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Locales et législatives 2025 : La CNR dénonce un « cafouillage électoral » sans précédent au Gabon

Locales et législatives 2025 : La CNR dénonce un « cafouillage électoral » sans précédent au Gabon
Locales et législatives 2025 : La CNR dénonce un « cafouillage électoral » sans précédent au Gabon © 2025 D.R./Info241

La Coalition pour la nouvelle république (CNR) est montée au créneau ce lundi à Libreville face au couacs ayant emmaillé les candidatures aux législatives et locales. Dans une déclaration lue par son président, Vincent Moulengui Boukossou, elle a dénoncé ce qu’elle qualifie de «  pire organisation électorale de l’histoire récente du Gabon ». Pour la coalition, les prochaines législatives et locales prévues les 27 septembre et 11 octobre se déroulent dans un climat marqué par l’improvisation, le favoritisme et les atteintes graves au code électoral.

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La sortie de la CNR se distingue par la gravité de son ton et la précision de ses accusations. Contrairement aux dénonciations habituelles, elle vise directement les plus hautes autorités de l’État. La coalition estime que le gouvernement en place a dévoyé l’esprit républicain et sacrifié la transparence au profit de calculs politiques. Elle appelle les Gabonais à se mobiliser face à une situation qu’elle juge « dangereuse pour la démocratie ».

 Des accusations directes contre la CNOCER

Au centre des critiques, la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER) est accusée de graves dysfonctionnements. La CNR dénonce des retards dans le traitement des dossiers, mais aussi la disparition pure et simple de certaines candidatures. Des personnalités comme Jean-Rémy Yama auraient vu leurs dossiers effacés sans explication. Cette opacité fragilise la crédibilité de tout le processus électoral.

Récapitulatif des griefs de la CNR :

Point contesté Accusations de la CNR Conséquences dénoncées
Retards et disparitions de dossiers Dossiers validés effacés (ex. Jean-Rémy Yama) Découragement des candidats, perte de confiance
Suspension des commissions locales Mise en sommeil illégale après dépôts de candidatures Impossibilité de recours crédibles
Publication partielle des listes locales Seules les têtes de listes publiées Opaqueness, présence de colistiers invalides cachée
Légalisation expresse de l’UDB Agrément en 30 jours au lieu de 2 ans Soupçon de parti artificiel, favoritisme politique
Calendrier électoral précipité Organisation en pleine rentrée scolaire Charge pour les familles, priorité politique douteuse
Gestion parlementaire de la loi de finances Députés sortants débattent sans voter, entrants votent sans débattre Dysfonctionnement institutionnel
Financement suspect des candidatures Montants colossaux (400 millions CFA) sans origine claire Risque de financement occulte
Présence de ministres sous enquête Ministres éclaboussés par la justice et parachutages arbitraires Défiance accrue envers le processus

Pour l’opposition, il s’agit d’un sabotage organisé. La CNOCER, censée garantir l’impartialité et la régularité des scrutins, se transformerait en un instrument au service du pouvoir. Ce constat, selon la CNR, jette un doute irréversible sur les intentions réelles des organisateurs. La coalition estime que « la confiance des électeurs s’effrite chaque jour davantage ».

 Des commissions locales muselées

Autre grief majeur : la suspension des commissions locales dès la clôture des dépôts de candidatures. Selon la CNR, cette manœuvre prive les candidats d’un recours crédible au niveau local. Les électeurs et représentants ne disposent plus d’instances de proximité pour faire valoir leurs droits. Cela représente, selon elle, « une atteinte grave aux fondements démocratiques ».

L’intégralité de leur déclaration

Cette décision est interprétée comme une volonté délibérée d’écarter toute contestation. La coalition souligne que le processus électoral se retrouve ainsi vidé de sa substance. En neutralisant les commissions locales, la CNOCER concentrerait tous les pouvoirs, sans contrôle réel. La CNR y voit « une confiscation pure et simple du droit citoyen ».

 Les listes tronquées aux locales

La coalition s’insurge également contre la publication partielle des listes pour les élections locales. Seules les têtes de listes sont connues, les colistiers demeurant dans l’ombre. Selon la CNR, ce procédé vise à cacher la présence de candidats inéligibles ou politiquement compromis. Il prive les électeurs d’une information complète et transparente.

Ce choix est qualifié de « mascarade électorale » par Vincent Moulengui Boukossou. Pour lui, « l’électorat ne peut exercer un vote éclairé sans connaître l’intégralité des équipes en lice ». La coalition y voit une stratégie visant à maquiller des candidatures fragiles. Elle dénonce un mépris flagrant des électeurs.

 L’ombre suspecte de l’UDB

L’émergence soudaine de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) est jugée suspecte. Ce parti aurait obtenu sa légalisation en moins d’un mois, alors que la procédure prend généralement deux ans. De plus, il aligne des candidats partout sur le territoire malgré son absence d’ancrage local. La CNR soupçonne « un parti fabriqué de toutes pièces » pour peser artificiellement dans le scrutin.

Pour l’opposition, il s’agit d’un cas flagrant de favoritisme. Cette « complaisance évidente » démontre, selon elle, que la CNOCER et le pouvoir ne jouent pas franc-jeu. Le phénomène nourrit un climat de méfiance déjà exacerbé. La CNR appelle à une enquête indépendante sur les conditions d’agrément de ce parti.

 Un calendrier précipité et chaotique

La coalition s’attaque aussi au calendrier électoral, qu’elle juge précipité et artificiel. Organiser des scrutins en pleine rentrée scolaire représenterait « un mépris des familles ». Alors que les parents peinent à boucler les dépenses scolaires, l’État détourne ses ressources vers une opération électorale. La CNR y voit la preuve que les priorités nationales sont bafouées.

Pour Moulengui Boukossou, « l’éducation nationale, pilier de l’avenir du pays, est sacrifiée sur l’autel de la précipitation politique ». L’opposition réclame un report afin de garantir une meilleure organisation. Elle accuse la transition de privilégier la rapidité au détriment de la qualité démocratique.

 Des finances opaques et inquiétantes

Un autre point soulevé concerne les moyens financiers engagés par certains partis. Selon la CNR, les cautions déposées dépassent les 400 millions de francs CFA. Elle s’interroge sur l’origine de ces fonds, particulièrement pour des formations sans ancrage ni ressources visibles. Ces pratiques alimentent la suspicion de financements occultes.

La coalition rappelle que « la transparence commence par soi-même ». Elle estime paradoxal que le pouvoir exige de la rigueur financière tout en fermant les yeux sur ses propres soutiens. Ce flou nourrit la méfiance et affaiblit la crédibilité du processus. La CNR exige un audit complet du financement des candidatures.

 Des ministres fragilisés et parachutages absurdes

La présence de ministres éclaboussés par des affaires judiciaires figure aussi dans les critiques. Pour la CNR, « il est incompréhensible que des personnalités sous enquête soient autorisées à concourir ». De plus, certains candidats ont été parachutés dans des circonscriptions sans aucun lien avec le terrain. Ces pratiques bafouent, selon elle, l’esprit de représentativité.

La coalition parle d’un « chaos organisé » qui décrédibilise l’ensemble du processus. Elle accuse le pouvoir de rejouer, en pire, les travers qu’il prétendait combattre. Ces choix alimentent la colère des populations locales. La CNR prévient que « la stabilité du pays est en jeu » si de telles méthodes persistent.

 Une souveraineté fragilisée

Enfin, la CNR dénonce le recours régulier à des instances étrangères pour résoudre des litiges. Elle cite notamment l’appel au Congo pour certains arbitrages ou à des cabinets camerounais pour la gestion de dossiers stratégiques. Pour elle, cette externalisation traduit « une incapacité à assumer la souveraineté nationale ».

Cette dépendance est jugée humiliante et dangereuse. L’opposition estime qu’elle illustre « l’amateurisme des autorités actuelles ». Le Gabon, selon elle, doit retrouver sa pleine autonomie institutionnelle. Elle appelle l’État à cesser de sous-traiter ses responsabilités fondamentales.

 Un appel au sursaut républicain

Au terme de sa déclaration, la CNR lance un appel solennel aux Gabonais. Elle exhorte le peuple à rester vigilant face à ce qu’elle qualifie de « comédie électorale ». Pour Moulengui Boukossou, « le pays ne peut continuer sur cette pente dangereuse sans compromettre son avenir ». La coalition promet de rester aux côtés des citoyens qui refusent cette mascarade.

L’opposition réclame un sursaut démocratique et républicain. Elle appelle les autorités à revoir le processus de fond en comble. Pour la CNR, « il y va de la survie de la démocratie gabonaise et de la stabilité des institutions ». « Le Gabon mérite mieux », conclut son président.

@info241.com
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