Meurtre aux 54 coups de couteau : La petite amie de la victime et ses complices écopent la perpétuité

Après plus de six années d’attente, la Cour criminelle ordinaire de Libreville a enfin rendu son verdict ce vendredi 15 août. Léona Cyrielle Moussavou Bissielou (25 ans), son frère Etiphen Bissielou alias Zlatan (28 ans) et leur ami Rolly Matoutou (26 ans) ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat barbare d’Antoine Lilian Ndong Allogho, survenu en mars 2019. L’affaire, qui avait secoué l’opinion publique, a été marquée par une extrême violence, une préméditation froide et une émotion nationale durable.

Une violence effroyable
Antoine Lilian Ndong Allogho, fonctionnaire et entrepreneur de 31 ans, partageait depuis deux ans la vie de Léona Cyrielle, alors âgée de 19 ans. Un an avant son meurtre, il avait été victime d’un braquage organisé par sa compagne avec la complicité de ses frères, selon l’accusation. Découvrant cette trahison, Lilian devenait une menace pour Léona Cyrielle, qui aurait alors monté un plan pour l’éliminer.
La victime de son vivant
Le 20 mars 2019, le piège se referme. Léona Cyrielle introduit son frère Etiphen et son ami Rolly dans son domicile. Les assaillants, armés de sept couteaux différents, se dirigent vers la chambre où se trouve Lilian. Celui-ci est attaqué et poignardé à 54 reprises, une scène d’une rare brutalité. Pendant ce temps, Léona reste au salon, attendant la fin du carnage. Selon l’accusation, elle est même allée chercher la fille du défunt, âgée de sept ans, pour lui montrer le corps ensanglanté de son père.
Revirement des 3 accusés
Dès l’ouverture du procès, la stratégie des accusés a été claire : nier ou se défausser. Tous ont rejeté les faits malgré des aveux détaillés consignés lors de l’enquête. Etiphen Bissielou a tenté d’endosser seul la responsabilité, évoquant un cambriolage improvisé et une bagarre fatale. Léona Cyrielle, quant à elle, a accusé les enquêteurs d’avoir falsifié les procès-verbaux, tout en insinuant que la victime menait des activités frauduleuses. Des affirmations jugées cyniques et contradictoires par la présidente de la Cour.
Les 4 personnes initialement arrêtées dans le cadre de cette affaire
L’avocat de la partie civile, Me Nze Béranger, a livré une plaidoirie saisissante. Il a rappelé que la famille de la victime ne réclamait ni haine ni vengeance, mais une justice ferme. Pour illustrer la violence du crime, il a simulé en pleine salle d’audience les 54 coups portés au défunt à l’aide d’une poupée et d’un couteau. « Voilà l’ampleur de l’acharnement », a-t-il martelé, avant de qualifier Léona Cyrielle de « sorcière » pour sa froideur à la barre.
Plaidoiries
Le ministère public a suivi la même ligne, dénonçant un assassinat crapuleux et prémédité. Le procureur a insisté sur la gravité des faits et sur la mauvaise foi persistante des accusés, estimant qu’aucune circonstance atténuante ne pouvait être retenue. Il a requis la réclusion criminelle à perpétuité pour les trois prévenus, conformément aux dispositions de l’article 223 du Code pénal gabonais.
Face à ce réquisitoire implacable, l’avocat de la défense a tenté de plaider la jeunesse des accusés et l’absence de preuves directes à l’audience. « Je ne suis pas là pour défendre un crime, mais trois jeunes vies », a-t-il déclaré, demandant une requalification en homicide involontaire. Il a rappelé qu’en droit pénal, les aveux seuls ne suffisent pas et que la Cour devait juger sur les faits établis à la barre. Mais sa plaidoirie n’a pas convaincu.
Sentence sans appel
Dans leurs dernières paroles, les accusés ont demandé pardon à la famille de la victime et à la Cour. Mais leur repentir tardif n’a pas pesé dans la balance. Après délibération, les jurés ont unanimement retenu la culpabilité des trois prévenus et prononcé la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité.
Ce verdict vient clore une affaire qui aura profondément marqué la société gabonaise. L’assassinat d’Antoine Lilian Ndong Allogho, père de famille et jeune entrepreneur, restera dans les mémoires comme un crime d’une barbarie inédite. Pour la justice, il s’agissait d’envoyer un signal fort : aucune stratégie de diversion, aucune tentative de manipulation, ne peut effacer la vérité d’un meurtre prémédité.
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