récupérer le mystérieux objet.

Une vue des produits saisis

À l’intérieur : un carreau de Skunk, une variante puissante du cannabis surnommée localement “cannabis racine” pour ses effets hallucinogènes plus forts. Lors de son audition, Bifalé a fini par craquer, livrant le nom de son contact : Jerry Tristan Ntoutoume, alias “Mocadess”, 23 ans, un petit dealer déjà connu des services de police. Il devait, selon ses dires, acheter la drogue pour 11 000 francs CFA, sur instructions d’un certain Djanéba, toujours recherché.

 Un fil qui mène au “grand sac” de Ntchengué-Badamier

L’enquête a rapidement conduit les hommes de l’Oclad jusqu’à Ntoutoume. Interpellé à son tour, le jeune trafiquant a d’abord nié toute implication. Mais face aux éléments réunis, il a fini par craquer et a mené les enquêteurs jusqu’au domicile de sa grand-mère, au quartier Ntchengué-Badamier. C’est là, sous des effets personnels et des sacs d’affaires, que les agents ont découvert deux palettes et demie de Skunk soigneusement dissimulées. Une cargaison estimée à plus de 240 000 francs CFA, en provenance directe de Libreville, destinée à inonder le marché noir de Port-Gentil.

Selon une source proche du dossier, «  les trafiquants profitent des rotations maritimes entre Libreville et Port-Gentil pour faire passer la drogue dans des cargaisons de produits alimentaires  ». Depuis plusieurs mois, la ville est devenue un point stratégique du trafic de stupéfiants au Gabon. Les forces de sécurité multiplient les coups de filet, mais les réseaux, souvent composés de jeunes désœuvrés, se reconstituent aussi vite qu’ils sont démantelés. Le “cannabis racine”, réputé plus fort que le chanvre classique, circule désormais dans les quartiers populaires de Château, Balise, Grand-Village et Ntchengué.

 L’Oclad renforce sa vigilance

« Ces jeunes sont attirés par l’argent facile. Un carreau de Skunk se revend entre 8 000 et 12 000 francs CFA, c’est tentant pour quelqu’un sans emploi  », explique, sous anonymat, un officier de police rencontré sur place. « Mais derrière eux, il y a des réseaux bien structurés, parfois liés à des trafiquants basés à Libreville ».

Les deux mis en cause, Bertrand Bifalé et Jerry Tristan Ntoutoume alias “Mocadess”, ont été présentés au parquet avant d’être écroués à la maison d’arrêt de Port-Gentil, où ils attendent leur jugement. L’enquête se poursuit pour identifier le fournisseur principal et ses complices. Ce nouveau coup de filet confirme la détermination de l’Oclad à enrayer la prolifération des drogues dans la capitale économique.

 Entre répression et prévention

Les forces de l’ordre promettent de renforcer la surveillance dans les zones sensibles et aux points d’embarquement, notamment le port et les embarcadères. Mais sur le terrain, beaucoup estiment que la lutte contre la drogue ne se gagnera pas uniquement par la répression. « Il faut aussi des campagnes de sensibilisation, de l’emploi et un meilleur encadrement pour ces jeunes livrés à eux-mêmes  », plaide un habitant du quartier Château, Rodrigue Bigoundou.

En attendant, le “cannabis racine” continue de pousser ses racines dans les ruelles de Port-Gentil, au grand désarroi d’une population fatiguée de voir sa jeunesse se brûler les ailes dans les fumées du Skunk.

@info241.com
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