Gabon : Un candidat UDB d’Oligui Nguema dérape en plein meeting et appelle au vote tribal fang

Le 23 septembre, Germain Ebolo, candidat UDB aux législatives, s’est lancé dans un discours en langue fang qui a fait l’effet d’une bombe. Dans une adresse publique, il a explicitement appelé les populations fang à voter pour l’UDB au seul motif que ce parti aurait été créé par un Fang et que son leader, le président Brice Clotaire Oligui Nguema, est lui-même Fang. Une sortie qui va à l’encontre de l’esprit d’unité nationale promu par le chef de l’État lors de l’ouverture de la campagne électorale.

Un discours filmé et massivement relayé

« Celui qui a créé le parti UDB, c’est un Fang, et les autres partis comme le SDG, le RPM, le PDG sont des Bilop. Comme nous sommes dans le canton Ellelem, nous sommes des Fangs. Les Fangs doivent voter automatiquement pour les Fangs parce que ça a été créé par un Fang, Oligui le Président lui-même », a-t-il lancé, dans un propos filmé ce mardi au cours d’une causerie et désormais relayé massivement sur les réseaux sociaux.

La scène qui circule depuis sur la toile

Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un dérapage grave qui illustre les errements et les erreurs de casting du parti présidentiel dans certaines circonscriptions. « Est-ce vraiment le type de député que nous souhaitons avoir à l’Assemblée nationale, alors que nous voulons construire une République fondée sur l’unité nationale et l’inclusivité ? », s’interroge un notable local, choqué par le caractère ouvertement tribal de ce message.

Une contradiction avec l’appel du chef de l’État

Ce dérapage intervient dans un climat déjà tendu, marqué par des accusations de vandalisme et d’intimidation dans certaines localités du pays. Alors que Brice Clotaire Oligui Nguema avait exhorté ses partisans à mener une campagne apaisée, l’attitude de Germain Ebolo tranche avec la ligne officielle et ternit l’image d’un parti censé incarner la rupture avec les pratiques du passé.

L’auteur des propos tribalistes

Pour certains analystes, cette sortie met en lumière le manque de formation politique et d’encadrement idéologique de certains candidats investis à la hâte. L’UDB, qui s’est voulu le vecteur du renouveau, donne ici l’image d’une formation encore vulnérable aux réflexes communautaires et aux discours populistes.

À la veille du scrutin du 27 septembre, cette polémique fragilise le discours présidentiel et pourrait coûter des voix à l’UDB dans une province réputée frondeuse. L’opinion attend désormais de voir si la direction du parti présidentiel assumera ce faux pas ou si elle condamnera officiellement cette dérive tribaliste, afin de prouver que l’unité nationale n’est pas qu’un slogan de campagne.